Alix 1 - Le mystère @Crush (HACHETTE ROMANS)

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J'ai à peine profité des premiers jours de vacances que déjà ce matin debout six heures, en route pour mon job d'été. Je fais les maïs comme l'été dernier et celui d'avant. Mais cette année, c'est chez un autre agriculteur, mes parents les connaissent et c'est à même pas cinq minutes de chez nous, donc c'est mieux.

Le soleil brille déjà dans un ciel sans nuage. Je gare mon scooter dans l'immense cour de la ferme avec les autres deux roues et retrouve les travailleurs dont ma copine Zoé. Ses cheveux noir corbeau lissés, elle est vêtue de noir de la tête au pied, comme à son habitude. Je ne crois pas l'avoir déjà vu sans maquillage, cependant, pour le travail elle a fait léger, juste de quoi faire ressortir ses yeux bruns et ses lèvres écarlates. On s'est connues au collège, on se voit peu comme on ne va pas dans le même lycée, mais on reste toujours en contact et on a plaisir à se retrouver chaque été.

— Alors ce bac ? T'as tout déchiré ? me demande-t-elle quand je la rejoins.

— Tu parles, Enzo m'a larguée la veille, j'avais déjà pas grande motivation pour réviser, mais après, j'avais carrément plus la tête à passer l'épreuve.

— Je te l'avais dit que t'étais trop bien pour lui, rigole-t-elle.

Je la bouscule, je sais qu'elle essaye de me réconforter.

— Tu le connaissais même pas.

— Ouais, mais il t'a larguée, tant pis pour lui, il sait pas ce qu'il perd !

— T'es trop chou. Bon et toi, ce bac, ton gothique de copain ? demandé-je avec un sourire malicieux, elle n'aime pas quand je dis ça.

— Il est pas gothique, répond-elle en levant les yeux au ciel.

— Bah si, il s'habille tout en noir, adore les têtes de mort, les clous...

Je la taquine, elle le sait bien.

— Nan mais sérieux, c'était comment ton bac ?

— On verra. J'ai pas dû casser des briques, j'espère avoir la moyenne quand même. Mais bon, c'est fait. Alors c'est quoi cette histoire de mec que tu connais pas qui veut sortir avec toi ? me demande-t-elle avec l'air bien plus excitée que Clarissa.

— Bonjour tout le monde.

Je m'apprêtais à lui expliquer ce que je n'avais pas voulu lui raconter par texto, mais le patron commence à donner les consignes. Tout le monde se regroupe spontanément autour de lui pour l'écouter. On doit arracher les fleurs des tiges de maïs qui sont en train de sortir pour éviter la pollinisation, sinon, ça fait je ne sais quoi au maïs. Il nous invite à prendre nos scooters et vélos pour rejoindre le champ dans lequel on va travailler. Il emmène ceux qui sont à pied dans son véhicule utilitaire.

Je gare mon scooter avec les autres et attends Zoé qui arrive en vélo. On s'approche du champ, l'agriculteur nous explique comment on va se placer. Deux motos arrivent après tout le monde. Plus elles s'approchent, plus le bruit est assourdissant. Inconsciemment, ce son me rappelle quelque chose. Les deux motards laissent leurs engins avec les autres deux roues. Ils sont garés derrière nous et je n'ose pas me retourner pour les regarder arriver, de peur de confirmer mon intuition.

Une fois au niveau du groupe, je suis obligée de constater que je n'ai pas rêvé, Baptiste, Jules et une fille disent bonjour à quelques gars et Jules va se mettre à côté de l'homme qui nous donne les consignes.

— Si je ne suis pas là, Jules vous dira où reprendre, conclut-il.

J'ai un moment d'arrêt. Jules est le fils du patron ? Je n'avais pas fait le rapprochement. C'est vrai qu'il montait à l'arrêt de bus d'ici quand on était au collège. Quelle idiote. Je m'en veux de ne pas y avoir pensé avant. Je fixe Jules comme si j'avais une illumination. Il observe l'assemblée et son regard croise le mien une fraction de seconde. Il n'a pas du tout l'air surpris. Il devait connaître la liste des salariés. Mais pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? Et pourquoi Baptiste est là aussi ? Est-ce qu'il le savait lui aussi ? Est-ce que Jules lui a dit que je travaillerais ici cet été ? Je ne m'attendais pas à le revoir avant la rentrée prochaine et ça m'allait bien comme ça. Comment je vais agir maintenant ? L'ignorer, faire copain-copain, faire semblant d'avoir oublié qu'il me trouve mignonne ? Les questions se bousculent dans ma petite tête.