Chapitre 2

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L'officier Jung est venu le chercher 10 minutes après le départ de la femme. Ils prennent une voiture, une BMW cette fois. Le jeune homme ne s'intéresse pas plus que ça aux voitures, mais il sait reconnaître une voiture de luxe. Et il se pose la question de la profession, du rang de l'homme assis sur le siège du passager, toujours un peu de travers.

-"J'ai une question." Lance-t-il, luttant contre le sommeil.

L'officier lui jette un coup d'oeil, pour l'inciter à parler. Il a un regard aussi brûlant que terrifiant.

-"Comment m'avez vous retrouvé ?"

L'autre homme pince ses lèvres, puis dit :

-"On m'a prévenu que du jour au lendemain, un chanteur Coréen a complètement disparu de la circulation. Oublié, rayé de la liste. Plus rien sur internet le concernant, ni les médias, les musiques, etc. Typique d'une transmutation. Après, j'ai fait mon boulot... mais j'ai eu un peu de mal à vous cibler. Vous êtes mobile et imprévisible."

Jimin retient ses larmes qui lui noient la gorge, détourne le regard. Il commence à comprendre qu'il a bifurqué dans une voie à sens unique. Qu'il ne sera plus jamais chanteur.

Et lentement mais sûrement, une rage sourde et douloureuse naît au plus profond de sa cage thoracique, lui enfume les poumons. Une rage qu'il dirige vers ce type, qui aurait dû crever, ce jour là. Qui a ruiné sa vie.

Ça se voit sur son visage, toutes ces émotions qui le bouffent de l'intérieur. Et puis l'officier Jung est assez bon, dans ce domaine. Observateur. Il n'en a pas grand chose à foutre, que le jeune homme soit triste, mais il ne faudrait pas qu'il fasse une connerie. Il a fait suffisamment d'effort pour le retrouver, ça ne servira pas à rien.

-"Ça ne sert à rien de s'abattre sur son sort, Mr Park. Les décisions comme celle que vous avez prise ce jour là, font partie de celles qu'on ne regrette pas."

Jimin renifle, ne le regarde pas. Il s'endort rapidement, il a été debout toute la journée. Il n'a rien mangé. Il mange peu, en ce moment.

À son réveil, des bribes d'un rêve angoissant et plein d'oreilles de chat flottent quelques instant dans son esprit brumeux, avant de s'évaporer. Il ne sait pas ou il est. Allongé sur un lit pas très confortable, encore habillé, dans une pièce sombre qui sent le renfermé. La faim lui brûle l'estomac, il se demande combien de temps un humain peut vivre sans manger. Puis il se rappelle qu'il n'est plus un humain.

Une sorte de glapissement désespéré passe la frontière de ses lèvres, il se redresse. Il avise les contours d'une porte. Il ne l'ouvre pas, cherche à tâtons un interrupteur.

Ne trouve pas non plus, il sort son portable de la poche de son pantalon. Plus de batterie.

Il contracte très fort chacun des muscles de son corps, espérant que ça l'aidera à se détendre. Puis il ouvre la porte.

S'étend sur une centaine de mètres un long couloir plein de portes, il fait le rapprochement avec un vieil hôtel ou un hôpital désaffecté. Les battements de son coeur s'accélèrent, il pense qu'il va mourir d'une crise cardiaque avant de savoir ce qu'il est vraiment.

Des bruits de pas lui parviennent, se rapproche. Jimin se laisse glisser le long d'un mur, se recroqueville. Il n'arrive plus à maîtriser les tremblements qui secouent ses membres. Il sent une présence devant lui, essaye de se concentrer sur sa respiration. Il va crever.

En réalité, la peur est partie. Lui aussi se sent partir. Une main attrape son poignet, il se sent tiré vers le haut par une force surhumaine. Il lève les yeux, tangent mais debout. Un homme lui tient le poignet, le regard doux. Il est beau comme un dieu, typé européen, et Jimin se souvient de la femme qui s'est adressée à l'officier Jung, la veille.

L'homme aux plumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant