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Il est 6 h du matin, le soleil chante et les oiseaux brillent, et je me fais tirer du lit par madame Ika. Je suis Namakemono, une déesse de haut rang [plus ou moins], et voilà mon destin : me faire réveiller aux aurores par une simple humaine. Ce n'est que mon deuxième jour en tant que déesse déchue, je vais vite m'habituer à cette vie !... J'espère... Je lâche la tartine dans mon bol de café par mégarde, lequel vient éclabousser le vieux pyjama de Chiisai. Heureusement, j'ai une résistance magique à la chaleur, vestige de mon statut de déesse... Ancien statut... Tout. Va. Bien. [Non].

« -Ça va Namakemono ?

Madame Kabe surgit d'un coup dans la cuisine, et me voit au bout du rouleau.

-Ça va... Ça va [absolument pas].

-Ah, j'avais l'impression que tu pleurais, mais si ça va alors, tout va bien !

Les dieux et déesse tiennent leurs forces de la croyance et la sympathie qu'ont les gens à leur égard. Et je peux affirmer que la femme qui se présente devant moi rayonne. Son sourire rayonne, mais elle aussi, elle rayonne. Je vois l'énergie de sa sympathie envahir toute la pièce. Comment je pourrais mentir à une personne comme ça ? Je...

-Enfaite... Non ça ne va pas vraiment... Dites, vous avez un peu de temps pour parler ?

-Bien sûr, si je peux aider une jeunette !

Je vais, moi, l'ex-déesse, parler de mes problèmes à une simple humaine... [Ce simple fait me donne envie de disparaitre].

-Donc... Je ne sais pas très bien expliquer, j'espère que vous me comprendrez quand même... Savez-vous comment les dieux et déesse naissent ?

-Non, ils n'existent pas depuis le début ?

-Certains oui, on peut dire ça même si c'est plus compliqué, par rapport à la notion de début. Mais ceux-là, on les appelle les dieux originaux, ce sont les plus puissants de nous tous. Moi je ne suis qu'une déesse normale, et je suis née spontanément d'une pensée commune d'un groupe de personnes. Une chose abstraite qui prend forme sous l'impulsion de la pensé... [Abstraite, ça n'a pas changé]. Mais quand on nait, on ne nous laisse pas comme ça, vagabonder. Certains dieux originaux parcours continuellement les mondes à la recherche de proto-dieux, et les emmènent dans le monde divin où ils vont d'abord leur donner physiquement la forme de ce qu'ils représentent... Enfin là c'est un processus compliqué, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais donc après avoir fait le tri entre les proto-dieux qui ne donneront rien et ceux qui ont un potentiel, on garde les seconds qu'on met dans une espèce d'école pour devenir...

Je lève la tête et vois madame Kabe commencer à se rendormir. Je m'arrête donc de parler, et elle reprend conscience.

-Ho mince excuse-moi ! Ce n'est pas toi t'inquiètes pas !

-Non non ne vous en faites pas, c'est... C'est normal... [Je ne sais même pas expliquer simplement].

-Mais je crois que je commence à voir où tu veux arriver... On va faire quelque chose tu veux bien ? Je vais raconter ce que je pense comprendre de ta situation, et si je fais une erreur, tu m'arrêtes tout de suite ok ?

-D'accord

-Donc, tu as fait partis de ces "proto-dieux" compétents, et on t'a donc mis à l'école. Cependant, tu n'as pas beaucoup d'affinité avec la magie, plus qu'un humain normal mais infiniment moins que les autres dieux. Ni toi ni tes camarades ne savent pourquoi tu es ici, et c'est ça le début du problème. Tu es écartée du reste du groupe, tu commences à t'isoler. Tu es seule. Tout le monde te voit comme « l'anomalie ». Et tu commences à penser que tu en es bien une. Finalement, tu arrives à la fin de ton apprentissage, mais tu ne peux pas avoir de place importante. Tu te retrouves à faire un travail ingrat, et même là tu te rates, ce qui finit d'enfoncer le clou, tu es définitivement un échec pour toi même.

Elle s'arrête de parler, et prend une feuille d'essuie-tout qui était sur la table.

-Tiens, je pense que tu en as besoin.

-Hein ? Pour...

Hein ? Hein ? Sur mon visage... Je n'avais pas senti, mais au fur et à mesure qu'elle parlait, il semblerait que des larmes aient décidées de...

-Merci...

Je prends la feuille et... Craque complétement. Je pleure sans aucune retenu. Mes larmes roulent sur mes joues et s'écrasent sur le pyjama. [Je suis vraiment une déesse ratée pour pleurer comme ça.]

-Je vois que j'ai touché juste.

Je ne vois plus rien, mes yeux sont noyés sous l'océan de tristesse qu'a été mon existence. Je ne vois rien, mais je sens les bras de madame Kabe m'enlacer. Je... Je...

- Ça va aller... Tu peux croire une vielle branche comme moi qui en a vu des choses : Tu n'es pas ratée. Moi, je crois en toi.

Les bras qui m'enlaçaient sont devenue des rayons de lumière pure. Madame Kabe un soleil. Toute la pièce est devenue blanche, éclatante. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Serait-ce... Oui... Maintenant je comprends. [Je suis une déesse ratée.] Oui. Mais malgré ça, des gens croient en moi. La lumière revient à un niveau décent, mais je ne suis plus dans la cuisine où je mangeais. Je suis dehors, dans une plaine parfaitement verte, sous un ciel parfaitement bleu. Tout semble parfait, mais vide aussi. C'est donc à ça que je ressemble à l'intérieur ?... Oui. Mais ceci ne me correspond plus. Cette plaine vide était parfaite pour la Namakemono en qui personne ne croyait. Maintenant, ce temps est révolu. Maintenant, j'ai décidé de ne pas être une déesse parfaite, mais d'être une déesse en qui les gens croient. Je cris. Ceci est ma rage de vivre. De vivre pour les gens qui croient en moi. De vivre pour moi. De cette rage, je t'offre, Ô plaine parfaitement vide, un arbre. Et un arbre pousse. Un arbre immense, où n'importe qui pourra se réfugier, et qui sera heureux d'abriter quiconque en aurait besoin. J'offre cet arbre à cette plaine. Mais ce n'était que la partie la plus simple. Maintenant, l'arbre de cette plaine, en moi, je dois le préserver, le fortifier. Et pour cela, je deviendrais une déesse sur qui les gens pourront compter !

-Merci... Merci Madame Kabe !

-Allé allé... Mince, l'heure ! Désolé de te presser d'un coup, mais si je t'ai réveillée, c'est parce que Mei avait besoin de te parler. Elle est passée très tôt ce matin et m'a demandé si tu pouvais aller la voir le plus rapidement possible !

-D'accord, je vais me changer et j'y vais alors ! »

Je saute de ma chaise et fonce à la salle de bain du bas.

Isekai Spill : Bienvenu à toi, monde parallèle !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant