Chapitre 1

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Chapitre 1

Sous ma couette, je me relaxe et gigote pour trouver un peu plus de chaleur autour de moi. Mes paupières sont lourdes et je peine à les ouvrir en entier pour voir les autres enfants courir dans le couloir, ma colocataire de chambre n'ayant pas refermé la porte. Je ne sais plus pourquoi ils s'agitent autant ce jour là mais c'est encore flou et bordel ça me mets de mauvaise humeur. Je roule des yeux quand je n'entends plus ces bruits de pas incessants et me retourne pour me rendormir. Malheureusement, ma colocataire n'y voit pas de cet œil car elle reviens courir dans ma chambre. De son petit poids léger, elle saute sur moi et m'enlève la couverture.

- Lève toi ! C'est Noël !

- Pas envie, laisse moi Sakura..

- Tu dois venir !

Je rouvre mes yeux avec peine et observe la fillette de huit ans me regarder avec son grand sourire cassé, son pyjama bleu ciel et ses longs cheveux noirs japonais.

- J'arriverai après. D'accord ?

Elle hoche de la tête et s'enfuit en courant. Je me penche et ramasse ma couverture pour m'enrouler dedans et m'asseoir sur mon lit en tailleur. Mes yeux s'habituent finalement à la luminosité de la chambre et je l'observe une cent-trente-et-unième fois.

Le bois est présent partout, deux tapis vert et bleu au milieux de la chambre, le lit de Sakura, bleu aussi ; et la même fenêtre morose où les perles d'eau coulent le long de l'autre coté de la vitre. Toujours. Mais comme d'habitude, elle m'aide. A croire que j'ai commandé de la pluie à chaque endroit où je vais.

Le visage bouffi, je me lève et garde ma couette. J'avance, pieds nus, sur le parquet froid et rejoins le couloir ouvert jusqu'en bas, passant par l'escalier droit amenant à la pièce de vie. Ces même tableaux familiers, ce cochon qui tient une pomme dans sa bouche pour poser, Jambon, le cochon de l'orphelinat. Parce que oui, je suis en orphelinat.

Je finis les dernières marches de l'escalier et rejoins la pièce à vivre sur ma gauche. Un grand sapin près de la cheminée se tient, remplis d'une douzaine d'enfants autour, affichant des sourires heureux. Au final, je suis la seule, l'ainée de l'orphelinat dans lequel ils ont bien voulu me prendre. Le seul. En même temps, qui voudrais d'une tarée comme moi.

J'observe les enfants s'agiter devant les cadeaux et les secouer en essayant de deviner ce qu'il y a à l'intérieur. Je m'assois sur le canapé en coton tout mou et apprécie les visages heureux sur leurs faciès.

- Regarde, Su Yeon ! Celui là est pour moi !

Sakura s'approche de moi en trottinant, montrant un paquet léger tout violet, surmonté d'un ruban bleu. Je grimace, en essayant de ne pas me rappeler pourquoi elle est ici. Elle est originaire du Japon, et savoir qu'elle a atterrit ici en Corée pour une raison peut être pire que la mienne me donne la gerbe. La nausée, pardon. D'ailleurs, elle n'est pas la seule, plusieurs de ces enfants en sont originaires.

Je souris finalement devant son beau visage et l'aide à ouvrir son paquet.

- C'est une licorne !

- Elle est très mignonne ! Mais j'avais dit que l'on n'ouvrait pas les cadeaux avant le petit déjeuner ! Donc on remets tout ça où c'était et on va manger !

Je lève le regard sur notre tutrice et mère « d'échange » comme je le dis. J'observe sa tenue, toujours parfaite, rien qu'à regarder son tailleur beige ajusté à sa taille et ses talons assortis. Ses longs cheveux bruns se tortillent élégamment autour de son cou. La seule chose qui contraste, c'est sa cuillère de bois qui s'agite dans les airs pour nous faire déguerpir. Sakura dépose son paquet et s'en va en courant dans la grande salle à manger. Celle-ci se retourne après le passage des enfants et m'offre un sourire accueillant.

Suga's Crazy GirlWhere stories live. Discover now