defi 3 : Sans toi mon amour

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Il est là. Voilà ce que m'annonce ma conscience, seule voix encore saine dans ma tête. Il est là, et il te regarde. Ne flanche pas. Ses yeux ne doivent pas t'émouvoir.

Tu t'es préparée. Tout ça, c'est de sa faute.

Il doit payer.

Approche toi. Le lâche qu'il est va reculer. Tu le sais. Ces sept ans n'auront pas été passés à ses côtés en vain. Tu l'aimes ou tu le hais? Il faut savoir...

Alors je m'exécute. J'avance. Il recule. Son regard plonge dans le mien. Je ne flanche pas. Sa bouche s'ouvre. Mes yeux le dissuade.

Le silence règne. Il est roi, laissant la Tension devenir son bras droit. Il est présent. Et elle aussi. Mais elle ne me dérange pas.

Elle ne me dérange plus.

Je l'attache à une chaise. Et je tue le Silence. Je prends le contrôle. La Tension épouse chaque coin de la pièce.

"Tu es là. Tu sais pourquoi tu es là. Ça n'est pas compliqué à deviner non? Ne répond pas. Ta voix m'horripile depuis qu'elle a formée le mot "salope".

Je ne veux pas me venger. Pas vraiment. Je veux juste que tu comprennes. Et pour ça, on va revenir au début de l'histoire tu veux? On commence toujours par le début. Sauf toi.

Tu lisais les livres en commençant par la fin.
Juste pour voir si ça fini bien. Tu détestais le danger... Ça ne doit plus trop te déranger maintenant? Ne répond toujours pas.

Mais moi, je vais commencer par notre premier baiser. Si tu avais su à quel point il a été important pour moi... Tes lèvres sur les miennes, enfin! Puis on est sortis ensemble. Du jour au lendemain, tu était mien, j'étais tienne. Juste comme ça.

Je n'ai pas compris tout de suite ce que cela impliquait. La souffrance, entre autre. La jalousie, trop vite venue. Je n'ai pas tout de suite compris ce que cette histoire d'adolescent allais entraîner.
A vrai dire, même maintenant, je ne comprends pas tout. Pas tout, mais suffisamment pour te détester. Oui, c'est ça, je te hais.

Donc nos quelques tribulations amoureuses n'avaient rien de dérangeant, rien de malsain. Jusqu'à ce que tu me chante une berceuse. Rien de grave. Pour une personne lambda. Cette berceuse, c'était moi. C'était la mienne. Tu avais fouillé dans mes affaires, et tu avais trouvé cette berceuse.

Tu a empiété sur mon espace privé, mon espace vital. Je peux te la chanter, si tu ne t'en souviens plus.

Que fait donc le chêne au fond des cyprès ?
Que fait donc le vieux sage si près ?
Que fait donc l'amour quand il sonne à ta porte?
Que fait donc la mort lorsqu'elle t'emporte?
Que fais tu donc à m'aimer comme ça?

Une simple musique, trois notes de rien. Mais si tu avais vu cette berceuse, tu avais vu les autres textes. Texte qui ne t'étaient pas destiné.

Puis la descente aux enfers a commencé. Savais tu que tu me faisais du mal?

Je ne pense pas. Je n'espère pas.

Je n'avais pas confiance en moi. Mais en toi... Tu aurais pu faire quoi que ce soit, je t'aurai suivi sans réfléchir. Tu a posé un bandeau sur mes yeux à la seconde où tu as posé ta bouche sur mes lèvres.

Tu m'inondais de compliments, tu me noyais de petites attention. Tes yeux bleus semblaient me dire toujours à chaque fois que nos regard se croisait.

Ça c'était l'amour. Ce qui a suivi était autre chose. Les compliments se sont transformés en piques. Chaque action que j'osais faire sans ton consentement direct était critiquée.

Tu m'as rabaissée, tu m'as insultée, tu m'as tuée à petit feu. Ce feu qui continuait malgré tout à brûler dans mon coeur. Pour toi, évidemment.

Et c'est aller de mal en pis. Plus de compliments. Je ne les méritais plus n'est ce pas? Que des insultes, des remarques rabaissante. Tu m'entrainais au fond d'un trou, d'une profondeur abyssal duquelle je ne pouvais sortir.

Et ça a duré sept ans. Sept longues années. Tu m'as quittée. Le dernier coup de couteau a été planté. L'effondrement a commencé.

Vois tu, toute la tension accumulée au fil de ces années, presque relâchée d'un coup m'a presque tuée. Je n'osais plus rien faire sans toi. Tu m'as détruite, et rendu dépendante à toi. Tu sais combien de temps il m'a fallut pour me remettre de ça? Sept ans. Puis encore trois à ruminer ma colère.

Je suis passée par presque toutes les étapes du deuil. Car pour moi, tu es mort. Ça va bientôt devenir littéral, tu t'en doute.
Il y en a sept. C'est quand même curieux toutes les coïncidences qu'il peut y avoir dans une vie.

D'abord, le choc et le déni. Les premiers jours surtout, quand je me réveillais, et que je voyais l'autre côté du lit froid. Puis la douleur et la culpabilité. Celle ci m'a accompagnée longtemps. Le marchandage, ensuite. Suivi de la dépression, et par la reconstruction. Il y en a que cinq. Parce que les deux autres, je compte bien les régler aujourd'hui. La colère d'abord. Oui, elle est encore en moi. Mais lorsque la dernière étape aura été faite, tout ira mieux.

La dernier étape. Celle que j'attends depuis si longtemps! L'acceptation. J'ai compris que pour accepter ce que tu m'as fait, pour que j'arrête de me raccrocher à ton souvenir bienveillant, il fallait que je te supprime de ma vie. Et pas que de ma vie. Du monde, de la vie de tous les autres.

Nous y voilà donc. N'essaye pas de crier. Personne ne viendra. Je vois la peur dans tes yeux. Tes si beaux yeux. Je croyais presque les posséder à l'époque. Ne t'inquiète pas, tu ne vas rien sentir! Un dernier mot avant ta mort?

En fait non! Je hais ta voix. Presque autant que toi. Tu es tellement impressionnable. Pourquoi as tu peur? De la mort? Mais tout le monde meurt!

Tu es prêt?

Que fais donc le chêne au fond des cyprès ?
Que fais donc le vieux sage si près ?
Que fais donc l'amour quand il sonne à ta porte?
Que fais donc la mort lorsqu'elle t'emporte?
Que fais tu donc à m'aimer comme ça?"

Et à la fin de la musique, le coup partit.







On verra bien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant