Chapitre 3: La rencontre.

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Les draps blancs pendaient sur la fenêtre depuis un long moment quand la jeune femme se décida à venir les chercher. Elle les attrapa avec force, les secouant avec détermination et les pliant avec soins. Elle les posa sur le bout du lit avant de se rendre compte qu’elle avait aperçu quelque chose d’étrange en prenant les tissus. Elle revint alors sur ses pas, ses sourcils épais et sombres froncés. Non, elle ne rêvait pas. Un étranger était allongé, endormi ou mort, au milieu de la place. Elle prit alors son élan et couru avec assurance jusqu’à la chambre royal. Elle laissa ses mains et ses bras tombés sur la porte, assénant des coups profonds, à s’en faire mal à la peau. Elle hurla si fort, qu’il était possible que toute la cité l’entende.

« Prince ! Prince ! Un étranger est dans la Cité. Un étranger au milieu de votre cours ! C’est urgent. »

Un jeune homme basané aux traits efféminés et cheveux ébouriffés, ouvrit avec surprise la porte de sa suite. Ses pupilles traduisaient le fait qu’il venait de se réveiller qu’il ne l’était même pas encore. Il surplombait la jeune femme de ce regard assassin, la poussant sur le côté, avant de s’aventurer dans les couloirs et de descendre les escaliers du palais à toute vitesse. Il sauta même quelque marche de son agilité étrange. En arrivant devant la dernière porte qui menait sur la cours, il pouvait déjà apercevoir l’inconnu affalé sur le sol. Il avança doucement avant que des gardes arrivent à ses côtés, l’entourant pour le protéger de quelconque danger.

« Prince, vous ne devriez pas vous approchez ! Ce doit être un mendiant. Il doit être pleins de maladies. Vous pourriez.. »

Le jeune prince releva sa main pour faire taire l’homme, il n’avait pas besoin qu’on lui dise ce qu’il devait ou faire ou non. Intrépide, jeune et ambitieux, il n’avait pas peur du danger. Il s’aventura alors sur la place, hésitant tout de même en arrivant à la hauteur de l’étranger. C’est sûr, le teint de ce dernier présageait qu’il ne venait pas d’ici, il ne connaissait pas le soleil plombant. Le prince s’agenouilla, attrapant avec force le bras de l’homme pour le retourner face lui. Il respirait. Pourtant, il avait l’air mort, ce teint pâle fît frissonné le prince. Comment ce sauvage avait pû arrivé jusqu’ici dans cet état ? La dernière fois qu’il avait vu un visage aussi blanc c’était le cadavre de son grand-frère tué de ses propres mains et enfermé dans un cachot durant deux années. Il rapprocha une de ses mains après avoir retiré son gant sous les narines du jeune homme. Il sentait cette respiration, faible mais présente qu’il le rassura encore plus. Bien qu’il était téméraire, le Prince venait tout juste d’avoir 18 ans. Malgré le meurtre passionnel qu’il avait commit sur sa propre famille, la vue d’un mort ne l’aurait pas laissé de marbre. Il en aurait peut-être songé durant des semaines ; encore un esprit qui serait venu le hanté.
Alors qu’il allait secouer le buste de l’homme sans aucune délicatesse, il croisa ses deux pupilles vertes, il avait ouvert les paupières doucement, comme s’il s’était endormi depuis des semaines voir des mois. Avait-il rêvé ? C’est ce qu’il se demandait vraiment quand au fond de ses miroirs, il vit une étrange lumière. Le retour à la réalité était compliqué. Lui-même venait de se faire réveiller par sa servante. Il pouvait comprendre. Mais c’était autre chose. Une lueur d’espoir. L’homme aussi s’était sans doutes cru mort. Cependant, il était en vie, affalé dans la cour du Prince.

« Que faites-vous sur mes Terres ? Présentez-vous. »

Le Prince essayait de paraître dur et autoritaire, il feintait d’être un dictateur puissant, alors que son cœur était plus sensible que celui de jeunes femmes. Il était infiniment bon même si certains en doutaient. Sa beauté transcendante égalée d’ailleurs cette infime bonté. Il n’y avait pas plus beau dans tous le royaume. Des cheveux noirs d’habitude coiffés en nattes ou dans un chignon, des yeux marrons en amande, des joues creuses, une bouche en cœur ; des traits si fins. Et par dessus tout, cette peau de sable, si parfaite, où se cachaient les défauts ? A ce moment là, pourtant, cette face faussement autoritaire le rendait laid. La méfiance ne lui allait pas. Il fallait pourtant le comprendre.
Un intrus était entré chez lui.

Aleksi Osmund; Le protégé des Dieux. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant