Ivresse

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A la clarté d'une nuit vendémiaire
Aux senteurs safranées
Je découvrais ton visage.
Délicieux souvenir
En mon esprit construit
Dont le fruit mur avait germé.
L'éclat vif du ciel éveillait en mon âme
De rougeoyantes douceurs.

Alors, l'opaline perça la terre
Et berça en mon cœur
Les ombres facétieuses
Qu'éclairaient de pâles chandelles
Cristallisant nos mains
Et la ferveur de mon étreinte.

Les lumières au plafond défilaient
Sous l'œil du poète amoureux
épousant la courbe de nos entrelacs
Sous une lune qui rêve.

La nuit carnassière portait en son ventre
L'ivresse de ta chaire.
Ma soif en d'autres liqueurs épanchée
Se noie.
Tes yeux, torpeurs abyssales
Virent naître l'aurore sur ta peau d'albâtre
où germèrent la nuit durant
l'ardeur de mes lèvres bleues.

Derrière les verrières d'un beau songe
De baisers déposés,
Les brumes cotonneuses soulevaient leur robe
Valsant dans leurs étoffes poudrées.
La calice, à tes lèvres portées
Revêtissait l'ether
du teint pâle des soleils d'hiver.

Sous le crépuscule
Les dernières couleurs de l'automne
S'étaient évanouies
Et en moi le vide,
D'une chambre trop pleine
Érigea son trône.
Aux vœux délétères
D'un monarque sans pouvoir
Tu règnes sur ma raison.

Mais le blé aux saisons
courbait la tige
Et sous les vents frimaires
Émergea un Léviathan plus grand
que toute créature jusqu'alors
Qui endeuille mon cœur.

L'âme aux fenêtres
à l'aube de nuits sonores
Les ombres volages dansent encore
dans la cendre chaude
Qu'assoiffe le ruisseau.

Et la brume et le givre,
et l'espoir et l'attente
Ont épargné mes rêves
Qu'enferme une cage de verre.

La jambe nue, je m'endors
Au creux de ta hanche.

Soleils d'hiversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant