Le petit chaperon rouge

5 2 0
                                    

Sa mère venait de lui offrir son premier téléphone. Elle sauta de joie en tenant l'appareil électronique dans sa main droite. Leur chien, couché sur le sol, se redressa et lui lança un regard interrogatif, ne comprenant visiblement pas pourquoi elle était si contente. Sa queue se mit à bouger de droite à gauche quand la fillette poussa accidentellement une balle dans sa direction. La mère, vêtue d'un chandail bleu, souriait chaleureusement à sa fille. L'adulte se pencha pour être à la même hauteur que l'enfant et lui dit: « Vas t'assoir sur le divan, nous allons le configurer.» La petite fille lui obéit avec enthousiasme. Linda, la mère, la suivit et s'installa confortablement contre les coussins. Elle lui prit le téléphone des mains et appuya sur le bouton pour l'ouvrir. La fillette battait énergiquement des jambes. Assise sur le canapé, elle ne touchait pas le sol. En attendant que l'appareil finisse d'ouvrir, son regard balaya la pièce. Une télévision se tenait devant eux, sur un meuble en bois. À leur gauche, il y avait une cheminée en pierre rouge et à leur droite, on pouvait voir la cuisine. Les murs beiges ajoutait une atmosphère chaleureuse au salon. Lorsqu'Iris reporta son attention sur sa mère, le téléphone était allumé et les paramètres, déjà ouverts. « Maman, dit l'enfant, je veux Youtube.» L'adulte arrêta de tapoter sur l'écran et lui jeta un coup d'oeil. « Pourquoi voudrais-tu cette application?» Filos, leur chien, trottina jusqu'à eux, Il laissa tomber la balle, désormais dégoulinante de bave, sur le sol. Il s'assit et leur jeta un regard entendu. La petite fille se leva, lança la balle dans la cuisine,s'essuya la main contre le bas de sa robe rouge et se planta devant sa mère. «Pour regarder des vidéos plus facilement.» lui répondit-elle. Linda la fixa dans les yeux et céda. «Bien. J'imagine que ça ne pourra pas faire de mal à quiconque.» Elle le lui installa pendant qu'Iris se rasseyait sur le divan. Elle termina de tout configurer, puis elle remit le téléphone à sa fille. « Nous dînerons dans une heure environ. Je dois aller m'occuper de ton petit frère, Simon. Ne fais pas de bêtises et ne vas pas sur des sites douteux.»  Sur ces derniers mots, l'adulte se leva, alla dans la cuisine et disparut en tournant à gauche. Le fillette cligna des yeux et fronça les sourcils, embêtée. Elle ne comprenait pas. À quoi était censé ressembler un site douteux? Elle haussa les épaules et pianota sur l'écran de son nouveau téléphone. Son chien revint finalement. Il déposa sa balle devant le canapé. Il la regarda quelques instants avant de monter sur le divan. Il se roula en boule. Quelques secondes plus tard, Iris l'entendit ronfler. Elle lui jeta un coup d'oeil, puis retourna à ses occupations. Elle avait des vidéos à regarder. 

«Chérie, le dîner est servi.»  La fillette releva la tête et lança un regard étonné à sa mère. Était-ce déjà l'heure de manger? Elle n'avait pas vu le temps passer. Elle se leva, réveillant ainsi Filos, puis elle se dirigea vers la cuisine. Une grande table en bois était placée au milieu de la pièce. Dans le fond, il y avait le comptoir, le frigidaire et le four. La petite fille tira sa chaise et monta dessus. En face d'elle, son petit frère la regardait de ses yeux bleus en bavant. Sa main était pleine de sauce à spaghetti. Iris posa son téléphone à côté de son assiette et s'empara de sa fourchette. Linda lui versa du lait dans son verre et lança un regard réprobateur à l'appareil électronique. «Mon coeur, pas de téléphone à table. Vas le poser sur le meuble de télévision.» La fillette fronça les sourcils et pinça les lèvres. Elle le prit, sauta en bas de sa chaise et alla le déposer dans le salon. Elle revint, Filos sur ses talons, et se rassit à table. Le chien fit quelques fois le tour de la pièce avant de se coucher à côté de la chaise-haute de Simon. Un morceau de spaghetti tomba par terre et Filos s'empressa d'étirer sa langue  pour le ramasser. Il se lécha goulûment les babines  pour qu'il ne reste plus de sauce.

Le reste du repas se déroula sans encombre. Lorsque la petite fille donna son assiette vide à sa mère, elle lui dit soudainement: «Je voudrais acheter un jeu.» L'adulte lui jeta un bref coup et ouvrit le robinet. Elle déposa l'assiette sur le comptoir. Aucune des deux ne parla. On entendait que l'eau couler dans l'évier. Linda mit du savon, ferma le robinet, puis s'essuya les mains. Enfin, elle se tourna vers sa fille qui la regardait d'un air complètement sérieux. «Pourquoi voudrais-tu un jeu?» Iris croisa les bras et répondit: « Je l'ai vu avant de regarder une vidéo. Il avait l'air bon. Je voudrais y jouer.» L'adulte prit l'assiette et la déposa dans l'eau. Elle dit: « J'imagine que ce jeu coûte quelque chose?» L'enfant décroisa les bras et les laissa pendre le long de son corps. «Oui, mais ce n'est pas cher.» Linda soupira bruyamment. «Laisse-moi terminer la vaisselle et je suis à toi.» La fillette hocha la tête et partit vers le salon en gambadant.

Recueil de petites histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant