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Yazid.








-Bien, j'aimerai tout d'abord commencer par vous saluer et me présenter.

Je balaye la salle du regard avant de continuer.

-Je m'appelle Yazid Ben Houda, j'ai maintenant 21 ans et j'habite Paris. J'aimerai tout d'abord remercier les jurys ici présents et vous, le public.

J'aperçois quelques sourires.

-Si je suis ici c'est pour parler d'un sujet qui me tient énormément à cœur.

Je vois Riyad entrer dans la salle, s'asseoir doucement au dernier rang et poser son bonnet sur ses genoux.

-J'aimerais qu'après mon plaidoyer, vous sortiez avec une nouvelle façon de penser.

Maman sort son téléphone, je sens qu'elle va filmer. Non putain maman.

-Je vais vous parler de la banlieue, la banlieue maintenant dénigrer par l'Etat et la haute bourgeoisie. La banlieue qui berce délinquance et talent.

Riad fronce les sourcils et se mord l'intérieur de la lèvre comme il a l'habitude de faire.

-Lieu où moi même j'ai grandis, la banlieue dans laquelle j'ai du me battre pour arriver là où je suis maintenant. Ce costume n'en ai qu'un déguisement, un jeune homme comme moi à mon âge traîne dehors à voler ou à dealer.

Je sens les regards des jurys sur moi.

-À votre avis c'est la faute de qui ? Des parents qui se lèvent à trois heures du matin, qui partent à l'usine se cassant le dos pour élever leurs enfants ? Des parents qui n'éduquent pas leurs enfants en les laissant traîner dans la rue comme des rats ?

Mon cœur se serre.

-Vous pensez que c'est la faute des enfants qui s'attachent à la rue comme à une vraie sangsue ? Je vais vous dire c'est la faute de qui. C'est la faute de l'Etat, oui leur entière faute.

Je vois certains vieux commencer à parler entre eux en roulant des yeux. Qu'ils aillent s'faire foutre.

-L'Etat discrimine déjà la communauté étrangère, on est qualifiée d'étranger. Pourtant moi même étant de nationalité française on m'a déjà traité d'étrangers, de « bougnoules ». Est-ce que vous trouvez ça normal d'être un citoyen français et se faire insulter d'étranger ?

Quelques têtes font non de la tête.

-Ça ne l'est pas. La faute de l'Etat qui dénigre une population que lui même à faire venir. Je vais prendre l'exemple de mon grand-père, petit maçon d'Algérie que la France a fait venir ici pour reconstruire ce que les Nazis on détruit après la Second guerre. Vivant avec un salaire misérable et qui se tue à l'usine pour faire venir son épouse ? Je vais vous dire moi, dans mon quartier on a posé des murs, on nous a enfermé dans notre propre cité. Comme des rats, comme des vulgaires animaux en cage. Classée comme l'une des plus dangereuses de France, on nous a traité comme des singes enfermés. L'Etat a-t-il penser aux répercussions ? C'est lui qui a poussé la jeunesse a devenir comme elle est aujourd'hui. Ne nous laissant aucune chance de réussir dans cette société raciste et misogyne. Sauf que j'en suis la preuve, on peut réussir en venant d'une cité. Je vais vous dire, la France est raciste, oui raciste. Je vais vous dire moi, il n'y a aucun monde sans violence, aucun monde sans délinquance, aucun monde sans haine.

Mon ton monte.

-Aucun monde, sans cité. Je vais vous dire moi, il n'y a aucune mode si elle ne vient pas de la rue.



















Voici l'histoire de Yazid, un jeune de cité aux idées autres que celle de la banlieue, un jeune rempli d'ambition. 


Vole loin tant que tes ailes ne brûlent Yazid.

Yazid.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant