Obsessions Meurtrières...

|| Part 4 ||

Le malheur des personnes que nous aimons, même quand elles sont criminelles, nous fait toujours du mal.

Lorsqu'on aime une personne et qu'on a l'impression de la perdre à un moment donné, on est forcément prêt à tout pour la reconquérir, quelqu'en soit la difficulté. J'ai eu l'impression de la perdre à certains moments, j'étais prêt à tout pour remettre les choses en ordre, dans la mesure où elle me laissait la reconquérir. Ce que je vois à cet instant me montre que je n'ai plus rien à faire pour la reconquérir. Car chanceux que je suis, la nature m'a donné une seconde chance de tout refaire comme il faut avec elle.

Je me disais que l'appel du lieutenant ne présageait rien de bon, mais je me suis trompé. Au contraire, c'est au delà de mes espérances. Cet homme a été capturé, il va enfin pouvoir payer pour tout ce qu'il a fait subir à ma mère, pour tout ce qu'il m'a fait endurer. À chaque fois que tout allait bien, il faisait tout pour détruire mon bonheur, celui pour lequel j'ai consacré toute mon adolescence. 10 ans, ce n'est certainement pas assez pour que cette pourriture paie pour tous ses crimes. Non. Il lui faudrait toute une vie pour avoir non seulement le pardon de sa femme, mais aussi de ses enfants.
La sentence était presque prononcée, il ne restait plus que la parole du juge pour que ce soit confirmé.
L'attente sera longue, environ un mois pour le procès et le transfert dans une prison fédérale à Washington. Il sera loin, ça me rassure. Même s'il en venait à s'évader, car je sais qu'il en est capable, le temps de la propagation de la nouvelle, nous serions déjà partis mes frères, ma mère et moi. Vous devez vous demander pourquoi j'ai si peur de mon père, non, pourquoi me terrorise t-il tant ? Il est capable du pire, je le sais, voilà la raison. Je l'ai déjà vu à l'œuvre il y a quelques années, rien ne l'empêche de recommencer d'ailleurs.

- Ryan ?

Je reviens à moi et me rends compte que je suis dans un commissariat, des criminels, plusieurs agents, le lieutenant ainsi que les membres de ma famille restants. J'en ai même perdu la notion du temps. Je suis tellement heureux mais en même temps, je suis apeuré. S'il s'échappe, on est encore plus en danger. Mais je dois penser positif pour le bien de tous.
Un peu plus loin, je vois du coin de l'œil, ma mère s'effondrer. Elle pleure et tellement que j'ai peur de m'approcher, ce serait mieux de la laisser évacuer toute cette peine ainsi que ces lourds secrets qu'elle gardait au fond d'elle. Je suis heureux qu'elle le fasse enfin...

Après plusieurs heures passées au commissariat, il faudrait bien qu'on rentre et trouver comment l'annoncer à Nick et Erica.

- Maman ? Je pense que nous devons rentrer.

- Parlez le plus calmement possible à votre frère et laissez votre mère parler à votre sœur.

- D'accord. Merci beaucoup lieutenant, je vous en serai infiniment reconnaissant.

- Je vous en prie, c'est mon travail. Appelez-moi à chaque fois que vous aurez un souci.

Nous prenons la porte puis nous rentrons.
Arrivés à la maison, je pris aussitôt l'initiative de parler à Nicolas, et maman à Erica. Ils sont tout de suite dévastés par la nouvelle et n'arrivent pas y croire. Le malheur des personnes que nous aimons, même quand elles sont criminelles, nous fait toujours du mal.

Plus les jours passent, plus je suis inquiet de l'état de santé de ma mère. Elle ne parle presque plus, elle mange à peine et s'enferme tous les jours et pendant des heures dans la salle de bain. Je devrais lui parler pour qu'elle accepte de parler à quelqu'un.

Ce matin au travail c'est tendu. Je ne pense qu'à ma mère, et il y a une réunion tout à l'heure étant donné l'incarcération de mon père. Et ça me fait penser que je n'ai pas revu Sarah depuis quelques temps. Au boulot, elle travaille dans une autre aile du bâtiment. Je pense que je devrais l'inviter à dîner ce soir, pour qu'on se détende. Je sens que cette journée sera stressante.