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Et encore rien dans celle-là... C'est la seizième poubelle où il n'y a rien à manger. Si ça continue je vais encore sauter un repas ce soir... Mais il ne faut pas que je baisse les bras, la prochaine sera la bonne ! Moi, Tsuisuto, j'ai un rêve. Réussir dans ma vie, en partant de rien.

Je suis née dans la rue, et de ma naissance à mes 3 ans, des familles dont je ne me souviens plus des visages m'ont élevées chacune leur tour, chacune m'abandonnant au bout de quelques temps, pour des raisons financières ou autres. J'étais comme un animal de compagnie, donc ils n'avaient que peu de remords à me donner à d'autres, en ne se préoccupant pas de ce qui allait m'arriver. Je ne leur en veux pas, ni maintenant, ni avant, car je ne suis jamais tombée sur de mauvaises personnes non plus, ils ont tous pris soin de moi dans la période où ils me gardaient. Et c'est pour ça qu'à mes 3 ans, j'ai décidé de ne plus nuire à personne, et de vivre seule, retournant là où j'étais née, à la rue.

Mais je ne comprenais pas encore l'ampleur du défi. Une gamine de 3 ans comme moi était peut-être beaucoup plus autonome que les autres enfants de son âge, mais ce n'était pas suffisant encore, et même si j'avais réussi à trouver des moyens de survivre dans l'ombre des rues commerçante, ramassant les restes que personne ne voulait, l'hiver est arrivé.

Le froid intense, la pénurie de nourriture, je ne pouvais plus vivre dehors, et à bien des moments j'ai cru mourir en dormant. J'ai donc décidé d'aller frapper chez une personne au hasard, et celle-ci a bien voulu m'accueillir pendant l'hiver.

C'était une vieille femme, récemment passée veuve, qui s'ennuyait beaucoup. La seule occupation qu'elle avait était de regarder la télévision qu'elle captait grâce à un sort pirate détournant les flux magiques par lesquels passaient tous les programmes télé. La vieille femme disait avoir appris la magie dans sa jeunesse, et était même encore très douée actuellement. Mais elle ne me m'a jamais fait de démonstration, prétextant que ça ne m'intéresserait pas. Nous avons donc passé cet hiver devant la télé. C'est là que j'ai découvert les animés. Quand elle s'endormait devant la télé, je changeais de chaîne sur le poste de télévision, et je regardais les épisodes diffusés dans le désordre de Maruto, des Cubes du Dragon, ou autres Beach. Ceux-ci m'ont appris que rien n'est insurmontable, et que le respect de son prochain, ami ou ennemi, est une des choses les plus importantes au monde. J'étais jeune, et je ne connaissais pas encore le côté cruel des gens dans la réalité, mais je croyais fermement toutes ces morales niaises. Et pour être honnête, j'y crois toujours un peu au fond de moi.

Mais pour en revenir à la gentille vieille femme, un jour, quand le printemps est arrivé, elle m'a dit que le lendemain, je devais partir tôt le matin, sans l'attendre, et que surtout, peu importe ce qu'il se passait dans ma vie, il ne fallait pas que j'abandonne mon combat pour la vie. « Bien sûr que je n'abandonnerai pas ! » lui ai-je répondu, et elle m'a remercié en retour.

Le lendemain, je suis partie, retournant à la rue, apprenant plus tard dans la journée par le brouhaha ambiant qu'une vieille veuve a été retrouvée morte dans son sommeil, et que sa maison était à vendre. Plus rien ne me retenant dans cette ville, j'ai décidé de partir pour la capitale. Parce que j'avais plus de chance de survivre ? Non. Parce que je voulais partir à l'aventure ! Le trajet fut périlleux, mais le jour de mon anniversaire, le 24 mars, je suis arrivée à la capitale, Kephalis.

Maintenant ça fait environ 5 ans que je suis ici, et j'ai toujours vécu seule, en parlant au moins de gens possible. Je n'ai jamais réussi à intégrer une communauté, ne sachant jamais comment m'y présenter. Et de toute façon, je me débrouille très bien seule ! Même si ça fait deux jours que je n'ai pas mangé une seule miette... Mince je me suis assoupie ! Je ne m'en étais pas rendu compte ! Bon et bien on y retourne !... J'essaie de me lever mais je retombe directement dans les ordures... Et mince j'ai la tête qui commence à tourner... Faut que... Je parte... Et je m'évanouis...

Je me réveille... Un plafond inconnu au-dessus de ma tête.

« -Ne bouge pas de trop, faut que tu reprennes des forces.

C'était la voix d'une femme, douce et protectrice. Une voix que n'importe qui écouterait sans discuter ou contredire pour ne pas manquer de respect. Une voix qui ne veut que votre bien. Enfin c'était l'impression que j'avais quand elle me parlait. Elle m'a expliqué qu'elle m'avait retrouvée dans ses poubelles, et qu'elle m'a tout de suite rentrée parce que j'étais dans un état critique. Apparemment mon corps n'a pas supporté 48H sans manger... Il faut dire que ça fait pas mal de temps que je mange juste des reste de pain... Heureusement que je suis tombé sur cette femme...

-Attention, ça devrait piquer un peu, c'est normal ne t'inquiète pas.

Elle pose sa main droite sur mon plexus solaire, en dessous de ma poitrine, et de la lumière émane doucement de l'endroit où elle appuie.

-Je suis en train de te transférer un peu d'énergie vital pour que tu puisses au moins te reposer sans risque.

-Vous... Savez faire de la... Magie ?

J'ai encore du mal à parler, entre la fatigue et la sensation de piqûre qui s'accentue petit à petit.

-Effectivement, je maîtrise beaucoup de magies.

Sa réponse fut sèche, contrastant avec le ton de sa voix avant.

-Je pense que c'est bon. Je vais devoir retourner en bas. Si tu veux quelque chose n'hésite pas à demander.

-Et bien...

-Oui ?

-... Vous avez une télévision ?...

-Non. »

Le retour des réponses sèches. Elle se lève pour sortir de la pièce, ouvre la porte, et semble hésitante à sortir. Puis d'un coup elle quitte la pièce et referme la porte derrière elle, me laissant seule. Mais quelques minutes plus tard, la voici qui revient avec un grand miroir, et le place en face de moi. Sans rien dire, elle tend sa main en direction de la glace, et une sphère violette sort de sa paume et rentre dans le miroir. Une image apparaît. Elle vient de transformer un miroir en télévision devant mes yeux.

« -Si tu veux changer de chaîne, tu dis soit le nom de la chaîne, soit le numéro. Je reviendrais voir comment tu vas ce soir. »

Elle est repartie, et je passe le reste de ma journée à regarder des animés sur la télévision.

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Isekai Spill : Bienvenu à toi, monde parallèle !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant