Chapitre 49

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― C'est bien nous, constata Regina en fronçant les sourcils. Mais comment diable ont-ils fait pour prendre cette photo ?

Sur l'écran de son ordinateur s'affichait la une d'un magazine people qui la montrait debout dans son propre salon en train d'embrasser Emma dans l'embrasure de la baie vitrée ouverte. Le magazine titrait : Regina Mills lesbienne ? Qui est cette mystérieuse blonde ?

Le cliché avait été pris face au balcon de son appartement de Vancouver ouest. Or le balcon, situé au quatrième étage, donnait sur la rue et la plage et n'avait aucun vis-à-vis. Comment ce maudit photographe s'y était-il pris pour s'introduire ainsi dans son intimité ? C'était à croire qu'il pouvait voler. Regina fut heureuse qu'Henri soit retourné en Angleterre où il était à l'abri de ce genre de désagréments pour le trimestre à venir.

― Quand Spencer va voir ça, je vais me faire virer direct, commenta sobrement Emma.

La diffusion de la saison 5 venait de commencer avec des audiences record suite au battage médiatique qui avait entouré la prétendue romance de Regina avec son partenaire.

― Dire que ça commençait à peine à aller mieux, grogna Regina.

L'été avait été long et pénible. Elle avait dû calculer tous ses déplacements avec soin pour ne pas se retrouver suivie et assiégée jusque chez elle, protéger Henri des journalistes, ce qui avait impliqué de se montrer le moins possible en public avec lui – un programme peu réjouissant pour une fois dans l'année qu'elle voyait son fils. Elle n'avait pas pu davantage profiter du beau temps pour se promener à l'air libre avec Emma. Et en prime, il lui avait fallu supporter Cora pendant presque deux mois.

Sa mère s'était incrustée sous prétexte de s'occuper d'Henri, qui il était vrai se retrouvait livré à lui-même du lundi au vendredi pendant qu'Emma et Regina passaient quatorze heures par jour au studio, même si elles s'efforçaient toutes deux de rentrer plus tôt dès qu'elles le pouvaient pour profiter de sa compagnie.

Dans la journée, Henri était occupé avec son stage. Regina appréciait que Cora soit là pour garder un œil sur son petit-fils, veiller à ce qu'il soit rentré à une heure décente et à ce qu'il mange bien le soir. Mais en contrepartie, elle avait dû endurer la campagne de sa mère en faveur de Samdi.

― Tu serais bien mieux avec lui, Regina, argumentait-elle. Regarde comme ça te rend populaire ! C'est ce que les gens veulent.

― Je ne vais certainement pas sortir avec quelqu'un sous prétexte que c'est ce que les gens veulent, ripostait Regina agacée en haussant les épaules.

Il était déjà bien assez pénible d'avoir à en supporter les conséquences médiatiques sans avoir rien fait pour se les attirer. Regina avait vu passer sur les réseaux sociaux toutes sortes d'injures racistes, et contrairement à sa mère, n'était pas convaincue que le public au grand complet adorait l'idée de la voir sortir avec un homme noir. Mais certes, leur couple faisait le bonheur des libéraux, et la chaîne malgré les valeurs familiales d'arrière-garde qu'elle défendait, tenait à passer pour progressiste, d'où l'audace inouïe que représentait pour la production le choix de son partenaire.

Cela dit, au bout de deux mois de non-événements persistants entre Regina et Samdi en-dehors de leurs apparitions publiques commanditées, les paparazzi s'étaient lassés et les grilles du studio avaient retrouvé leur tranquillité habituelle. Peut-être l'annonce officielle de la grossesse de Mary Margaret susciterait-elle un de ces jours un nouveau pic d'intérêt mais en attendant, la meute s'était dispersée à la recherche d'autres scandales plus croustillants.

Et voilà qu'un petit malin apparemment ailé avait décroché le scoop de l'année. Gold qui savait toujours tout avant tout le monde venait d'en avertir Regina.

Le fruit défenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant