Chapitre VIII

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Après le procès, Marguerite avait eu besoin de se reposer. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, portée par des jambes squelettiques. Elle n'arrivait plus à se sustenter, tout ce qu'elle ingérait finissait par être régurgité. Ses yeux avaient perdu de leur éclat, devenant d'un vert d'eau, perdant de leur superbe. Elle ne se teignait pas encore les cheveux à cette époque, et sa tignasse brune d'origine était devenue fade, insipide. Tout comme son reflet dans le miroir. Elle ne se voyait plus. Elle n'avait plus personne : ses grands-parents étaient morts pendant qu'elle était en quatrième année, ce qui avait laissé tout le loisir à son oncle de détruire tout ce qu'il lui restait de sa volonté propre. Aujourd'hui était le jour du verdict. Le temps était radieux. Le soleil brillait haut dans le soleil tandis que les journalistes s'amassaient devant les portes du tribunal. Marguerite n'apparaissait pas en public, alors chaque nouvelle apparition au tribunal était leur seule occasion, comme des vautours autour d'une charogne que même les hyènes avaient délaissée. Marguerite ne les voyait pas, elle ne voyait plus rien. Elle ne faisait que suivre les initiatives de son avocat. Et lorsque le tribunal décida de la relâcher, de l'amender, elle ne se sentit même pas soulagée. Elle ne se sentait rien du tout, à vrai dire. Elle voulait juste s'endormir, pour le restant de ses jours. Trouver un lieu calme, afin de pouvoir se reposer. Son avocat, qui savait bien qu'elle ne survivrait pas seule, qu'elle n'en était pas capable pour le moment, lui conseilla une maison de repos. N'entendant que le mot repos, Marguerite accepta. Elle ne se faisait pas d'illusions : elle savait qu'une maison de repos était un hôpital psychiatrique, mais qu'importe. Elle fut envoyée dans le service spécialisé dans les dépressions nerveuses. Elle n'était entourée que de sorciers, et tous les résidents étaient là pour des raisons qui leurs étaient propres. Aucun d'eux n'avait été forcé. Marguerite emménagea dans une petite chambre blanche. Il y avait un lit une place, un petit bureau en bois clair, une armoire assortie, une petite étagère avec quelques livres qu'elle pouvait compléter en allant à la bibliothèque du centre. Le coussin de son lit était épais et semblait doux, et la couette était moelleuse à souhait. Des docteurs l'auscultèrent à son arrivée et ils décidèrent de ne pas lui donner de traitement pour le moment, préférant aviser au fur-et-à-mesure du temps. Dès qu'elle fut libre, Marguerite plongea dans son lit, s'emmitouflant dans la couette et dormit. Elle dormit des jours durant, se réveillant à peine lorsque les soignants lui apportaient son repas. Elle ingurgitait tout ce qu'on lui donnait le plus vite possible afin de pouvoir se rendormir. Au bout de deux semaines, comme rien n'avait changé, les médecins voulurent lui prescrire un antidépresseur, mais l'un des infirmiers qui la voyait tous les jours émit un avis selon lequel elle n'en avait pas besoin. Il fallait seulement la pousser un peu à sortir de sa caverne. Sceptiques, les médecins lui laissèrent un délai de quelques jours pour réussir à la faire sortir de sa chambre ne serait-ce qu'une heure dans la journée. L'infirmier ne se le fit pas dire deux fois, et dès le lendemain il s'acharna à essayer de la faire sortir.

« Bonjour Marguerite. Je sais à quel point vous aimez votre lit, mais il va falloir en sortir. Vous ne pouvez pas rester ici éternellement. »

Pour seule réponse il obtint un grognement. C'était une victoire pour lui. Il continuait de lui parler, tous les jours. Il ne pouvait se résoudre à voir dépérir cette jeune fille dans un endroit tel que celui-ci. La vie l'appelait. Quand vint le dernier jour qu'on lui avait laissé pour faire sortir Marguerite de la chambre, il essaya encore une fois de la convaincre.

« Vous savez Marguerite, les médecins, si vous ne sortez pas, ont l'intention de vous donner des potions, et vous finirez par faire ce qu'ils veulent sans que cela vienne de vous. Ils pensent que pour votre bien vous devez avaler différentes potions qui vous donnerons l'impression d'aller mieux. Mais ce ne sera pas le cas. Ne voulez-vous pas venir vous promener un instant ? Nous pourrions nous asseoir sur un banc et regarder les arbres, le soleil, les oiseaux. Rien qu'un petit moment. Et après vous pourrez retourner vous coucher, je vous le promets. »

Un nouveau départ (Severus Rogue).Où les histoires vivent. Découvrez maintenant