Éclats

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Parce que les gens, les gens se lassent, alors peu à peu, on s'efface, m'voyez. On s'efface et à la fin, à la fin qui somme nous, plus rien, peut être une trace, une bribe, que sais-je, que dis-je et où suis-je ? Le temps passe et combien de temps encore, combien de gens encore vont partir ? C'est pas une question relative, ça n'a rien de vraiment très positif, on peut pas, on peut pas, on se casse alors, et ensuite ? Rien. Ensuite rien, parce que on ne sent rien, plus rien, jamais et c'est comme si tout était mort, mais non. Nous, eux, vous savez, on pense mourir alors, alors c'est une petite mort, alors c'est un effet, une illusion parce que l'on vit. Parce que c'est une image mais vous respirez, je respire, toi aussi. Alors on ne meurt pas, on cesse de fonctionner.
On s'efface.
C'est une nuance car, on peut être crevé, le montrer, le dire mais quand on crève, quand on crève vraiment, on n'ose pas dire. On n'ose pas dire avec des mots que le coeur saigne, et tellement qu'il semble écorcher à vif, qu'y a tellement, tellement à dire, mais que c'est tellement personnel, et qu'on intériorise. Voyez.. Voyez ça comme une putain de boîte. Une boîte fermée, très simple à ouvrir et qui renferme des tonnes, des tonnes de secrets. Ça attise la curiosité et on veut, on l'a veut cette boîte et on l'ouvre, et on dit les choses. On lit les secrets mais on ne voit pas le double fond, voyez.. Voyez ça comme.. Comme une farce, un faux sourire, comme un prétexte, une excuse. Une excuse pour se trouver. Alors on en dit, un peu, pas trop. On deal, on deal nos paroles, nos mots, nos secrets. Et on dit que tout va bien, et tout va bien.
C'est là haut, que y a.. C'est dans la tête. Dans la tête que tout dégringole, parfois.
Et on demande parfois, on le dit. Qu'on devrait se confier, qu'il faut se confier, et puis quoi.. Pourquoi ? Parce que on se confie et après.. Après quoi ? On se sent con, on se sent.. On se sent pas légitime de se plaindre parce que partout y a des gens qui souffrent, des gens qui se font tabasser, des gens qui pleurent, des gens qui meurent, qui se font assassiner.. Et nous ? On se plaint parce que.. Parce que quoi ? Pourquoi ? Quelle légitimité ? Quel intérêt d'avoir mal, de se plaindre ? Alors on dit rien, et je dis rien, et après je dis trop et pourtant parfois ça en devient pas assez. On croit, savoir, on croit toujours savoir, et on veut, on veut toujours savoir. Mais que sait-on ? Et, qu'en pense t-on ? Puisque parler, parler c'est un bien grand mot, un joli mot mais est ce que c'est facile de parler ? Parler pour ne rien dire, parler pour parler.. Parler pour vivre, pour aimer pour raconter.. Vous savez, parler. C't'important. De savoir comment on va. Et comme tu vas ? Et comment je vais, et est-ce sincère tout ça ? Et la question n'est-elle pas juste là pour sauver, pour faire semblant, comme la réponse, la réponse qu'on n'attend pas, qu'on connait, qu'on préfère connaître. Qu'on croit.. Qu'on croit parce que on croit toujours savoir les choses et des fois, souvent, parfois du moins, tout tombe. Et y a plus rien. Et un jour tout va bien, le lendemain tout s'effondre. D'accord, et après ? Le monde se reconstruit. Ne s'arrête pas, pas pour elle, pour lui, alors sûrement pas pour toi. Fait le tourner ce monde putain.
Faite-le tournez ce monde. C'est les autres qui l'arrêtent.
C'est pour ça qu'on s'efface, que tout passe, et que tout se casse, parfois. Et qu'on comprends pas, que j'comprends pas, que j'dis.. Que j'dis pas, j'attends, et, comme tout, comme elle, comme lui, parfois, parfois je me casse aussi, en éclats, de rire bien souvent, de larmes quelques fois.

Pensées nocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant