Sale, dégoûtant, misérable. Encore une nuit comme les autres avec les mêmes insultes pour moi-même tournant dans ma tête. Encore des coups de reins, des grognements, de la sueur et une envie de vomir. Le même plafond blanc et fade sous mes yeux duquel je ne détache pas le regard malgré la force avec laquelle mon corps est malmené et déplacé contre le matelas dur. Je parviens à ne pas en détacher les yeux, à oublier le scène qui se déroule autour de moi, contre moi, imaginant cette peinture blanche salie par le temps se recouvrir de douces couleurs rassurantes, entièrement sorties de mon imagination. Comme toujours la pièce dans laquelle je suis est sale, poussiéreuse et semble prête à s'effondrer sur place, abîmée par le temps. Tout à fait comme moi.
Je sens des mains sales et rappeuses caresser mon torse, remontant vers mon cou avant que l'une d'entre elles ne se referme autour de ma gorge, me faisant ouvrir de grands yeux à la recherche d'air. Plus les coups de reins s'intensifient à m'en faire vomir plus la pression de la main autour de mon cou s'acharne à me faire souffrir, rendant presque flou les grognements incessants de l'homme qui se presse contre mon corps, jurant son plaisir dans mon oreille.
Je me sens fermer les yeux et enrouler mes mains autour des draps attendant que l'homme se termine, broyant encore un petit peu tout ce qui reste de mon âme blessée. J'ai de plus en plus de mal à aspirer l'air, sentant la brûlure indéchiffrable des coups de reins s'amplifier alors qu'enfin je sens le corps de l'homme au dessus de moi trembler dans un soupir de plaisir horripilant.
Le corps lourd et transpirant se laissa tomber sur moi, écrasant ma cage thoracique au moment même où la main fut retirée d'autour de ma gorge, m'obligeant à reprendre encore plus difficilement ma respiration. L'odeur acre du désir et de la transpiration remonta jusqu'à mes narines me faisant échapper de peu à un haut de coeur alors qu'enfin l'homme se retirait, me faisant grimacer à la sensation de brûlure. J'avais mal et était incroyablement fatigué autant physiquement que moralement. Les mains sales s'amusèrent à retracer la trace qui devait sûrement être apparue contre ma gorge alors qu'un rire mauvais et gras résonna dans la pièce.
-On se retrouve mardi, grogna l'homme en glissant sur le côté, laissant reposer son corps gras et dénudé dans les draps sales avant de me chasser d'un mouvement de la main. Allez tires-toi avant que ma femme revienne, je te payerais plus tard, marmonna t-il en me jetant son oreiller au visage dans un geste moue, désormais trop fatigué pour faire quoi que ce soit d'autre, alors que j'essayais vainement de me rhabiller malgré la douleur.
Je ne répondis pas, sachant que je serais payé tôt ou tard et quitta l'endroit, mon jean à moitié enfilé, le reste de mes vêtements dans les bras. Ce quarantenaire était un de mes clients les plus récurrents, il ne voudrait pas me perdre et finirait par payer quand je le menacerait de ne pas revenir, comme à chaque fois. J'ignorais finalement les rires des personnes autour de moi dans la rue alors que je tachais vainement de me rhabiller, mettant ma honte dans un coin de ma tête, bien conscient que je n'avais de toute façon plus aucune dignité à perdre.
Je trainai mon corps lasse jusqu'au coin de la rue, poussant les portes du 17Black dans un souffle, laissant l'air chaud et la musique lourde se répandre autour de moi. Les bruits de verres claquant le bois du bar et les disputes des hommes bourrés près à en arriver aux poings étaient devenus un bruit de fond habituel qui rythmait bon nombre de mes soirées. Les mêmes clients habituels me jetaient des regards lubriques ou des sourires à m'en retourner le coeur alors que déjà, après deux pas dans l'endroit, je sentis une main se presser contre la courbe de mes fesses. C'était devenu une habitude, celle de ne rien dire, de laisser tout le monde se servir de moi. Je ne pouvais rien dire au risque de perdre mon emploie et de toute façon j'avais perdu depuis bien longtemps le droit de contrôler mon corps, j'étais devenu la possession de tout le monde sauf de moi-même en si peu de temps que s'en était risible. Je ne valais plus rien.

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17Black - Larry (Terminé)
أدب الهواةVoici une fiction assez courte à travers laquelle vivent un Louis pas très chanceux dans la vie qui peine pour s'en sortir entre son travail de barman au 17Black et ses clients de la nuit comme seul moyen de revenu; et un Harry Styles, riche et énig...