Recueil d'os

Lettres

30 août 1914

Mon amour, ma fille,

Je suis parti hier seulement et pourtant, vous me manquez déjà ; mais je suis confiant, les boches ne vont pas tenir un mois ! D'ailleurs, dans le train, l'ambiance est heureuse ; ça chante, ça rit et ça joue aux cartes. Pas de doutes possibles, je sais que cette guerre ne durera pas !

Prends soin de ton mon amour, prends soin de toi ma princesse et travail bien à l'école ;

Bisous à vous deux,

Rémi Paix.

31 décembre 1916

Mon amour, ma sublime fille,

Un noël de plus passé loin des deux personnes les plus importantes de mon monde. Tu ne peux imaginer, mon bel amour, à quel point ce sentiment est puissant, le manque de vous. Tu ne peux pas imaginer, aussi, mon bonheur quand j'ai reçu ta lettre accompagnée d'une photo de notre princesse. Elle est si belle, c'est un ange encore innocent. Dis lui que je vais bien et que je suis heureux, que j'ai eu un imprévu mais que je rentre bientôt ; même si tu sais autant que moi que c'est faux. Tu sais, Al', j'ai peur. La relève arrive bientôt, je vais devoir de nouveau être en première ligne, j'ai envie de rentrer, de vous rejoindre. Tu sais, certains supplient les allemands de les blesser ou se font croire fous pour rentrer ; je devrais peut être essayer, non ?
Hier c'était un soir de plus où je ne dors pas, je me rappelle encore quand tu me tenais dans tes bras. Encore un soir où je m'endors sans toi sous la lune pleine, encore un soir où je t'écris pour évacuer le stress, encore un soir où je n'oublierais pas pourquoi tu me plais encore, encore un soir..., encore un soir...
Tu me manques et cette foutue guerre ne s'arrêtes pas. Vous me manquez. Heureusement que dans les tranchées nous sommes solidaires, sinon on serait tous mort depuis bien longtemps. En parlant de ça, faudra que tu rencontres mes amis, ils habitent près de notre ville.

Prends soin de toi mon bel amour, prends soin de toi ma princesse, en espérant que vous receviez cette lettre.

Avec amour,
bisous à vous deux mes mondes.

Rémi Paix.