Chapitre 1 : Un petit triton bien trop curieux.

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La nuit était tombée, seule la Lune éclairait l'obscurité. L'eau était calme, se mouvant doucement au gré du courant et des petites vagues. C'est sous cette douce lumière qu'une longue chevelure rousse apparut à la surface, suivie d'un joli visage aux traits fins et androgynes sur lequel deux grands yeux verts clairs brillaient d'un éclat presque surnaturel. Sa peau était si blanche qu'elle en paraissait translucide. L'eau laissait entrevoir ses épaules carrées, ses bras et son torse aux boutons de chairs de la même couleur chaude que ses cheveux. Aucun poil ne parsemait sa peau.

Lorsque la silhouette bougea, quelque chose fit son apparition. Il s'agissait de deux grandes nageoires brillantes, car la créature qui regardait avec adoration la Lune n'était pas un de ces êtres humains qui peuplaient les terres de ce monde. Non. Il s'agissait d'un être qui vivait au creux de la mer, et son corps était ainsi différent de ceux des Hommes. Il était capable de respirer sous l'eau et se mouvait avec facilité dans ce milieu, car les flancs de son torse fin étaient recouverts de branchies et juste en dessous, des écailles d'un bleu argenté intense et étincelant recouvraient ce qui ressemblait à une grande et majestueuse queue de poisson. Cette créature était un triton et elle avait un nom, elle se nommait Amaël.

Amaël aimait la nuit. La Lune et sa lumière qui se reflétait sur l'eau laissait entrevoir toutes les beautés que recelait l'océan, mais il en avait l'habitude et ce qu'il voulait, c'était découvrir les beautés que cachaient les humains.

Dès son 20ème anniversaire, Amaël, que ses parents laissèrent plus libre puisqu'il était à présent considéré comme un adulte, s'était mis à nager plus loin, de plus en plus près des côtes. Il n'était pas idiot, il ne s'approchait pas des endroits très peuplés, non, il ne s'approchait que des îles. Et parfois, comme cette nuit, il découvrait une île minuscule et donc moins dangereuse pour lui parce qu'il était moins risqué d'y être aperçu par un humain.

Les humains ne savaient rien de l'existence des habitants des mers. Le peuple d'Amaël vivait dans les profondeurs des océans, des profondeurs inexplorées puisque bien trop profondes et dangereuses pour ces créatures attachées à la terre. Et les êtres marins préféraient que les choses restent telles qu'elles étaient, car ils se méfiaient des humains qui jetaient n'importe quoi dans leur bel habitat et prenaient leur nourriture. Ils avaient également connaissance de la violence qui hantait ce peuple, ils en avaient été témoins plus d'une fois lorsque des flottes entières comportant des armes et beaucoup d'hommes s'étaient engouffrées sur les mers pour se battre sur d'autres terres. Oui, le peuple pacifique des océans préférait garder son existence cachée. Cependant, ils ignoraient que parmi eux se trouvait un jeune triton particulièrement curieux, têtu, désobéissant et prenant un malin plaisir à enfreindre les règles dont la plus importante était de ne pas approcher les humains...

Amaël s'immobilisa dans l'eau et se concentra. Il possédait une ouïe développée, alors il écouta pour être sûr que la voie était libre. Pas de voix provenant des Hommes, pas de bruits autres que ceux de l'océan, des insectes et quelques animaux nocturnes. Il regarda partout autour de lui pour le peu qu'il pouvait voir, car sa vue était pareille à celle des humains lorsqu'il sortait la tête de l'eau, et comme eux, il ne distinguait pas grand-chose la nuit.

Il ne vit rien de particulier. La plage était déserte et la petite forêt du centre de l'île ne laissait pas apparaître de fumée qui aurait pu provenir d'un feu allumé. Alors Amaël nagea jusqu'à ce que le cours d'eau devienne si bas qu'il dût se traîner jusqu'à en sortir complètement. Allongé sur le sable, il attendit patiemment que son apparence change.

À chaque fois que cela se produisait, il savourait les délicieux picotements que la transformation lui procurait. Il avait cette impression d'être entre douleur et plaisir, et ces sensations incontrôlables qui prenaient part en lui, semblaient délicieuses. Il les sentait progresser lentement au creux de son corps, puis de plus en plus intensément le long de ses membres. Ses poumons se mettaient alors à fonctionner plus fortement que lorsqu'il sortait la tête de l'eau pour de courts moments, car ils se gorgeaient d'air. Ses branchies se lissaient et disparaissaient contre sa peau, ne laissant que de légères marques rouges. Sa queue semblait se déchirer, en commençant par les deux grandes nageoires, pour laisser apparaître deux longues jambes sans poils, accompagnées de petits pieds. Et le bruit de ses chairs qui se déchiquetaient lui sembla libérateur, un grand frisson le traversa et il en gémit. Deux jolies petites fesses rondes se montrèrent également, ainsi qu'un sexe d'homme de taille modeste, sans disproportion, ce qui paracheva sa mutation.

Les tumultes de l'océan.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant