Amelise s’occupe comme elle peut en lisant un livre tout en surveillant, par reflexe, le four et les casseroles connectées qui cuisent des plats destinés au jour suivant.
Un robot mineur s’active à faire briller la vaisselle sale et la range avec précision dans les placards.
Quand son livre fut fini, elle lève le nez et demande à haute voix :
- Em, quelle heure il est ?
- Il est deux heures du matin, Amelise.
Oveya n’est toujours pas rentré, ça n’est pas dans ses habitudes. Même s’il sait qu’un soir sa femme va se coucher tôt et ne remarquera rien, il n’en n’a jamais profité. Il n’aime pas rester trop longtemps loin de son âme sœur, qu’importe qu’on puisse se contacter par appel hologramme. Ça ne satisfait jamais le vide de l’absence.
- N’êtes-vous pas fatiguée, Amelise ? Voulez-vous que je lance un son relaxant pour vous aider à dormir ?
- Non Em, je veux savoir où est mon mari !
- Je lance un appel hologramme ?
- Oui, appelle.
- Bien, communication en cours…
Le corps d’Oveya se projette instantanément devant elle mais ne bouge pas encore : c’est l’image d’accueil. Les bips sonores se succèdent sans réponse.
- Je suis désolée mais la communication a échoué. Oveya n’est pas joignable.
- Localise-le, s’il te plait.
- Bien, localisation en cours…
Les lumières diminuent et les murs sont envahis par la carte de la ville. Un grand cercle de chargement tourne au milieu de la pièce.
- Accès interdit.
À ces mots, Amelise fronce les sourcils d’incompréhension.
- Comment ça, accès interdit ?
- Je n’ai pas accès aux coordonnées de position d’Oveya. Cela peut signifier que le lieu protège les informations de ses visiteurs.
- Quel genre d’endroit fait ça ?
- Les centres administratifs, les bureaux politiques, certaines start-ups aussi. Ou cela peut être un bug passager, Oveya peut s’être déconnecté volontairement.
- Pourquoi ferait-il ça ? Demanda-t-elle en se levant précipitamment de son fauteuil et interagissant avec les cartes aux murs.
- Je ne sais pas, Amelise. Vous devriez aller dormir.
Elle met son manteau.
- Quelle est la dernière position connue ?
- Recherche historique de location en cours…
Un cercle rouge indique un bar qu’Amelise connait bien.
- Em, ferme les portes derrière moi et préviens-moi si Arana se réveille.
- Bien, Amelise.
La rue est fraiche, il n’y a personne d’autre autour d’elle. Aucun bruit, mis à part celui des trottoirs électriques. Ce n’est pas beaucoup plus peuplé en journée. Les gens ont arrêté de sortir. Il n’y en a que pour les bars, les boites de nuit, les quelques restaurants old-school ou les techniciens en électronique/ robotique. La rue, c’est pour les gens perchés, bizarres, ou tout simplement saouls.Si vous cherchez la population, elle est chez elle, tranquillement assise sur son canapé, elle joue aux jeux vidéo, elle travaille sur son ordinateur, elle attend que sa commande de sushi arrive par colis télécommandé. À la limite, il reste des vieilles voitures à conducteur automatique que les vieux prennent encore, trop effrayés par les téléportateurs.
Amelise a vu la ville se transformer petit à petit. Pendant qu’elle a pris des rides, des bâtiments, tellement hauts et larges qu’on a du mal à distinguer les toits, se sont construits tout proche d’elle.
Des gens de partout dans le monde se sont installés pour profiter de la météo toujours clémente grâce à la science, des multiples possibilités d’hébergement, de la politique sécurisante et omniprésente. Qu’elle est belle la ville, avec ses fleurs odorantes disposées tout le long par dégradé de couleur, des décors pastel de bon gout ornent les murs et portes.
Comme elle se rappelle du panneau publicitaire du carrefour -- lequel met en avant la nouvelle mise à jour d’Em, qui permet de générer un hologramme amical intelligent pour nuire au sentiment de solitude -- elle tourne et aperçoit sa destination. Le bar très moderne est réparti sur quatre étages :• Au premier, on vous accueille, vérifie votre identité et vos paramètres de santé pour vous attribuer un quota de point autorisés (pour consommer de l’alcool et des stupéfiants, ou plutôt des « euphorisants »)
• Au deuxième et troisième étage, de longs bancs sont installés de chaque côté de la pièce pour s’y assoir et des tonneaux sont maintenus au plafond en attendant que quelqu’un ne commande leurs contenus. Au milieu, un grand espace est dédié à la danse, aux jeux de réalité augmentée.
• Au dernier étage, on vous demande de laisser tout appareil électronique à l’extérieur et un brouilleur de puce empêche toute intervention d’Em. Là-haut, beaucoup emprunte un casque d’immersion pour vivre une expérience extra-conjugale virtuelle de plus réaliste. Certains font des paris, des jeux d’argents… Comme on dit, ce qui se passe au quatrième, reste au quatrième.
C’est précisément à cet endroit qu’Amelise démarre son investigation. Des yeux, elle cherche, elle fouille. Elle demande aux passants, aux IA, mais personne ne comprend ce que cette drôle de vieille femme ne leur veut. La boisson est bien plus sympathique que les bonnes femmes ! Si au moins elle était sexy, on ne dit pas…
Les moins coléreux ne répondent pas, tout simplement. Alors elle décide de continuer à marcher dans la rue, à la recherche d’une piste, d’une idée illuminée. Mais rien.
Elle ralentit devant le poste de police d’où de drôles de drones à caméra partent. L’un d’eux s’approche, la scanne et bip. C’est un contrôle d’identité, pense-t-elle. Tout à coup, tous les engins font demi-tour en produisant un horrible son d’alarme et se mettent à l’encercler. Amelise tente de discuter avec eux, mais ceux-ci lui ordonnent de les suivre calmement au poste. Elle n’arrive pas à entendre son IA Em parmi toute cette agitation. En conséquence, elle suit le cortège bruyant et entre dans la structure du bâtiment.***
La trame de mon histoire étant sur la fin, je peux à présent m'autoriser à vous partager celle-ci au fur et à mesure de mes corrections. Je vous embarque donc dans une aventure de minimum 8 chapitres (à voir la suite des événements...) chacun divisé en 3 parties. J'essaierai de corriger et de publier deux parties par semaine.
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Dystopia
Science Fiction" Pour que la paix règne, que rien ne vienne entraver l'équilibre parfait qu'ils ont créé, ils sont prêts à tout. " Certains malades sont transférés pour ne pas risquer une contamination et, bizarrement, personne n'entend plus jamais parler d'eux...