D'autres cœurs à réparer

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" Tu comprends Solal on a pas vraiment le choix. Le docteur Scare a été très clair. L'opération est sûrement ta dernière chance d'avoir une vie normal... Tu m'écoutes Solal ? "

Je fixe mon bol de céréales sans répondre. Non je n'écoute pas, ce qu'elle dit ne m'intéresse pas, je ne changerais pas d'avis. Je ne remettrais pas les pieds dans un hôpital peut importe les conséquences.

Cela fais presque vingt minutes que ma tante essaye de me convaincre qu'une opération me rendra la vie meilleure. Vingt minutes que je suis réveillée et je pense déjà à aller me recoucher. Comme si après cette opération toute mon existence allait reprendre du sens et devenir merveilleuse. Franchement, on est pas au pays des bisounours là. Ma marraine se ment à elle-même. Elle sait pertinemment que je ne vais pas me mette à profiter de ma vie sous prétexte que ma jambe est comme neuve. Car il n'y a pas que ma jambe qui est blessée aujourd'hui. Je suis cassée. Brisée. Tout ce qui faisait que j'étais moi avant l'accident, tout ce que les gens que j'aime aimaient, tout cela est mort avec eux. Et ce qui est mort ne ressuscite jamais. Jamais. Je suis morte ce soir là et je ne ressusciterais pas. Malheureusement mon corps n'a pas voulu suivre, il s'est accroché au monde des vivants et je me demande bien pourquoi. Pourquoi n'a t-il pas lâché prise comme l'ont fait papa et maman. Ca aurait été tellement plus simple et moins douloureux. En plus qu'est ce que ça m'a apporté de rester en vie ( physiquement s'entend) ? Rien. Absolument rien à part du malheur. Je ne suis plus heureuse. Je n'ai plus aucune raison de vivre. Il ne me reste de ceux que j'aime que des souvenirs qui font mal, qui m'oppresse, qui m'obsède, qui me rendent folle. Folle de chagrin de les avoir perdus, folle de colère de les avoir tués. C'est la folie de celui qui est en vie, de celui qui toujours là, impuissant. C'est la folie du cœur blessé qui sait que jamais on ne pourra le réparer.

" Le docteur Scare a proposé que tu ailles dans le petit centre d'hospitalisation d'..."

Je n'entend pas la fin. Ce nom... Scare, je l'ai déjà entendu. Mais où ? Je ne sais pas pourquoi mais j'ai comme le sentiment que c'était au lycée. Scare, Scare, Scare... Mais où est-ce que j'ai bien pu entendre ce nom.

Soudain j'ai une idée. Si c'est au lycée peut être que Phi ou Emi savent qui c'est.

J'attrape mon téléphone et je leur envoie un message pour leur poser la question. C'est Emilie qui me répond en premier.

Aujourd'hui-9h30

EMI Je crois que c'est le nom de famille du nouveau.

EMI Pk tu demandes ça ?

Merci

Non pour rien tkt.

A lundi.

EMI Ouais à lundi So

Le nom de famille du nouveau... Donc ça veut dire que le médecin est son père ? Où en tout cas quelqu'un de sa famille. Cela explique pourquoi je n'avais jamais vu ce docteur avant, il a du arriver récemment.

Mais, s'ils sont de la même famille il y a un risque pour que le nouveau entende parler de moi ! Et alors il raconteras à tout le monde que je suis handicapées. J'aurais à nouveau droit à ces regards compatissant et humiliants.

Je n'ai plus faim, je repousse mon bol de céréales et je m'apprête à retourner dans ma chambre quand Lia, qui était repartit à la cuisine depuis quelque minutes, m'interpelle.

" Tu n'as plus faim ? " Me questionne-t-elle.

" Non. "

" Ok, tu vas te préparer alors ? On pars dans une heure à peu près. Tu m'appelles si tu as besoin... "

" De quoi ? " L'interrompis-je brusquement.

" Je te l'ai dis Solal, il y a à peine dix minutes, il faut que tu ailles à l'hôpital pour faire des examens. " Dit-elle avec une expression fatiguée sur le visage.

" Mais je t'ai dis que je... "

" Ah ça suffit ! Je n'en peut plus de tes caprices, s'emporte-t-elle ! Tu vas aller dans cet hôpital et tu vas faire ces examens que ça te plaise ou non ! "

" Lia... "

" Tais-toi ! Tu crois que tu es la seule à être malheureuse ! Moi aussi j'ai perdu des êtres que j'aimais ce jour là ! Quand on m'a appelé pour m'annoncer l'accident j'ai bien failli m'écrouler. Mais on m'a dit que tu étais toujours en vie et que tu avais besoin de moi. Tu avais besoin de moi..." Sa voix c'est adoucit et j'ai aperçus des larmes se former au coin de ses yeux.

J'ai ouvert la bouche pour parler mais Lia m'en a empêcher en continuant.

" Je me rends compte aujourd'hui que je n'ai pas réussi à te rendre ne serait-ce qu'un tout petit peu heureuse. Si tu savais comme je m'en veux Solal. Tu avais besoin de moi, et... et je n'ai pas su t'aider. "

Les larmes ruissèlent sur ses joues. Elle me regarde et je sens qu'elle est sincère. Elle s'en veut vraiment. Et encore une fois c'est à cause de moi.

" Tu n'y est pour rien Lia. Je suis désolée de te faire subir tout ça. "

"Tu n'as pas à t'excuser ma grande. Ils me manquent à moi aussi tu sais... Tu n'es pas toute seule Solal. "

Je ne répond pas. A la place je baisse les yeux. Je sais qu'elle est triste, surement autant que moi, mais elle ne comprends pas ce que je ressens, elle n'a tué personne. Elle n'est pas responsable de leur mort. Moi si.

" Parles moi Solal... Je veux t'aider. Je veux te voir sourire à nouveau, comme avant."

" Je ne peux pas Lia, c'est impossible... Excuses-moi. "

Sur ces mots je me détourne et rentre dans ma chambre. Mais avant de fermer la porte je lui dis que j'accepte d'aller à l'hôpital.

***

Voilà un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu même s'il est un peu cours. Je vais essayer de publier le prochain la semaine prochaine. Vous ferez enfin plus ample connaissance avec Loïc.

Encore une fois n'hésitez pas à donner vos avis en commentaire !





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