Fragile, mais déjà cassée.

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Au bout de la rue j'aperçois l'hôpital. Je me sens de plus en plus mal.  Serais-je capable de passer la porte ? Tout mon être me dis que non et mon cœur déjà en miette me cris de faire demi-tour. Même acculée la proie va chercher à fuir non ? Je suis la proie de mon passé et il m'a acculée il y a longtemps déjà. Pourtant je me dérobe encore. Mais pour combien de temps ? 

 Je suis assise sur la banquette arrière, premièrement pour pouvoir poser ma jambe sur les sièges à côté et puis deuxièmement parce que j'avais envie d'être tranquille et que c'était la meilleure façon de le faire comprendre à Lia. Qui d'ailleurs a dû très bien saisir car elle ne m'a pas adressé la parole de tout le trajet. Jusqu'à maintenant je somnolait plutôt calmement en regardant le paysage défiler devant moi mais la récente proximité de l'hôpital me rend désormais atrocement nerveuse. Et bien sûr Lia s'en ai rendu compte. Je sens son regard posé sur moi et je fais tout pour ne pas le croiser. Au fond de moi je lui en veux de m'obliger à faire ça. En acceptant d'y aller j'avais le secret espoir qu'elle reviendrait d'elle même sur sa décision. Vous savez la psychologie inversée quoi ? Bah apparemment ça n'a pas marché et je me dirige à présent droit vers un de mes pires cauchemars depuis ces six derniers moi.  

Lia se gare puis sors chercher le fauteuils roulant dans le coffre. Je ne peux toujours pas poser ma jambe sans ressentir une douleur vive. Elle ouvre ma portière et m'aide à m'installer dans le siège. Comme c'est humiliant de se sentir obligée d'être assistée. 

Lia pousse doucement le fauteuil jusqu'à l'entrée de l'hôpital. Plus nous nous rapprochons de la porte et plus le nœud dans mon ventre se contracte et me fais mal. Ma respiration se saccade, l'air a du mal à rentrer dans mes poumons. Je ne peux pas. Je ne vais pas y arriver. Malgré moi les larmes me montent aux yeux. Je fais une crise de panique. Lia s'en rends compte et s'arrête à seulement quelques mètres de la porte. Elle s'accroupie à ma hauteur et me regarde avec des yeux inquiets. Je dois lui dire que je ne peux pas rentrer, que c'est au dessus de mes forces. Mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge. 

" Solal respire, respire, tout va biens se passer ! Je... Je vais appeler un médecin ! dit-elle paniquée. "

J'ai une horrible envie de vomir. Je n'ai pas besoins d'un médecin. Je veux juste m'éloigner d'ici. 

" Non Lia...  Je t'en prie... Je ne peux pas... Laisse moi rentrer. La suppliais-je entre deux sanglots. " 

" Solal il faut que tu fasses ces examens c'est important... Pense à ta santé. "

" Non Lia je t'en supplie... Pleurais-je. Je ne veux pas... C'est trop horrible... " 

Je pleure à chaudes larmes, elle ne peux pas me faire ça. Cette endroit il me fait trop penser à eux. C'est là qu'ils sont morts, c'est là que je les ai vu pour la dernière fois. Pour moi c'est comme si on me forçait à rentrer dans leur tombe. Ma crise s'amplifie et je supplie ma marraine des yeux. Pendant un quart de seconde  cette dernière semble hésiter à faire demi-tours. Pendant un quart de seconde... Finalement elle me murmure un timide " excuses-moi " et rentre à toute vitesse dans l'hôpital pour demander du secours. 

Je hurle de colère et de frustration. Ma jambe ne me permet même pas de m'enfuir. Je suis obligée d'attendre impuissante mon sort. Alors je hurle, je ne peux rien faire d'autre. "

" LIA !!! REVIENS ! " Je cris, je pleure, je frappe des poings sur les bras de mon fauteuils. Quelques passants me regardent ahuris mais je ne les vois même pas. Mes larmes brouillent ma vue. Elles coulent à flots le long de mes joues.  

Je sens plus que je ne vois des gens me pousser à l'intérieur. Impuissante je continue de pleurer en mettant ma tête dans mes mains. Je ne veux pas regarder. Je me balance d'avant en arrière comme une folle. C'est d'ailleurs ce que doivent penser le gens de moi. Une folle, je suis une folle. Et une meurtrière, mais ça ils ne le voient pas. 

Le soleil brille pour tout le mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant