Chapitre trente-un : Homme de loi

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On l'avait traîné, sans la moindre discrétion, dans tout le ministère. Immobile mais conscient, Harry vit des flashs de lumières, entendit des cris de protestations et une tonne de questions mais personne ne s'interposa entre lui et les Aurors qui l'emmenèrent, sans douceur, jusqu'à l'ascenseur. On évacua l'habitacle à grand renfort de plaques policières brandies, de menaces d'amende et de bousculade et il se retrouva seul avec les quatre Aurors qui l'entouraient. Après quoi, il fut à nouveau traîner dans un sombre couloir qu'Harry reconnut sans peine : le département de la justice magique.

Il savait, pour y avoir été par le passé, que ce département n'était pas soumis à l'autorité du ministère, mais à celle du Magenmagot. Kingsley, aussi ministre d'intérim qu'il soit, ne pourrait donc rien faire pour l'aider. Malheureusement. Il allait se retrouver seul, exposer à un bureaucrate sombre et stupide qui avait eu l'idée totalement idiote d'arrêter le héros du monde sorcier. Et pour quel motif, d'ailleurs ? Parce qu'il était loup-garou ? Parce qu'il avait tué Voldemort à coup de griffes ? Il n'en savait rien et n'ignorait pas qu'on ne lui livrerait aucune information.

On le traina dans le couloir, pendant un long moment, sans la moindre douceur ni reconnaissance, comme s'il n'était qu'un vulgaire criminel. Puis il fut tirer dans une salle - d'interrogatoire vu sa petitesse, son unique table pourvue de deux chaises de chaque côté et les menottes qui entouraient l'une d'elle de manière menaçante. Harry ne fut pas surpris d'être dirigé vers cette chaise et son corps, pourtant figé, se tendit en percevant la proximité de chaîne en argent. Il voulut reculer mais était incapable de bouger. On leva le sort pour lui permettre de s'asseoir et il tenta de s'éloigner mais déjà, les chaînes s'enroulaient autour de lui, un grondement de douleur lui échappant aussitôt. Sa peau brûlait au contact des maillons froids et il tenta de s'y dérober mais chaque mouvement rendit le déplacement des anneaux plus douloureux. Résolu, Harry cessa totalement de bouger, retenant presque sa respiration face à la douleur.

« Bien, Potter, lui dit un homme qu'Harry ne reconnaissait pas. Je suppose que tu ignores pourquoi tu es là ? »

Harry ne répondit pas. Il n'avait rien de gentil à dire et préférait se taire tandis qu'il scannait l'homme en face de lui. Ce dernier était grand de stature mais maigre comme un clou. Nul doute que face à lui - et même face à un louveteau de cinq ans - l'homme ne ferait pas long feu. Mais pour lors, il était attaché et ne pouvait pas lui déchirer la gorge comme le voulait le loup torturé par l'argent. Alors il se tut, serrant les dents.

« Pas bavard, hein ? Oui, c'est un peu ta marque de fabrique, de ne rien dire... De cette façon, tu ne peux pas dire d'autres mensonges... »

Inconsciemment, Harry serra la main droite, une vieille cicatrice tracée à la plume l'élançant presque sous la phrase prononcée avec aigreur.

« Tu ignores sans doute qui je suis, lui dit l'homme. Je m'appelle Wilbur D'Arconis et je suis le directeur de ce département depuis que notre regrettée Amelia Bones nous a quittés... »

Très regrettée, Harry était d'accord avec l'homme en face de lui. Au moins, il était certain que Bones ne l'aurait pas enchaîné à une chaise, elle !

« Si tu es là, mon cher ami Potter, c'est parce que plusieurs preuves attestant de ta relation avec un présumé mangemort et alpha nous ont été soumises. »

Harry fronça les sourcils. Merde, il savait qu'il y aurait une fuite. Une fuite, oui, mais d'où, de qui ? Qui avait osé les balancer et comment cet homme osait-il justifier son incarcération sur une présomption ? Et en quoi une relation avec un présumé mangemort et alpha justifiait-elle une arrestation ?

« Je vois sur ton visage que tu ne comprends pas le rapport avec ta présence ici, n'est-ce pas ? demanda presque gentiment l'homme face à lui, s'adressant à lui comme s'il n'était qu'un enfant de cinq ans. Vois-tu, Potter, les alphas sont... interdits, dans notre pays. Nous ne leur autorisons pas le droit de séjour sur nos terres. Hors, nous savons que Draco Malfoy est ton compagnon et qu'il est - ou sera très bientôt - un alpha. Et nous ne doutons pas un instant que ton cher et tendre se cache quelque part, en Angleterre. »

Alpha Potentiel de Umbre77Où les histoires vivent. Découvrez maintenant