Chapitre 8

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Ses hoquets pathétiques étaient le seul son audible. Le calme de la nuit avait repris ses droits, comme si rien ne s'était passé.

De longues secondes s'écoulèrent, lui semblant une éternité. Son sang continuait de couler et elle se laissa aller. La fatigue l'engluait et elle avait envie de se laisser aller au sommeil.

Elle entendit des bruits de portes qui claquaient et des exclamations étouffées. Ses invitées étaient réveillées.

Evangeline leva les yeux sur le verrou et eut un léger rire nerveux en voyant la plaque de métal de la porte tordue. Mais elle avait tenu bon. La porte avait résisté et le verrou également.

Elle soupira et hésita à rester là, à attendre.

Puis, sa raison reprit le dessus et elle se rappela que les pertes de sang importantes pouvaient plonger la victime dans l'inconscience. Si elle ne bougeait pas, si elle restait là à attendre, elle allait se vider de son sang, perdre connaissance et mourir.

Un reste de combativité la secoua toute entière, et elle se leva à nouveau avec plus de difficultés que la première fois. Elle se traîna - à peine deux pas - jusqu'à la porte et posa la main sur le verrou.

Puis elle hésita. Longuement.

Et si...

Et si le monstre était toujours là ? Tapis dans l'ombre, attendant qu'elle ne sorte ?

Et si les voix de ses amies qu'elle entendait, qu'elle croyait entendre, n'étaient qu'un effet de son imagination ? Une illusion pour lui faire quitter la sécurité de son repaire ?

Elle retira sa main, comme si elle s'était brûlée.

Elle entendait Ana qui l'appelait, l'air paniqué. Elle entendait des coups sur la porte, pas celle de son petit réduit, la porte de sa chambre.

Elle prit une grande inspiration tremblante. Leva la main.

Puis la laissa retomber.

Un vertige la saisit et son champ de vision se rétrécit soudain, signe qu'elle avait perdu bien trop de sang. Suffisamment pour que son corps lui envoie un message d'alerte.

Elle comprit qu'elle allait devoir prendre des risques. Soit elle restait à l'abri dans cette minuscule pièce à se vider de son sang, jusqu'à tomber dans l'inconscience pour ne jamais se réveiller, soit elle ouvrait le verrou et sortait, au risque de se retrouver face au croque-mitaine qui l'avait attaquée.

Evangeline n'hésita plus. Elle leva la main et tourna le verrou d'un geste sec, le déverrouillant.

Son geste brusque entraîna un son métallique qui lui sembla résonner violemment. Elle sursauta malgré elle et son cœur s'emballa.

Elle posa une main sur la plaque de métal, essayant de respirer profondément pour se calmer. Puis elle poussa sur la porte pour l'ouvrir.

La porte resta fermée. Bloquée.

La jeune femme gémit, puis força un peu. Toujours rien.

Elle se mit à sangloter nerveusement, entendant toujours les cris d'Ana dans le lointain, rejoints par ceux de Lisbeth et Marie. Ses trois amies semblaient être inquiètes.

L'esprit d'Evangeline ricana avant de lui envoyer une pensée "Peut être que d'avoir été réveillées par les hurlements de leur amie, et de trouver une porte verrouillée et aucun signe de vie est une raison suffisante de paniquer...".

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