My New Life |° En Réécriture °|

#29 Liens

Emma

Je me réveille en sursaut. La main plaquée contre la cicatrice de mon cou, je rythme tant bien que mal ma respiration.

Les souvenirs... Parfois je me demande si ça n'aurait pas été mieux que je perde totalement la mémoire. Je ne me réveillerai pas en sueur, au milieu de la nuit. Je ne ressentirais pas cette culpabilité oppressante. Mon esprit serait libre. Je serais libre. Je m'assieds contre la tête de lit tout en serrant Nounours contre moi. Je déverrouille mon portable et compose par automatisme le numéro d'Alan. Après deux sonneries, il répond.

" Salut, qu'est-ce qu'il y a ? "

" Je... je sais pas pourquoi je t'appelle..."

" Encore des cauchemars ?"

" Oui."

Un silence suit et puis, quelques notes de piano grésillent au bout du fil. Il me joue la primavera de Vivaldi. Il sait qu'elle me calme. Je l'écoute, appréciant le moment.

Bien que je n'aime pas avoir de ses nouvelles parce que ça rime toujours avec travail, il est toujours présent quand j'ai besoin de lui.

Dès que le morceau est terminé, je pourrais jurer l'entendre sourire de fierté. Cette partition est compliquée, mais il arrive à la jouer.

" Merci beaucoup."

" Si tu veux, on peut rester en appel, ça ne me dérange pas. "

" Tu devrais aller dormir. Pourquoi tu es toujours éveillé et prêt à répondre ?"

" Tu es un de mes contacts prioritaires. Même si je suis en mode " ne pas déranger", mon portable sonnerait quand même. Et puis, je vis plutôt la nuit, tu le sais bien."

" Merci. "

" Arrête de me remercier et va dormir. Tu as école demain, non ? "

" Oui. "

" Allez, dors bien. Tu peux me rappeler si ça ne va pas. "

" D'accord. Bonne nuit. "

Je raccroche en première et ferme les yeux. Ma relation avec Alan est très étrange, mais ça me va comme ça. Je ne ressens rien pour lui et inversement. Disons plutôt qu'il m'a prise sous son aile. C'est en me remémorant nos souvenirs que je m'endors pour la deuxième fois de la soirée.

**

Sabine est assise à côté de moi lorsque j'ouvre les yeux. Elle caresse tendrement mes cheveux comme le faisait maman.

" Salut ma belle, tu veux aller en cours aujourd'hui ?"

Je me redresse et acquiesce. Je dois bien avoir mon diplôme de rhétorique pour pouvoir entrer à l'université.

" Ne te sens pas obligée d'y aller. Stefan peut très bien reprendre tes feuilles si c'est trop dur pour toi. "

Je refuse d'un signe de tête. Je veux y aller et réussir par mes propres moyens. C'est ce que mes parents auraient voulu.

Sabine m'offre un grand sourire en se levant, me disant implicitement qu'elle est là si besoin. Elle est gentille et attentive.

Elle sort de ma chambre et je m'habille avant de descendre. Elle est assise aux côtés de Stefan et de Clément.

" Mickey n'a pas dormi ici ?" m'étonné-je.

" Non, comme ses parents sont revenus, il les a accompagnés chez eux. "

Je prends un bol de céréales et Stefan me tend le lait. Je le remercie d'un mouvement de tête et vide le contenu dans mon bol.

Nous mangeons tranquillement et je pars en même temps qu'eux à l'école. Devant les portes, Evan m'attend. En le voyant , je me souviens que nous avions prévu de boire un verre après les cours. Après un bref salut, nous allons déjà devant notre salle de classe.

" Je suis contente de t'avoir trouvé," commencé-je. " Je voulais te dire quelque chose. "

" Accouche. "

" Le frère jumeau de Léa est ici. C'est Mike, de notre classe... je l'ai croisé hier sur sa tombe."

Evan me sourit tristement. Parler de Léa doit certainement le peiner plus qu'il ne le montre. Après tout, il l'aimait réellement.

" Tu lui as rendu sa montre ? "

J'opine du chef. Je lui avais promis de rendre cette montre à sa famille. C'est chose faite. Il me remercie et s'adosse contre le mur.

" Est-ce qu'il sait qu'on y était ? "

" Je suppose qu'il va bientôt s'en rendre compte. Enfin, pour moi en tout cas."

" Et ça ne te dérange pas ?"

" Si. Je n'ai pas envie d'être catégorisée comme une chanceuse qui a survécu. J'espère simplement que Mike est assez intelligent pour ne pas faire ce genre de réflexion. "

Evan approuve d'un signe de tête. Il sait très bien ce que ça fait. Après tout ce qu'on a vécu, toutes ces atrocités... nous définir comme chanceux n'est pas approprié. Car nous ne sommes pas chanceux. Si on l'était, on n'aurait pas survécu au crash de l'avion car ce n'était rien en comparaison de ce qui a suivi.

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Voilà pour le chapitre 29 ❤

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