Chapitre 5 Savannah

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- Savy, table 5 prête à commander ! Hurle ma patronne.

Elle est adorable, une femme de caractère au grand cœur mais si elle pouvait baisser le volume quand elle s’adresse à quelqu’un je lui en serais reconnaissante et je ne serais certainement pas la seule.

Cela fait deux ans que je travaille ici, non pas que j’en ai réellement besoin, ma « famille d’accueil » si je puis dire aurait préféré que je reste concentrée sur mes études sans me préoccuper des questions matérielles et financières. Mais je ne voulais pas, pour une fois dans ma vie je voulais détenir les pleins pouvoirs sur mon avenir. Je ne voulais compter que sur moi. Je me suis trop appuyée sur les autres et ai été sans cesse déçue, jusqu’à ce que je tombe sur eux.

Je me précipite à la table 5 où se sont installés deux bikers. Je sais ce que vous pensez, de la mauvaise graine ces gens-là ! Et bien croyez-moi, rien n’est plus éloigné de la vérité ! On pense souvent, à tort, que le bon père de famille qui va à l’église, qui se montre serviable avec les voisins est un modèle de vertu. Nous pensons qu’il ne peut faire de mal à quiconque. A contrario, nous jugeons les bikers comme étant des loubards immoraux. J’ai côtoyé les deux côtés et j’en ai conclu qu’il y avait des bons et des mauvais de chaque côté, que nous n’étions jamais totalement en sécurité.

J’ai passé cinq ans et demi avec ces gros nounours et je sais une chose, quand vous êtes avec eux, ils sont prêts à tout pour vous. Quand je les ai rejoints, j’étais dans un état lamentable autant psychologiquement que physiquement. Je ne supportais même pas la présence d’un homme près de moi. Nancy, la régulière de Devil le président du Savages MC du comté de Minneapolis, Minnesota, a pris soin de moi. Elle m'a emmenée chez elle, a fait venir un médecin de sexe féminin pour m’ausculter.

Pendant trois ans, j’ai suivi également une longue thérapie qui m'a permis d’affronter ma peur des hommes. Je consulte encore aujourd’hui, mais tous mes traumatismes ne m’empêchent plus de vivre. J’ai d’ailleurs recommencé l'an dernier à sortir. J’ai même eu une brève relation. Pour quelqu’un qui ne voulait plus qu’un homme la touche d’une manière intime, je peux vous dire que c’était un grand pas en avant !

Je pensais vraiment que je n’arriverais jamais à me relever, pourtant, je me suis prouvée à moi-même que j’étais forte. Plus forte que je ne le croyais et qu’avec de la persévérance et de la détermination, ma vie ne serait plus dictée par mes peurs. Quand on subit ce par quoi je suis passée, on ne peut s’en remettre complètement. Mais reprendre sa vie en main est possible avec de l’aide.

C’est ainsi que j’ai pris, petit à petit, une place de petite sœur auprès des bikers. Ils m'ont vite adoptée et maintenant, je le leur rends bien. J’aime chacun d’entre-eux et leur serai éternellement reconnaissante. Ils sont extrêmement prévenants en ce qui me concerne. Pour preuve, depuis que je bosse ici, tous les soirs ils viennent par deux manger pour s’assurer que tout se passe bien pour moi. Certains pourraient trouver cela étouffant, moi je trouve cela rassurant. Je ne me sens plus seule.

Nancy et Devil n’ont jamais réussi à avoir d’enfants, ils ont donc hérité de moi, une ado perturbée de 18 ans et demi à l’époque. Avec Nancy, j’ai pu lui ouvrir mon cœur facilement, c’est une femme tellement fabuleuse et aimante qu’il m’avait été impossible de garder mes distances. Par contre, pour Devil cela a été plus compliqué pour moi, en grande partie parce qu’il était grand, baraqué et que c’était un homme. Il a su m’amadouer et se montrer patient. Dorénavant, je ne vois plus ma vie sans eux. Ils m’ont entourée de beaucoup d’amour et m’ont soutenue tout le long de mon parcours de reconstruction.

