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On fait des allers-retours dans les champs depuis trois heures. Les deux dernières fois qu'on en est sorti, j'ai cru que ce serait la fin, mais pas encore. Étonnement, je suis dans les premières, presque personne n'est arrivé. J'en profite pour envoyer un texto à Clarissa :

| Alix : J'ai halluciné ce matin, devine avec qui je travaille ?!

Je n'ai pas le temps de voir si elle me répond que Jules me tombe dessus :

— Tiens, vu que t'as fini, va aider les autres.

Je reste interdite, pourquoi il sort toujours de nulle part lui ? J'écarte les bras en signe d'interrogation.

— Dans quel rang ?

Il regarde au loin, du haut de son mètre quatre-vingt-cinq il arrive à voir où sont les retardataires.

— T'as qu'à prendre celui-là, m'indique-t-il alors que je m'approche.

— Comment ça se fait que t'es toujours le premier toi, tu passes pas dans les rangs ou quoi ?

Manifestement, répondre à ma question ne l'intéresse pas. Je rentre dans le champ de maïs en ronchonnant intérieurement de lui avoir même parlé. Je me venge en arrachant violemment les fleurs sur quelques mètres.

— Elles t'ont rien fait ces fleurs, si ?

Je sursaute en constatant que Baptiste est juste en face de moi, je ne l'ai pas vu arriver.

— Oh pardon. Je...

Pourquoi je m'excuse en fait ?

— Je pensais pas que c'était ton rang, bredouillé-je en pleine confusion.

— En même temps, c'est pas écrit à l'entrée du champ, lance-t-il avec son sourire désarmant.

— Nan, c'est vrai, c'est...

Jules. C'est lui qui m'a dit de rentrer à cet endroit. Il savait. Quel con. Pourquoi il me jette dans les pattes de son pote ? C'est ça sa vengeance pour la bouteille d'eau. C'est débile...

— On reste là ou on le finit ce champ ?

Sa question me sort de ma torpeur, je suis plantée au milieu du maïs en train de réfléchir et je l'empêche d'avancer.

— Ouais, pardon, baragouiné-je de nouveau, en faisant demi-tour.

Marcher, le sachant juste derrière moi, me met mal à l'aise, même s'il n'y a pas de raison. Il me trouve mignonne et je ne veux pas sortir avec lui, mais il faudrait peut-être que je m'en remette. Lui n'a d'ailleurs pas l'air plus gêné que ça. Cette fois, on est les derniers, ce que Jules ne manque pas de remarquer.

— Ça y est, maintenant qu'Alix a fini de batifoler on va pouvoir y aller, lance-t-il à la cantonade.

Plusieurs paires d'yeux se retournent vers Baptiste qui se trouve juste à côté de moi et des sourires pointent aux coins de leurs lèvres. J'ai juste le temps de voir Jules avec son sourire carnassier – qui me donne envie de lui coller des baffes – tourner les talons, il est ravi de son effet. Je ne pense même pas à essayer de démentir.

— Quel connard, pensé-je à voix haute.

— T'inquiète, il rigole, me rassure Baptiste.

— Je vois bien que ça le fait rire. Ça te dérange pas toi ?

— J'ai l'habitude avec lui, faut s'attendre à tout, m'explique-t-il en haussant les épaules.

— C'est un tordu, conclus-je en lui emboîtant le pas pour rejoindre Zoé.

Alix 1 - Le mystère @Crush (HACHETTE ROMANS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant