(G-Dragon) Laisse moi t'aider

Chapitre 5

CHANNEL

A peine sortie de l'hôpital je fonce dans ma voiture avant de démarrer à toute vitesse. Le café où je travaille n'est pas très loin d'ici heureusement pour moi. Je ne réalise pas encore que je viens de rencontrer la personne que j'admire le plus au monde, après Maxine évidemment. Ça semble si irréel... J'espère que tout se passera bien sans moi. Sans perdre une minute de plus je me gare et sors de la voiture.

Mon boss m'attend derrière le comptoir du bar. Il a l'air plutôt serein pour quelqu'un qui avait absolument besoin d'aide. A y regarder de plus près, il n'y a pas tant de clients que ça... Bien sûr il y en a quelques uns qui sirotent un café ou une grenadine en terrasse, tandis que d'autres préfèrent le calme de l'intérieur, mais... Il n'y a pas foule.

D'un air exaspéré je m'avance vers lui. Il me fixe. Il fait toujours ça. Toujours aussi déstabilisant. Cet homme a beau être vraiment attirant physiquement, la lueur malsaine qui brille dans ses yeux m'a toujours alerté. Un genre de signal qui crie « danger ! » dans ma tête. D'un signe de tête il me fait comprendre que la discussion qui va suivre aura lieu dans la cuisine, en privé donc.

-Pourquoi vous m'avez appeler ? Je lui demande sans le laisser parler. Il semblerait que tout se passe bien.
-Ouais ça va, on a moins de clients depuis que je t'ai appelé.

Bizarrement je doute de la véracité de ses propos. S'il y avait eu tant de monde que ça il y a 10 minutes, les places en terrace seraient toutes prises et l'intérieur du café serait rempli... C'est rare que les gens qui viennent ici boire un verre partent dans la minute où ils l'ont fini. Je lâche un soupire.

-Donc vous m'avez fait venir pour rien... Je peux repartir du coup ? Ma soeur m'attend à l'hôpital.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et me tourne vers la sortie, quand sa main attrape mon poignet pour me stopper.

-Attends ! Me lance t-il

D'un coup sec je le fait lâcher mon bras. Je ne supporte pas ça.

-Quoi ? Qu'est-ce que vous voulez au juste Florian ?

Il parait surpris, voire presque déçu que je lui parle sur ce ton. Il cherche ses mots, ouvrant et fermant sa bouche plusieurs fois.

-Oublie... Finit-il par dire. C'est pas le bon moment, ta soeur t'attend et elle a besoin de toi...
-Ecoutez, je sais pas ce que vous attendez de moi, mais si vous continuer à m'appeler comme ça sans raison, je finirai par démissionner ! J'ai pas le temps de jouer, moi. Au revoir.

Sans me retourner, je sors des cuisines et retourne presque en courant à ma voiture. Mon coeur bat à la chamade, qu'est-ce que je viens de faire... Même si je viens de menacer mon patron de démissionner, je sais parfaitement au fond de moi que je ne pourrais jamais. Et qu'est-ce que je ferais si maintenant il veut me virer ? Bien qu'en France les assurances maladie et la sécurité sociale existent, il y a toujours des frais qui ne sont pas couverts...

Les idées noires se bousculent dans ma tête, tandis que je roule vers l'hôpital bien au dessus des limitations de vitesse autorisées. Enfin arrivée, je me rue dans les couloirs, suis toute la procédure pour voir ma soeur et entre enfin dans la chambre de Max, essoufflée.

Mes yeux se posent alors sur la personne assise à côté d'elle, la personne que j'admire depuis tant d'année... Il est là. Nos regards se croisent. Je ne le lache pas des yeux. Il me sourit. Même si il porte le masque obligatoire je le sais : ses yeux se sont plissés. A nouveau j'essaie de formuler mes phrases dans ma tête.

-Bonjour monsieur Kwon, je suis Channel, la grande sœur de Maxine.
-Enchanté, commence t-il avec un petit rire, vous parlez bien coréen, et votre soeur parfaitement l'anglais ! Moi qui avait peur de ne pas pouvoir communiquer, on dirait que je le problème est réglé !

Je ris doucement. Ma mère était professeur d'anglais et ne m'a parlé seulement avec cette langue quand j'étais enfant. Avec Max j'alterne mais les dessins animés qu'elle regarde sont uniquement en anglais. Elle parle donc, comme moi, couramment la langue.

Je lui explique tout cela et prends place à leurs côtés sur le lit. Rapidement sa visite se transforme en concert privé, bien qu'un peu gêné je crois, il chante quelques unes de ses chansons solo ou de groupe devant nous. Je crois bien que jamais je n'ai vu les yeux de Maxine briller avec tant d'éclat. Mélanie prends des dizaines de photos qu'elle m'envoie sans plus attendre. Et après 2 bonnes heures à rire, chanter et danser avec son idole, ma soeur finit par s'endormir, épuisée.

L'excitation retombe. Mon moral aussi. Alors voilà, c'est fini. Deux longs mois d'attente pour une toute petite après midi. Toute petite mais inoubliable cependant. Max a réalisé son rêve. Et à en croire les médecins, dans quelques semaines, je serai la seule à pouvoir m'en souvenir...

Nous sortons alors de l'hôpital, mais mes pas ne sont que mécaniques. C'est le début de la fin. Cette fois je serai totalement seule : plus personne avec qui passer les journées et plus personne avec qui partager des souvenirs. Plus aucune raison d'aller travailler. Plus la moindre envie de continuer d'avancer. Seule, ça ne servira à rien.