J’ai tout de même tenu à prendre mon envol et j’ai pris ce job pour me payer un appart pas trop cher. Cela a été dur à faire accepter par mes bikers adorés mais ils ont fini par céder sous quelques conditions. Ils m’ont acheté une voiture neuve pour être sûrs que je ne rentre jamais à pied, mon appart se situe à 15 minutes du Club et, si je rencontre le moindre problème, j’ai dû promettre de leur en parler. Cela peut paraître abusé mais je les comprends. Ils m’ont retrouvée dans un enfer, ils ont peur de ce qui pourrait arriver de nouveau.

- Hey les gars ! Comme d’habitude ? je demande.
- Salut ma belle, rien à signaler ce soir ? Me demande Bull, un papa Ours très gentil.
- Non ! Rien du tout depuis que tu as frappé le client qui m’avait draguée la semaine dernière ! Réponds-je.

Il ricane, se souvenant sûrement de la manière dont cela s’est fini puisque le mec en question s’est retrouvé avec un bras cassé, Bull le trouvait trop insistant. Je lève les yeux au ciel et note leur commande habituelle.

- Parfait, je vous apporte le tout dès que c’est prêt !

Je fais passer la commande au cuisinier et reviens en salle.

Les gars me font toujours ça, dès qu’un mec se montre un peu trop entreprenant à leur goût – et il n’en faut pas beaucoup pour qu’ils aient cette impression d’ailleurs – il a le droit à un tabassage en règle. Ils n’ont toujours pas compris que même si je m’ouvre de nouveau à une possible relation, je ne donnerai plus jamais mon cœur.

Je l’ai fait, une fois, cet amour a été mon souffle de vie pour finir par me détruire complètement. J’ai aimé à ne plus pouvoir respirer sans sa présence à mes côtés. J’ai aimé au point que les choses les plus insupportables devenaient plus tolérables. J’ai aimé au point de presque en mourir quand il m'a abandonnée. Je l’ai cru, il était mon espoir, ma vie. Savez-vous ce que nous ressentons quand la seule personne qui compte pour nous, vous quitte sans un mot, sans un regard, brisant tout vos espoirs ? Nous nous sentons tomber dans des abysses lugubres et la chute est sans fin.

Cela m’a servi de leçon, même si la vie s’est chargée de me l’apprendre bien avant cela. Elle m’a appris qu’on ne devait jamais se reposer sur quiconque. J’ai appris cette leçon en y laissant mon innocence. Ouais, j’ai payé le prix fort. J’ai décidé, après deux ans de thérapie, que mon passé me servirait de tremplin pour atteindre un meilleur avenir. Je ne donnerai plus jamais le pouvoir à quiconque de me détruire, plus jamais !

À chaque coup dur, je souris, redresse les épaules et persiste. La vie m'a déjà tellement pris, je ne la laisserai pas me retirer mes espoirs, mes nouveaux rêves. J’ai eu le bonheur de m’être vue accorder une nouvelle chance et je compte bien ne pas passer à côté ! Je me battrai, chaque jour plus fort et la tête haute jusqu’à atteindre mon but.

Je me crée de nouveaux rêves, différents de ceux que j’avais avant et sans une certaine personne que je ne nommerai pas. Il ne fait plus partie de ma vie depuis bien longtemps et n’en fera plus jamais parti. Et voilà ! Je m’étais jurée de ne plus penser à lui et ça recommence. Tout comme je m’étais jurée de le détester de toutes mes forces mais j’en suis incapable. Je l’ai tellement aimé… Oh oui seigneur, tellement ! Qu’il m’est impossible de ne plus l’aimer encore aujourd’hui. Pathétique n’est-ce pas ?

- Savy !

Je sors de mes pensées et colle sur mon visage le fameux sourire qui clame au monde que tout va bien.

- J’arrive.

Non, tout ne va pas parfaitement bien, mais je sais, je suis persuadée qu’un jour ce sera le cas, en attendant, bienvenue à vous dans ma nouvelle vie. Elle n’est pas des plus palpitante, mais cette fois-ci, elle m’appartient pleinement et c’est tout ce qui m’importe.






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Savage's MC : SKULL ( Sous Contrat d'édition, Elsie Édition ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant