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J'embrasse le front de ma petite sœur et sors de sa chambre pour aller chercher quelque chose à grignoter. Une infirmière prend l'ascenseur avec moi. Elle me sourit tandis que je dois me faire violence pour ne pas pleurer. Les portes s'ouvrent et je pars en quête d'une quelconque pâtisserie. Mon choix se porte sur un petit moelleux au chocolat et un cookie au caramel. Je remonte rapidement au troisième étage de ce fichu hôpital. Quand j'apparais en face de Maxine, gâteaux à la main, un grand sourire se forme sur son visage.
- Tu veux lequel Max ? Cookie ou moelleux ?
Elle réfléchit un moment avant de me montrer du bout de son doigt le gâteau au chocolat. Sans attendre je lui donne et elle en prend une grande bouchée. Je saisis mon téléphone et la prends en photo, elle est si mignonne, n'importe qui fonderait devant elle. Je plonge alors mes yeux dans les siens, nous avons les mêmes : de grands yeux verts comme papa avec de longs cils comme maman. Mon cœur se serre à cette pensée.
Ma mère est décédée en donnant naissance à son second enfant. C'est une chose qui ne s'explique pas et qui arrive une fois sur des millions. Elle avait 43 ans, sa grossesse était un accident mais mes parents avaient décidé de garder cet enfant. Moi, je venais tout juste d'être majeure. Pendant 18 ans de ma vie j'avais été fille unique et du jour au lendemain on m'avait annoncé que j'allais avoir un frère ou une sœur, quel choc !
Je me souviens toujours de ma mère, la veille de son accouchement. Elle était rayonnante malgré ses contractions. Avec mon père, ils sont partis le soir en me disant « à demain avec ta future petite sœur ». Sauf que le lendemain, en allant à la maternité, mon père m'annonça la triste nouvelle dont il ne s'est jamais remis. Il entra en dépression et ne cessait de boire. Je m'occupais donc seule de ma sœur, Maxine. Seulement un an après sa naissance, papa s'en alla rejoindre ma mère suite à un accident de voiture dû à une soirée alcoolisée.
J'avais tout perdu. En 1 an, la vie m'avait pris ma mère et mon père, ma famille. J'en ai tellement voulu à Maxine. Elle était, pour moi, la responsable de la mort de nos parents. Et puis les mois ont passés, et plutôt que de me laisser mourir à mon tour j'ai décidé de me battre : J'ai réussi à avoir la garde de ma sœur qu'on voulait placer en famille d'accueil et j'ai décroché un travail de serveuse dans un petit café. Je ne vivais plus que pour elle, que pour Maxine. Mes parents avaient tant rêvé de cet enfant, alors la seule chose que je pouvais faire pour eux, c'était de prendre soin d'elle.
On a donc vécu comme ça toutes les deux, dans un petit appartement. La semaine Max allait chez sa nourrice de 6h le matin jusqu'à 19h le soir et le week-end nous étions ensemble. Quand je devais travailler le soir, la nourrice acceptait parfois de la garder, sinon je la prenais avec moi au café, dans la chaleur étouffante et le bruit permanent des étudiants... Elle était la seule personne à laquelle je pouvais m'accrocher. C'est fou ce qu'un si petit bébé peut donner autant de force. Bien sûr il y a eu des moments de déprime, mais grâce à ma psychiatre et à ses médicaments je réussissais à faire face.
Tout s'est plutôt bien passé jusqu'à il y a moins d'un mois. Maxine venait de fêter ses 4 ans et moi mes 22 en avril dernier. Elle est devenue de plus en plus fatiguée et ne voulait ni marcher, ni aller à l'école. Croyant tout d'abord à un caprice, je n'ai pas céder. Mais voyant que son état s'aggravait et qu'elle avait des poussées de fièvre, j'ai rapidement fait appel à un médecin, ce qui marqua le début du cauchemar. On l'envoya à l'hôpital et après une prise de sang on m'annonça une des pires choses que j'ai entendu : « Maxine souffre d'une leucémie aiguë lymphoblastique »
Et nous voilà, juin 2017. Max subi régulièrement de la chimiothérapie mais on n'observe qu'une infime évolution. Le destin semble s'acharner à vouloir m'enlever la dernière personne à qui je tiens le plus. Mais Maxine est forte malgré son jeune âge et est on ne peut plus déterminée à exterminer sa maladie. Elle pose soudain sa main sur mon bras avec une petite bouille inquiète.
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(G-Dragon) Laisse moi t'aider
Hayran Kurgu"J'avais tout perdu. En 1 an, la vie m'avait pris ma mère et mon père, ma famille. J'ai réussi à avoir la garde de ma sœur qu'on voulait placer en famille d'accueil. Je ne vivais plus que pour elle. Elle était la seule personne à laquelle je pouvais...