Chapitre 11

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Perpignan, 08 Juillet 2017.

17 ans.

- Rosalie -

Le jour se lève doucement, traversant mes carreaux pour venir me lécher le visage et me réveiller. Je m'étire en grognant de ma bêtise lorsque je vois 6h15 affiché sur mon téléphone. Encore une fois, j'ai oublié de fermer mes volets et je me dis que, peut-être, un jour, je retiendrais la leçon. En soupirant, je me lève, attrape mon clown en peluche tout vieilli offert par ma mère et l'entraîne derrière moi pour rejoindre la chambre de Zazou afin de m'y rendormir dans un dernier sommeil partagé. J'ouvre silencieusement sa porte et il m'accueille d'un grognement guttural en me demandant ce que je fais.

— Je peux finir de dormir avec toi ?

— Volets ouverts ?

— Volets ouverts.

— Boulet.

Je ris silencieusement et viens me blottir contre son corps, comme une petite fille, lorsqu'il ouvre un bras pour moi en signe d'invitation. Il me tourne sur le côté et se sert de moi comme d'une peluche. Ses jambes se replient contre les miennes et son torse épouse parfaitement mon dos. Dans cette position, en serrant contre ma poitrine mon clown et sa main, je me rendors paisiblement. Quand ni lui, ni moi, ne parvenons plus à dormir, nous commençons à discuter en chuchotant, le drap recouvrant entièrement nos corps comme pour nous enfermer dans un monde qui n'appartiendrait qu'à nous. Mon cœur se comprime quand il commence à évoquer son départ, le mélange d'angoisse et d'excitation qui l'étreint. Je lui confie le manque que son absence risque de provoquer dans ma vie, toute trace d'humour effacée de mon discours. Je veux qu'il comprenne toute l'importance qu'il a pour moi. Sa grande main se place sur ma petite joue et son pouce me caresse tout doucement. Il reste silencieux tout en fermant les yeux. Son visage se rapproche lentement et son front se colle au mien. Ses yeux s'ouvrent de nouveau et s'ancrent à mon regard. Sa respiration mêlée à la mienne me semble à la fois gênante et agréable. Mon cœur tambourine un peu plus fort que d'habitude, sûrement à cause de cette proximité inhabituelle. Je lis dans son regard le manque qu'il commence déjà à ressentir et toutes ces choses qu'il garde et ne me dit pas, que je ne devine pas.

D'un coup, il brise notre connexion, prenant pour excuse le bruit que son estomac produit. En souriant, il se relève et m'entraîne avec lui. Quand il pose les pieds au sol pour se redresser, je me mets debout sur son lit et saute sur son dos. Il me porte ainsi jusqu'à la cuisine et me positionne assise sur le plan de travail, affirmant qu'il s'occupe de nous faire le petit-déjeuner. Nous discutons joyeusement, nous envoyant quelques blagues plus ou moins politiquement correctes. Attendant que le café ne finisse de couler, Ezra me rejoint pour continuer de parler. Il pose ses mains naturellement sur mes cuisses dénudées à cause de mon short trop court et il se positionne debout entre mes jambes. Il lance une autre vanne douteuse et je lui file un coup de talon aux fesses. Presque collé à moi, ses yeux s'arrondissent d'une fausse surprise et il fait semblant de me réprimander. Évidemment j'entre dans son jeu et fait mine de lui répondre d'un ton désinvolte. Sans prévenir, pour me faire taire d'abord, il pose ses lèvres sur les miennes. J'éclate de rire en lui filant une pichenette sur le front quand il se recule puis je vois une lueur changer dans son regard. Ses mains quittent mes cuisses pour rejoindre mon visage et il recommence à m'embrasser. Au début, il semble hésitant. Il fait preuve d'une douceur surprenante, une tendresse dont je le croyais incapable. Puis petit à petit, son baiser se fait plus pressant, plus passionné. Il passe le barrage de nos lèvres pour que nos langues se retrouvent et ses mains viennent retrouver leur place du début, sur mes cuisses, relevant légèrement la couture du bas de mon short. C'est agréable, réellement. Mes doigts viennent s'enrouler dans ses cheveux bouclés, les agrippent fermement et mes jambes encerclent sa taille. Jamais un baiser n'a pincé si fort mon cœur de passion. D'amour, oui. De bonheur, oui. Mais de passion... je ne connaissais pas. Dans mon ventre, c'est tout un orchestre qui s'anime. Puis il se recule, nous sommes à bout de souffle. Il reste collé à moi, son front contre le mien, ses yeux dans les miens. Je me retrouve complètement essoufflée, tout comme lui. Je crois qu'il s'apprête à parler mais il se ravise quand la cafetière émet un petit son aigu, signe que le café est prêt. Il se détache complètement de mon corps et finit de préparer le petit-déjeuner avant de tout mettre à table. Pendant ce temps, moi, je me sens toute retournée et pleins de questions fusent dans mon esprit. Est-ce que je trompe Raphaël si j'admets que j'ai plus qu'apprécié ce baiser ? Qu'est-ce que ça signifiait ? Et pourquoi fait-il ça maintenant ?

Jamais deux sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant