☆Partie 2

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Tous les signaux se désactivent, les petites bêtes volantes se dispersent petit à petit. Seul deux restent de chaque côté de la vieille.

Un policier, qui avait largement dépasser l’âge réglementaire de vie et qui devait avoir eu le droit à une dérogation exceptionnelle, la rejoint à pas de géant, accompagné de son robot-secrétaire.
Malgré son âge avancé -- à en juger par sa longue barbe poivre et sel, les rides de son front et la courbure exagérée de son dos – il dégage un charisme imposant et une autorité indiscutable.

  - Amelise, je détecte une anomalie.

  - Pas maintenant Em. Qu’est-ce qu’il se passe Monsieur ?

  - Veuillez me suivre madame, vous êtes en état de quarantaine.

Elle penche la tête, déboussolée et se remet à marcher jusqu’à une salle coupée en deux par un miroir, son mari de l’autre côté. Ils se précipitent pour se coller à la vitre. Amelise lui demande des explications.

  - Ce n’est pas la peine de lui parler, il ne peut pas vous entendre. Asseyez-vous Madame.

Elle obéit et attend que le policier lui explique les raisons de sa venue ici.

  - Vos dernières analyses médicales sont arrivées aujourd’hui. Il y a un problème dans les résultats. Surement une erreur, il y en a eu beaucoup récemment avec le nouveau logiciel de traitement des dossiers. Mais dans le doute, nous devons vous garder en sécurité.

Une façon de dire qu’on la garde enfermée pour la sécurité des autres…

On lui donne quelque bride d’éclaircissement sur le déroulé du processus, puis le policier tire du mur un lit incrusté et l’invite à se reposer. Une machine de transport lui apporte un lit parapluie avec la petite Arana somnolente dedans.

« Dans la mesure où le résident est considéré comme dangereux, en danger, ou fait l’objet d’une enquête judiciaire ou médicale, les services de l’ordre peuvent avoir droit de perquisition des lieux privés ainsi que de leur contenu. » - Article 245 du décret 2855-870
En d’autres termes : la police peut débarquer dans votre appartement quand ça lui chante. C’est la loi !

Deux cents années en arrière, les postes de police et les centres hospitaliers ont commencé à entretenir des liens étroits, si bien qu’un jour, personne n’a plus sus où il fallait aller quand on avait mal aux dents.
En règle générale, quand on se sent mal, le lieu adapté est l’hôpital. Mais si vous avez une maladie catégorisée Y, c’est-à-dire contagieuse ou à risque d’être génétiquement transmissible, c’est au centre de police qu’on vous emmènera.

On ne rigole pas avec la génétique ici. Tout est contrôlé pour que la sécurité de l’évolution positive de l’espèce humaine soit totale. Le but des politiciens est d’améliorer notre race en faisant disparaitre les « tares », les maladies, défauts physiques, caractères trop imprévisibles…

Il a été simple de modifier les bases de données du logiciel Cupidon, chargé de trouver les âmes sœurs et de les unir pour la vie.
Si vous êtes légèrement trop petit, votre deuxième moitié ne peut qu’être grande. Si vous avez la peau claire, votre partenaire à la peau bronzé, vous avez un caractère timide, il est bavard… Bref votre exact opposé pour engendrer une progéniture parfaitement équilibrée. Tout ça c’est facile à mettre en place, par contre pour ce qui est des maladies génétiques, ça s’avère plus dur à contenir.

  - Em, montre-moi des images de la cité Y.

  - Je suis désolée Amelise, je n’ai aucune photo prise depuis la cité Y, mais je peux vous montrer un zoom depuis les remparts.

Un rayon sort de la puce implantée dans son poignet et lui montre un tas d’immeuble pixelisé au loin.

  - Quelles informations tu as sur ce lieu ?

  - La cité Y a été mise en place il y a cent quatre-vingt ans pour accueillir les personnes souffrantes de maladies catégorisées Y. Elle comprend des salles de loisir, des centres hospitaliers plus performants, des logements sécurisés et des salles de restauration spécialisé. Tout est mis en œuvre pour que les patients se sentent bien accompagnés et soient soulagés de leurs douleurs.

Elle récite mot pour mot la publicité de prévention qui passe en boucle sur internet.

  - Est-ce que c’est ici qu’on va atterrir ?

  - Je ne sais pas Amelise.

  - Je me posais la question à moi-même Em.

  - Je détecte dans votre voix un mal être, qu’est-ce qu’il se passe ?

  - Il se passe que j’ai peur et que je n’ai pas la moindre idée du pourquoi, mon mari et moi sommes ici…

  - Vous êtes en état de quarantaine.

  - Merci, ça j’avais compris ! Mais pourquoi ?

  - Votre prise de sang à montrer un taux trop élevé d’inflammation.

  - Et pourquoi mon mari est là ?

  - Je n’ai pas l’accès à ma mémoire sur le dossier d’Oveya quand je vous parle. Mais je peux supposer qu’il est ici parce qu’il a toujours été en contact avec vous et qu’il peut être contaminé.

La vieille en eut marre des réponses que lui donne cet idiot de robot. Il ne répond qu’aux questions qui l’arrange. Et encore ! Il ne dit rien de clarifiant.

  - Voulez-vous que je vous mette un son relaxant pour vous aider à dormir ?

  - Crotte Em ! Mets-moi ce son, et tais-toi maintenant !

Aucune voix ne répondit poliment, Em a bien compris l’ordre intimé par son interlocutrice. Elle lance tout de même une musique classique mélangé à des bruits de forêt et de ruisseau. Un des sons relaxants préféré d’Amelise et de sa petite fille.

***

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