17Black - Larry (Terminé)

Chapitre 13:

Une nouvelle journée venait de débuter. Toute aussi insipide et neutre que les autres alors que même mon thé infusé aux agrumes ne semblait pas avoir de goût. Tout était si terne et fade depuis trois jours, mes émotions en suspend, mon esprit refusant de penser à quoi que ce soit, comme un automatisme. Je vivais chaque instant de ma vie sans y penser, presque incapable de réfléchir à quoi que ce soit, un simple brouillard dans ma tête. Et ce fut dans ce même état que je laissais mon corps se diriger jusqu'aux porte-manteau, drapant mes épaules de l'un de ceux qui y étaient entreposés, sans chercher à comprendre s'il s'agissait du mien ou d'un de ceux de Niall, m'engouffrant dehors sans même avoir prit la peine de ranger ma tasse de thé désormais vide.

-Lou attends, intervient une voix derrière moi, celle inquiète de mon colocataire comme depuis des jours. Et mon câlin du matin, réclama t-il, une moue qui se voulait rassurante sur les traits.

Et un fin sourire s'écarta sur ses traits en me voyant revenir sur mes pas. Il écarta ses bras calmement, attrapant mon corps presque sans vie entre ses mains et me pressant contre lui.

-Ça va aller mon grand, tout va s'arranger, marmonna t-il dans mon cou en me serrant plus fort encore et glissant sa main de haut en bas sur mon corps. Souris un peu, tu me fais peur, ria t-il dans un rire bien qu'il était sincère, essayant de camoufler ses inquiétudes par l'humour.

-Tu ne me cri plus dessus? Répondis-je joueur.

-Non, si t'es trop con pour ne pas aller voir Harry après ce qu'il t'as écrit c'est plus mon problème.

-Oh et pourquoi cela? Ça avait pourtant l'air de bien te concerner ces derniers jours vu tous les sermons que tu m'as servir sur un plateau.

-Parce que, souria t-il énigmatique, faisant rater un battement à mon cœur.

-Non, non non non Niall qu'est ce que t'as fait encore?

-Rien que tu me reprocheras, je te l'assure, il n'y a pas de quoi t'inquiéter. Maintenant files avant d'être en retard, et penses à tonton Niall quand tu passeras devant la boulangerie en rentrant, un petit pain au chocolat pour le goûter ne serait pas de refus.

-On verra si t'y as le droit quand j'aurais compris ce que tu as fait, marmonnais-je méchamment en redescendant d'un pas décidé les escaliers de l'immeuble.

Et j'entendis vaguement un faible «c'est ce qu'on verra » lorsque j'atterrissais de le hall de l'immeuble, ouvrant la grande porte en verre pour me faire envelopper par l'air frais extérieur. Et, resserrant mon manteau autour de moi, je dévalais la grande rue glissante de verglas, mes fins mocassins de cuir acheté par Harry tapotant contre le sol au rythme de mes pas saccadés. La faible pente qui me conduisait vers le bas de la rue accélérait ma démarche, la démantibulant presque alors que je peinais à garder le rythme lent que je m'étais imposé jusque là. Je ne jetais pas un seul regard aux longs bâtiments près de moi, aux chats du quartier qui venaient comme chaque jour se frotter à mes jambes et filait sans émotion aucune jusqu'à la petite librairie de Léana qui se dessinait déjà en bas de la rue. Ses murs d'un vert bouteille tranchant avec le reste des bâtiments me réchauffaient un peu le cœur, sachant que j'allais me rendre dans un de ses endroits qui me faisaient toujours me sentir en sécurité alors que je jetais un regard mauvais aux plantes déposées sur chaque rebord de fenêtres qui commençaient doucement à faner, il faudrait que je pense à m'occuper de ça rapidement.

Et, dans un petit souffle qui fit s'envoler un nuage de fumé autour de moi, je pénétrais dans la bibliothèque en sentant mon nez sûrement rougir par le froid me picoter au changement de température. J'allais directement commencer à relever les mains vers les pans de mon manteau pour le faire rouler le long de mes épaules et m'emparer de la petite veste à l'effigie de la libraire lorsque mon regard se posa sur un pétale de rose bêtement posé au sol. Je le fixai un instant, le regard planté dans le sol en laissant retomber mes mains alors que j'en distinguais déjà plusieurs autres autour, un véritable petit chemin fait de pétales rose qui disparaissaient derrière l'une des étagères de livres. Et ce fut cette découverte qui me fit réaliser l'ambiance étrange qui baignait dans l'endroit, il n'y avait aucun bruit malgré l'heure légèrement tardive dû au fait que Niall l'avait encore mit en retard ce matin pour son câlin obligatoire. Normalement, Léana et son compagnon Marc aurait déjà dû être présent? Comme chaque matin, adossés au bureau de l'entrée, une tasse de café dans chacune de leurs mains et partageant un petit sac de confiseries dont ils me forçaient parfois à profiter à mon tour. Aujourd'hui il n'y avait personne, les rideaux n'avaient pas tous été tirés ne laissant qu'une faible lumière rose orangée du lever de soleil se peindre sur les murs et reflétant sur les pétales autour de moi. À tous les coups, je venais de gâcher le moment qui devait sûrement être le plus romantique de la vie de ma patronne alors que Marc avait du prendre un temps fou à tout mettre en place. L'espace d'un instant, j'hésitais presque à me faire tout petit pour faire demi tour et repartir comme si je n'avais rien vu, mais un certain éclair de lucidité m'affirmait que ça ne pouvait pas être ça. Je débarquais tous les matins à la même heure, c'était une d'information que Léana et Marc connaissaient parfaitement. Si je n'avais pas dû débarquer et gâcher un grand moment romantique j'aurais sûrement été prévenu à l'avance, je n'aurais pas été là ce matin. Alors, les sourcils froncés et les gestes hésitants je m'avança timidement dans l'allée, suivant les petits pétales rouges sous mes pieds, évitant soigneusement de marcher dessus, une moue concentrée sur les traits et le regard vissé au sol. Je me retrouvais à slalomer bêtement entre les allées, le cœur battant plus fort à chaque fois que j'avançais et qu'un espoir ridicule se créait en moi. Non, ça ne pouvait pas être ça. Je ne devais pas espérer, j'en ressortirais deux fois plus malheureux et brisé. Ce n'était pas Harry.