Facinorum

Scarabée

Hiver de l'année du chien de terre,

Je suis attablée à une terrasse de café, en plein dans un courant d'air, je le sais car quand je relève ma tête de tes pages encore nues mes yeux pleurent de petites larmes et mes cheveux dansent la java.
Rien de mieux qu'un froid mordant pour boire un café brûlant!

J'allais écrire un truc sur mon nez qui rougit( C̷a̷r̷,̷ ̷w̷o̷w̷!̷ ̷R̷u̷d̷o̷l̷p̷h̷ ̷d̷a̷n̷s̷ ̷l̷'̷h̷i̷s̷t̷o̷i̷r̷e̷ ̷t̷u̷ ̷e̷s̷ ̷r̷e̷n̷t̷r̷é̷!̷ ̷ ), mais je t'ai vue. Un air innocent avec ton béret gris à cœurs verts pourtant ton sourire dit tout le contraire. Insolent.
C'est ton livre que tu tiens au bout de tes doigts rougies qui te donne cet air prétentieux ou bien parce que tu sais que mes yeux se sont posés sur toi et que je te pose sur papier?

Un secret, l'une des parties les plus sombre de mon cerveau espère que c'est la seconde raison.

Tu me rappelles à l'ordre en fermant bruyamment ton livre, un bruit sourd qui fait bien comprendre que les pages se sont aplaties les unes contre les autres. Pourtant après ce geste d'une violence incroyable tu caresse son devant. Je suis des yeux tes ongles couleurs scarabées faire des vagues sur la première de couverture usée.
Comme hypnotisée par cette couleur qui me donne l'impression qu'à n'importe quel moment un insecte va s'envoler de ton doigt révélant alors ton vrai ongle. Un rose doux avec le bout légèrement rongé tandis que le cuticule mange l'espace du lunule.

Ton regard se perd sur la rue d'en face, tu veux tromper les passants en montrant que tu es le genre de fille qui regarde les vitrines qui brillent même de jour, mais ton tour ne fonctionne plus sur moi. Je vois bien que tu es dévorée non pas par l'envie d'enfiler de quelconque vêtements mais bien par la curiosité d'aller explorer les espaces minces qui séparent les maisons. Pendant que tu t'imagine cheminer dans la pénombre de ces ruelles tes lèvres couleur jersey accueil ta tasse, pas une pause pour refroidir son contenu juste une gorgée qui doit sûrement te brûler le long de ta gorge actuellement. Mais broncher serait casser le charme que tu t'es forgée, pourtant tu ne dis pas non au petit gâteau qui accompagne ta collation montrant une facette gourmande.

Puis tu souris, dans ma direction un sourire rempli d'affection et toujours avec ce brin d'insolence à présent enfantine. Mon cœur rate un battement quand ta chaise se racle contre le sol, tu veux vraiment qu'on te remarques? Veux-tu vraiment toute mon attention sur toi? Je te la donne volontier.

Tu avances d'un pas tranquille jusqu'à ma table avec toujours ce même sourire. Comment t'aborder, te saluer, te faire rire, rougir, sourire? Je ne le saurais jamais car tu as dépassé ma table pour embrasser ton mec et quitter le café laissant derrière toi un vol de scarabées qui ont embarqués avec eux tes aventures imaginaires dans les rues sombres et ton sourire si unique.