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L'elleth errait désormais dans la forêt tel un spectre, méconnaissable à ses traits d'Elfe.

Elle se laissa choir sur une vieille souche d'arbre, sa tête penchée en avant, cachée par ses cheveux lui retombant sur le visage.

De loin, on aurait pu croire à un spectre qui viendrait hanter les vivants. Mais de près, c'était bien d'un être de la race divine dont il s'agissait.

La jeune femme attendait, tellement immobile et silencieuse que sa présence était difficilement remarquable.

Au bout de quelques heures à attendre là, des animaux de la forêt s'approchèrent, reconnaissant en elle l'être divin qui se terrait à l'intérieur.

Peu à peu, l'elleth s'ouvrit de nouveau aux êtres de la forêt. Les animaux arrivaient de plus en plus, prenant confiance en la jeune femme aux cheveux de jais.
Elle jouait avec eux, leur donnant de la nourriture, effleurant doucement leur pelage du bout des doigts...

Mais sa silhouette mise en valeur par les rayons du soleil, illuminant la petite clairière, perçant le feuillage des arbres, la faisait ressortir telle une déesse, et le troupeau de créatures des bois à ses pieds ne manquèrent pas d'attirer une toute autre attention...

- Saperlipopette, mais quel est donc que tout cet attroupement ?

Un bien étrange bonhomme apparut à leur vue.
Ses longs cheveux châtain clair presque blanc, sa grande barbe de même couleur, emmêlés, son grand chapeau et ses longs vêtements bruns, sans oublier son bâton dans sa main.

À sa vue, les animaux s'écartèrent, et l'elleth releva la tête.
L'étrange bonhomme écarquilla les yeux.

- Par ma barbe...


~~~~~|o|~~~~~

Les jours s'écoulaient lentement. L'elleth avait été recueillie par le vieil homme, qui s'était révélé être un Magicien du nom de Radagast.

Elle séjournait désormais dans la maison de l'Istari, une vieille cabane au beau milieu des bois. C'était très étroit, et très désordonné.
Il y avait assez de place pour une personne, mais pour deux... Il fallait se serrer un peu.

Alors qu'elle s'était assise sur le rebord d'une petite table en bois, Radagast vint à elle.

- Dis-moi... Qu'est-ce qu'une jeune Elfe fait ici ? T'es-tu perdue ? Ou es-tu de passage dans la forêt ? De plus tu m'as l'air bien sale et blessée...

L'Elfe ne répondit rien.
Il répartit en direction de ce qui semblait être un bureau, semblant chercher quelque chose.

Le Magicien revint vers elle avec différents pots et fioles contenant principalement des liquides et crèmes de guérison, de ce qu'elle put constater.

Il s'approcha de l'elleth et appliqua une étrange crème marron verdâtre sur ses petites égratignures et autres blessures superficielles, présentes notamment sur ses mains, ses bras et son visage.
Mais lorsqu'il souleva les cheveux de l'elleth et vit le dos dénudé de sa robe, son regard s'arrêta sur les cicatrices laissées à vie de sa torture chez les Hommes. Des cicatrices de toutes tailles et formes, parsemant son dos tout entier.

Le vieil homme écarquilla les yeux.

- Par les Valar... Mais que t'est-il arrivé ?

La jeune femme aux cheveux ébène ne répondit rien et se contenta de baisser la tête, marmonnant ce qui ressemblait à une chanson :

Entonnant ma silencieuse
Chanson de misère
Je suis un monstre
Pris dans son cauchemar

"Lui" est un tyran
"Lui" m'vide de mon air
Pourquoi m'as-tu laissée
Sous son pouvoir ?

Moi-même suis condamnée
à chanter pour vous
Je ne peux vous voir
Je vous hais tous

En me voyant si faible vous criez en cœur :

"Allez debout Monstre sans valeur !"

Dans ce cauchemar
Tu m'as condamnée à mourir
Je n'veux plus chanter,
Je n'veux plus vivre

En me sentant si faible
J'hurle de tout mon cœur :
"Achevez-moi, Monstres de malheur !"

Nimródel déglutit péniblement, retenant d'amères larmes de ruisseler sur ses joues.

Le Magicien enleva ses mains et fixa l'elleth, bouche bée, tremblant.

~~~~~|o|~~~~~

- Gandalf, je ne peux pas la garder ici !

Le vieillard était sorti dehors, sur le pas de la porte, en pleine discution avec un de ses semblables venu lui rendre visite.

L'autre vieil homme, qui semblait également être un Magicien, avait de longs cheveux et une longue barbe grisâtres.
Tout de gris vêtu, portant un bâton typique aux Magiciens, il se faisait appeler le Magicien Gris, ou plus couramment Gandalf ou Gandalf le Gris.

Les Elfes, en l'occurrence, le surnommaient Mithrandir.

De là où elle était, l'elleth entendait toute la conversation, qui lui parvenait avec des paroles assourdies et étouffées.
Recroquevillée sur elle-même, assise sur la table, son regard dériva vers la fenêtre, où s'était posé un oiseau.

Elle descendit et s'approcha de l'animal. Elle le prit délicatement entre ses mains et lui murmura quelques paroles en parfait Elfique, puis le laissa s'envoler vers les bois.

Elle-même passa la tête à travers la fenêtre, mains posées sur la rambarde, et admira le paysage sauvage s'offrant à elle, baigné par les rayons du Soleil.

Elle n'était pas sortie depuis si longtemps, sur ordre de Radagast, et ne put empêcher un sourire.

Un vif sentiment vint soudainement la prendre : elle avait envie de s'enfuir, de parcourir les bois ; d'être libre.

Mais elle se souvint au dernier moment des paroles de Radagast.

Hésitant, elle baissa la tête et fixa ses mains appuyées à la rambarde, tremblante.

Après un long silence qui parut une éternité, l'elleth pris l'apparence d'une perdrix et s'envola à travers les bois.

Ne pouvant malheureusement pas garder sa transformation trop longtemps, elle retrouva bien vite son apparence Elfique et s'arrêta au beau milieu d'une étrange et dense forêt, qui ne ressemblait pas à celle où vivait Radagast. D'ailleurs, elle ne voyait même plus la maison du Magicien au loin.

Elle s'avança un peu plus dans la forêt. Elle lui paraissait gigantesque et très dense. Il lui semblait entendre des murmures, par endroit. Comme si la forêt parlait. Elle eut soudain un mauvais pressentiment. Un craquement de branche à terre se fit entendre, et elle tourna instinctivement la tête vers la source du bruit. Elle écarquilla légèrement les yeux. Elle ne pouvait croire ce qu'elle voyait. Elle n'aurait jamais cru une seule fois le revoir. Elle ne le souhaitait pas vraiment, d'ailleurs.

Le bel Elfe à la carrure fine, svelte et élancée, des yeux océan, à la longue chevelure blonde, lisse et fine, et une magnifique armure verte et brune représentant son appartenance au peuple Sylvestre. Il pointait son arc Elfique vers elle, la fixant d'un air méfiant et sauvage.

Legolas.

Nimródel - Tome 1 [Seigneur des Anneaux / Hobbit] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant