On traversait ces couloirs lugubres et blancs que possèdent tous les hôpitaux. A côté de nous passaient rapidement des médecins et des infirmières. Ils semblaient pressés par le temps que les malades de Saint Georges Franklin Hospital suppliaient d'avoir.
En marchant droit devant moi je remarquai un jeune homme en fauteuil roulant, d'à peu près 20 ans. Il observait la salle d'attente et l'accueil en écrivant dans un journal à la couverture en cuire, couleur bronze. Il semblait écrire tellement de chose. Je me demandai pourquoi il était là à regarder ces gens qui attendaient et qui avaient sûrement besoin de soin.
Nous arrivâmes à l'accueil pour que Célestia remplisse ce formulaire de merde pour que je puisse rentrer à la maison. Je m'asseyais donc sur un siège de l'accueil. A ma gauche, une petite fille blonde avec un plâtre qui elle aussi, je présumais, attendait son père, qui était à côté de Célestia, remplissant un formulaire lui aussi. A ma droite, un homme d'une soixantaine d'années qui puait l'alcool et la clope. Oooh une clope, je m'en serais bien griller une.
Hugo perdit patience aux côtés de Célestia et prit place sur mes genoux. Je plaçai mes bras autour de lui.
-Hugo, ici on ne court pas. Le sermonnais-je.
-Mais c'est pas drôle ici ! On s'ennuie ! S'exclama-t-il en râlant.
-Hugo voyons. Ne crie pas. Reste calme. Je sais que tu es fatigué on rentre bientôt. Le rassurai-je en lui caressant les cheveux.
-Si tu veux mon avis tu ne renteras pas chez toi ce soir. Déclara une voix qui m'était encore inconnue.
Je tournai la tête et remarquai le même jeune homme en fauteuil qui observait l'entrée de l'hôpital tout à l'heure. Je le dévisageais alors lorsqu'il s'éclaircit la voix en raclant sa gorge.
-Pardon je ne me suis pas présentée. Je suis Jonas McVillers et toi ? M'interrogea-t-il de ses yeux verts émeraude.
-Heu... je suis Amicia Fontaine De Rousseau et lui c'est...
-Hugo ! Je suis Hugo ! Il se leva rapidement et couru autour de Jonas.
-J'aime tes roues ! Elles sont graaaandes ! Cria Hugo en rapprochant son visage des roues du fauteuil.
Jonas ria en frottant la tête de mon petit frère.
-Bien énergique ce petit garçon. Dit-il d'un ton enjoué
-Oui plutôt. Hugo ne crie pas j'ai dit.
-Oui... chuchota-t-il en baissant sa petite bouille toute ronde.
Il remonta sur mes genoux et joua avec mes mains, tranquillement.
-Tu as donc émis l'hypothèse que je ne rentrerai pas chez moi ce soir ? Comment le sais-tu ? Lui demandai-je.
-Tu vois le formulaire que ta mère remplit...
-...C'est ma belle-mère. L'interrompis-je
-Oh excuse moi. Il marqua un temps de pause puis repris. Et bien le formulaire que ta belle-mère remplie c'est pour un S.I.S.S. Dit-il sérieusement.
-Un S.I.S.S. ? C'est quoi ça ? Lui demandai-je
-Un Séjour Indéterminé Sous Surveillance. En gros tu vas rester au sein de l'hôpital pour une durée indéterminée.
-Mais pourquoi ?! M'offusquai-je. Et puis comment sais-tu qu'elle remplit un formulaire de ce type tu ne t'aies pas approché d'elle ! Je commençai alors à m'agacer.
-Ne t'énerves pas ! Je te ferai remarquer que j'essaye d'être ton ami, de communiquer ! Rétorqua-t-il en croisant les bras.
Je retroussai mes lèvres à l'intérieur de ma bouche et tripota mes doigts.
-Jonas je suis désolée... Je suis un peu à cran... Murmurai-je.
-T'inquiète c'est compréhensible. Dit-il en souriant. Bon, je pense que je vais te laisser ta belle-mère arrive. Ma chambre est au 4e étage c'est la 468, retrouve moi s'y, on parlera si tu veux. Il me fit un clin d'œil.
-D'accord merci. Je lui souris en retour.
Il se dirigea vers l'ascenseur du couloir d'en face en faisant un demi tour arrière avec un clin d'œil, comme pour m'impressionner, ce qui me fit rire, j'étouffai donc ce rire.
Après quelques secondes seule avec Hugo, Célestia revint vers nous.
-Bon Amicia, je crains avoir une mauvaise nouvelle. Déclara Célestia, plus que sérieuse.
-Je reste ici c'est ça ? Dis je en souriant.
-Mh... Acquiesça-t-elle. Je reviens demain pour prendre ce fameux rendez-vous avec le cancérologue. Ça n'est pas possible de prendre un rendez-vous à cette heure ci. Ils veulent te garder à l'œil pour ce soir, on ne sait jamais tu pourrais encore faire un malaise. Chuchota-t-elle, le regard vide et l'air triste, avant de m'enlacer.
-Ne t'inquiète pas ! Je suis une dure à cuire ! Ils en auront vite marre de moi ! Ils te payeront pour que je revienne à la maison ! Plaisantais-je pour détendre l'atmosphère pesante qui régnait depuis LA mauvaise nouvelle.
Après plusieurs secondes de silence, je repris la parole.
-On se voit demain. Ça va vite passer ! Je sais que je vais énormément te manquer va ! Mais Hugo est déjà un bon bouffeur de temps ! Je ris légèrement puis lui souris.
Elle me sourit, embrassa mon front, caressa ma tête en me regardant avec tant de tendresse et d'amour, puis prit Hugo dans ses bras et quitta l'hôpital en me jetant un dernière regard avec ce sourire si maussade que je ne lui connaissais pas mais dont j'allais devoir m'habituer à voir sur son visage si doux.
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Réapprendre à Vivre.
General FictionSuis l'histoire d'Amicia, une jeune-fille de bientôt 18 ans qui voit son quotidien basculer du jour au lendemain...