Chapitre 5: La prophétie.

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Ils étaient tous autour de la grande table. Askam et son conseiller aux extrémités se fixaient dans un long silence. Aleksi à la droite du Prince ne disait rien non plus. En face de lui se trouvait les parents du souverain. Il y avait les amis de la cour, notamment les parents du conseiller qui l’entouraient, et les autres qui lui était inconnus. Chacun mangeait la tête baissée dans son assiette, n’osant lever les pupilles sur le sauvageon. Lui se permettait, il les examinait minutieusement.

Déjà, Askam avait l’air fatigué, il n’arrêtait pas de bailler, levant les bras et ouvrant grand la bouche sans aucune gêne. Il avait les cheveux coiffés dans deux chignons qui le rendait plus jeune qu’il ne l’était. Il avait les yeux maquillés en amandes. Et au milieu de cette chevelure sombre, le petit diadème en or brillait. C’était la première fois que le rebelle voyait l’objet porté sur le souverain. D’ailleurs, il était aussi coincé dans une tunique en soie d’un jaune clair qui se mariait parfaitement à sa peau. Il avait un charisme extraordinaire pour un adolescent de cet âge. D’où pouvait-il tenir cette force ? Mais Aleksi jugeait qu’il y avait bien plus autoritaire que le Prince.

En effet, de l’autre côté de la grande table, la face de Sédyn était dure et fermée. Ses longs cheveux étaient coiffés en deux nattes qui tombaient sur chacune de ses épaules, à l’intérieur, on pouvait y voir des diamants, qui brillaient aussi fort que les bijoux autour de son cou et de ses doigts. Sa tenue était rouge, un rouge sanglant, qui fît mal aux yeux du rebelle, qui détourna rapidement son regard. Les mains du conseiller se refermaient avec force sur les couverts. Aleksi avait su rapidement que le garçon ne semblait pas l’apprécier. Très peu de personne d’ailleurs.

Les parents du Prince avait conclu que s'ils l’ignoraient, ils auraient l’impression qu’il n’existait pas. Ils ne lui adressaient pas la parole. Tandis que les parents du conseiller avaient choisit le mépris et ne cessaient de le fixer de haut.

Depuis combien de temps n’avait-il pas manger ? Les différentes saveurs se mirent à danser entre ses lèvres, rebondissant sur ses joues creusées de fatigue. Il ne portait plus aucune attention à ses regards trop inquisiteurs. Il n'était pas arrivé jusqu'ici pour se laisser déconcentrer.

De son côté, Askam était loin dans ses pensées. Il ne voulait se l’avouer mais cela faisait du bien qu’il se passe enfin quelque chose chez les Malges, et quelque chose qui n’impliquait pas une guerre ou des meurtres. Tout du moins, pas pour le moment. Ce matin, Sédyn avait réussi à le faire douter. Et si la Vallée venait à apprendre qu’il gardait un déserteur ? Qu’importe le nom qu’ils leurs donnaient là-haut. Et si une nouvelle contrée se monterait contre eux ? Tout deux avaient la parfaite connaissance qu’ils ne pourraient gagner.
Depuis plusieurs mois, les Malges avaient énormément de mal à subvenir à leurs besoins. C’était ce temps hostile qui devenait tous les jours une menace plus terrifiante encore. Jamais Askam n'avait connu un soleil aussi téméraire. Même durant la nuit, il pouvait sentir les gouttes de sueurs dévalées sur son visage couleur sable. Cela lui donnait envie de s'enfuir vers la Mer, qui lui manquait tant. Il lâcha ses couverts en argent avec entrain.

« Nous pourrions emmener notre invité voir la Mer, qu'en pensez-vous chers parents ?
- Vous n'y pensez pas, Prince... », soupira rapidement Sédyn, d'entre ses lèvres pincées.

Les parents du souverain avaient, tout comme leurs fils, cessé de manger. Amésia, la mère, fixaient de ses iris profondes son enfant. Il avait changé depuis l'arrivée de cet inconnu. Elle ne savait pas encore si c'était positif, mais quand était la dernière fois qu'elle avait entendu son fils parler de la Mer ? En fin de compte, elle se rendit compte qu'il ne parlait jamais aux repas. Il leur parlait de moins en moins. Elle l'avait souvent vu se perdre si loin dans ses retranchements, qu'elle pensait qu'il ne leur demanderait plus jamais rien. Elle haussa ses épaules, baissant ses cils qui lui donnait un regard toujours plus mystérieux vers les mains tendues de son mari. Cela pouvait être une bonne idée, mais elle savait que son époux voyait plutôt le danger que cela impliqué. Le peuple des Eaux n'étaient pas leurs ennemis, mais n'étaient pas non plus leurs alliés. Et puis, que penserez les Malges en voyant leur souverain se la couler douce en bord de Mer tandis qu'ils peinaient à se nourrir ?

Aleksi Osmund; Le protégé des Dieux. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant