#48 Entre cauchemar et réalité

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Emma

Alan avait raison. Le gang adverse est bien présent et ils analysent tous mes faits et gestes. Ça m'énerve. Alan aussi, il l'a remarqué.

J'ai vu Alan lors de mon deuxième combat. Les bras croisés, il était affalé contre le dossier du gradin le plus haut. Il ne me quittait pas du regard, quand Serge m'a félicité non plus. Je ne pensais pas qu'il viendrait au tournoi.

" Embrasse-moi," m'a-t-il demandé quand je suis venue le trouver. "Y a des gars qui te dévorent des yeux. Ils pourraient être dangereux."

J'ai refusé, même s'il avait de bons arguments. Je sais me défendre. Et puis, si je devais embrasser quelqu'un dans la salle, ce ne serait pas lui. Je reviens près de Mike. Je vois qu'il se pose des questions, cependant il ne me demande rien. J'aime ça chez lui : il sait quand parler ou non.

" Bon, vous avez assez attendu," me surprend Serge dans le micro. " Les six finalistes vont venir s'affronter sur le ring. Tous en même temps."

Un brouhaha le coupe dans son annonce. Mike soupire longuement et je dépose ma main sur la sienne. Il stresse, et ce depuis le début de tournoi.

" J'espère pour vous que votre binôme est compétent," continue Serge. " Si l'un des membres du binôme est éliminé, le binôme perd automatiquement et sortira du ring... enfin, seulement le premier. Les deux binômes finalistes continueront de s'affronter comme d'habitude : jusqu'à ce que le binôme au complet abandonne ou soit K.O. J'appelle maintenant les trois binômes finalistes sur le ring. Et je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour eux ! "

Nous descendons. Avant de monter sur le ring, je murmure à Mike qu'il peut compter sur moi pour le rassurer. Ça a l'effet escompté. Il m'offre un sourire sincère et il me suit sur le ring. Les deux autres binômes nous rejoignent. Nous nous serrons tous la main et l'arbitre nous demande de nous mettre en position. Je me mets dans le coin du ring le plus proche, accompagnée par Mike. Les autres groupes font de même et le coup de sifflet retentit. Il y a d'abord des échanges de regard, l'action vient ensuite. Les deux binômes s'avancent vers nous, comme s'ils s'étaient concertés avant le match. Nous sommes leur cible.

"Si tu as besoin, crie. Je t'aiderai," lui soufflé-je avant d'avancer.

Je prends une grande inspiration et évite le premier coup. J'attrape le bras qui essayait de m'attaquer et le tords. Je reçois un coup dans l'abdomen, mais je ne lâche pas ma prise. Je resserre mon emprise. Ce dernier arrive tout de même à se libérer, grâce à l'aide de son coéquipier. Je reçois un poing dans l'abdomen et recule immédiatement. Mes côtes me font souffrir, mais je garde mes positions. Mike vient se positionner à mes côtés.

Les attaques s'enchaînent. Nous en recevons quelques-unes, jusqu'à ce que j'arrive à attraper le bras de l'un de nos adversaires. Je le tords et grimpe sur son dos. Je serre mon emprise autour de sa gorge tandis que son coéquipier me rue de coups de pieds. Trois coups. Le sifflet retentit. Il a abandonné. Je le libère et il dépose immédiatement ses mains autour de sa gorge. Son binôme jure, mais il ne peut rien changer : ils sont tous les deux éliminés. Mike vient immédiatement près de moi et m'aide à me relever. J'ai mal.

"C'était risqué... Comment tu vas ?" s'inquiète-t-il.

"Je sais continuer."

L'arbitre siffle une deuxième fois. Le match reprend. Mike se positionne devant moi, et les deux adversaires avancent. Je me mets à ses côtés tandis que Brice s'approche de moi, un sourire carnassier sur ses lèvres.

"Alors, comme ça, les rumeurs étaient vraies. Tu es bien trop résistante !"

J'esquive son coup de tête, mais ne vois pas ses jambes faucher les miennes. Je tombe lourdement à la renverse.

"Les Snikes devraient apprendre à la fermer."

Il s'apprête à cogner brutalement ma tête, mais j'évite de justesse. Je balaie ses jambes et lui assène un coup de pied dans les côtés. Une grimace. C'est tout ce que je récolte. Il me saisit et me jette sur le sol. La douleur se propage brutalement, partant de ma cheville. Merde. Je me relève, mais pas assez rapidement. Il m'attrape et enserre mon cou avec son coude. Je balance ma tête en arrière, lui faisant lâcher son emprise. Un coup de poing sur la joue. Un autre sur la tempe. Un près du sternum. Il crache ses poumons tandis que je m'éloigne. Du coin de l'œil, je vois Mike dominer son combat. Mais je n'ai pas le temps de bien regarder. Je dois me dépêcher. Je bouge, je ne le laisse pas me toucher. Ma cheville me brûle, mais je continue. Il faut que je gagne ce combat... il faut que je gagne l'argent qu'il y a comme récompense. Je repense à Seb. Ses enseignements. Je pourrais jurer l'entendre crier.

Je reçois un coup dans les genoux. Ils plient. Je me remets immédiatement en position. C'est bon. Je suis prête. J'esquive ses deux attaques et lui assène ce que je peux. Je bouge. Je l'essouffle. Je m'essouffle, mais je tiendrai. Ma cheville me crie d'arrêter, mais je l'ignore. Je continue de sautiller et de le faire tourner en bourrique. Un coup à gauche, un coup à droite. Il enrage. Il se met en colère : je dois profiter de cette faille. Je glisse lors de son attaque, attrape son poignet et lui assène un poing dans la joue. Il s'effondre par terre tandis que l'arbitre siffle. Mickey a gagné ? Non. Ce n'est pas l'arbitre qui siffle... Ce sont les alarmes incendies. Il y a de la fumée, en haut des gradins. Tout le monde évacue, mon adversaire en premier. Serge fait de grands gestes, montre les sorties à tout le monde.

"Je veux pas mourir Emma... Papa ! Maman !"

La voix de Sam me hante. Je suffoque. Les cris font trembler mon corps tout entier et les larmes viennent. Les souvenirs compriment ma poitrine. Je revois l'avion sombrer, la sensation de vide, les pleurs, les cris de Sam et des autres passagers. Je me souviens de la main de Tyler qui agrippait la mienne.

"Emma !"

Mes pieds ont quitté le sol. L'avion va s'écraser, ça y est. Je ferme les yeux, attendant l'impact. Mais il n'arrive jamais. Je me sens toucher quelque chose de doux. C'est de l'herbe. J'ouvre un œil et puis l'autre. Devant moi, Mickey s'affole.

"Qu'est-ce qui t'a pris de ne pas bouger ?"

"Je... Je sais pas. Je..."

Il soupire longuement et passe sa main dans ses cheveux. Il dépose ensuite un regard doux et s'assied à mes côtés.

" Tu m'as fait peur imbécile..."

Il me prend dans ses bras et je dépose ma tête contre son torse. Tout va bien. Tout va bien. Et pourtant, mon cœur bat à tout rompre.

"J'ai peur du feu..." lui expliqué-je en un murmure. "J'ai été paralysée... Je suis désolée. "

"Ce n'est rien. Tu es saine et sauve, c'est le plus important. "

J'acquiesce et ferme les yeux. Il y a trop d'agitation. Je veux partir d'ici. Je veux partir en courant, peu m'importe ma cheville douloureuse. L'odeur de fumée me donne la nausée. Aujourd'hui, je n'ai pas cessé de faire des allers-retours entre l'île et la vie réelle. Je suis à bout de forces. Je ne veux plus revivre ces souvenirs.

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Voilà le chapitre 48 😘

J'espère qu'il vous a plu ❤

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