Chapitre 2

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Chapitre 2

Préparant ma dernière valise ainsi que mon carton, je dis au revoir secrètement à ma chambre dans un silence. Il y a quelques jours j'ai eu mes dix neuf ans et par conséquent, je dois maintenant quitter l'orphelinat. Je prépare déjà mon départ depuis plusieurs mois, dès les épreuves de terminales finies j'ai pu me trouver un appartement et rentrer dans l'école que je voulais. Madame Park a insisté pour qu'elle m'aide financièrement pour le début, étant toujours ma tutrice. Je n'ai rien eu à dire, et c'est vrai que cela m'aide pas mal. Avec du travail, je réussirai peut être plus tard à avoir une bourse et pouvoir me suffire financièrement, qui sait ?

Le petit camion loué pour mon déménagement attends devant la maison pour les derniers cartons et je descends lentement les escaliers de la demeure.

- Toujours aussi lente ?

Madame Park m'attends au pas de la porte, ayant sûrement discuté avec le chauffeur qui s'en est allé avec les derniers bagages. Elle n'a pas vraiment changé, à part cette frange qu'elle s'est faite qui la rend un peu plus jeune. Son mince tailleur est serré autour de sa taille et ses cheveux appliqué dans un chignon haut. Ses talons claquent le sol quand elle s'approche pour venir me faire un câlin, laissant tomber mes sacs. Sa tête se pose sur mon épaule et je relâche mon cou pour laisser tomber la mienne. Mes dents commencent déjà à mordre ma joue quand je sens mon épaule s'humidifier tout doucement.

- J'aurai préféré que tu sois adoptée plus tôt, je m'en excuse.

Son torse tressaute contre le mien et je l'entoure finalement de mes bras. Je ne dis rien et regarde son collier de perle en la laissant se calmer.

- Vous avez toujours été une mère pour moi, Madame Park.

- Oh je t'en prie, si j'avais été une mère tu ne m'appellerais pas Madame.

Je laisse échapper un rire en sentant ses bras se détendre et me lâcher. Elle se redresse, réajuste sa veste et me regarde fièrement.

- T'as intérêt à trouver vite fait un boulot. Je serai pas toujours là.

Je lève les yeux au ciel et souris malgré moi.

- Promis.

Ses yeux encore humides me regardent avec tendresse puis un klaxon retentit dehors, me rappelant qu'il faut que j'y aille. Elle me tapote l'épaule qui est maintenant mouillée, feignant la nettoyer et me fait un signe du téléphone.

- Appelle-moi en cas d'urgence d'accord ? Non, en fait appelle-moi assez souvent. Je veux avoir des nouvelles tous les jours. Attention aux garçons, ne sors pas la nuit seule, et mange bien !

Je lui souris et lui tire la langue en courant dehors avec ma valise.

- Ça c'est pas sûr !

Le temps qu'elle me rattrape je suis déjà à la fin de l'allée et monte dans le petit camion, ma valise à la main. L'homme me regarde étrangement et je détourne le regard, serrant mon petit sac contre moi. Ça ne cessera donc jamais.

Arrivée à l'appartement

L'homme m'aide gentiment à porter mes cartons. Commençant par les plus lourds, je l'aide en montant l'escalier de l'immeuble. Le quartier est près du centre, pas trop mis à part mais pas non plus trop visité. Il fait beau aujourd'hui, et c'est bizarre pour moi d'enfin voir du soleil. La plus part du temps, quand je me préoccupe du temps dehors, il pleut ou il se mets soudainement à pleuvoir. Baissant un peu la tête, je m'attends à recevoir quelques gouttes d'eau sur le front mais rien ne vient. L'homme qui avait la trentaine d'année, me regarde bizarrement et finit par faire tous les cartons seul, me laissant dans ma rêverie. En m'égarant encore, je remarque que le quartier est très calme, plutôt bien entretenu car les fleurs sont parsemées un peu partout dévoilant une panoplie de couleurs ; les maisons se ressembleraient presque, les murs sombres du gris au noir, leurs toits abimés par la pluie et toutes les péripéties qui ont dû arriver dans le passé. Les seules choses qui changent sont leurs portes ou leurs paillassons d'entrée. La forme est presque la même partout, rectangulaire.

Suga's Crazy GirlWhere stories live. Discover now