- C h a p i t r e I -
« Syralla ? Hé, Syralla !
- Quoi? je grogne.
- Putain, mais t'écoutais pas ! C'est pas croyable! On parle de ton avenir, alors, putain, écoute, ou je sais pas dis quelque chose ! C'est pour toi qu'on fait tout ça. »
Je lève les yeux des mon assiette. Mon frère me regarde d'un air révolté. C'est ma dernière année au lycée et la grande question demeure: quelle université vais-je choisir? Déjà que je n'ai aucune idée du métier que je veux faire. Ma mère l'ignore car je lui réponds à chaque fois ce qu'elle veut entendre pour lui faire plaisir. Et surtout pour qu'elle me laisse tranquille.
Toutefois, c'est vrai que mon frère s'investit beaucoup pour moi mais...Mais j'ai tellement envie de lui avouer qu'il se fatigue pour rien. J'ai pas d'avenir, c'est juste ça la vérité. De plus, j'ai l'impression que mon frère m'aide uniquement parce qu'il est persuadé que je suis une incapable. C'est quelque chose qui m'énerve à un tel point...
Maman me fixe comme avec pitié. Sa manière de me regarder me fait penser que je suis une pure attardée mentale. Putain, je déteste ça.« - Tu sais quoi, Erdric? je finis par lâcher, exaspérée. Je sais pas où je vais aller l'année prochaine. J'imagine que t'es content, nan? C'est bien ce que tu voulais entendre?
- Pas du tout, Syra. Justement, je fais beaucoup de choses pour t'aider...
- Erdric, le coupe ma mère en posant les mains sur la table, pourra t'emmener à des portes ouvertes présentant de nombreuses universités. D'accord, ma chérie ?
- Ouais. Enfin...
- Quoi? s'enquiert mon frère. Enfin quoi? »
Instinctivement, je me mords la lèvre et essaye de ne rien laisser transparaître sur mon visage.
« - Non, non. Rien. Je voulais dire enfin ça dépend c'est quel jour. C'est tout. »
Mon frère tire une mine peu convaincue. Cet abruti n'est certes pas convaincu mais au moins il ne sait rien de mes intentions et il n'en saura jamais rien. En tout cas je l'espère.
« - Bon, je me barre, je déclare en me levant de ma chaise. J'ai assez mangé, j'ai plus faim.
- Tu vas aller où ?maman fronce les sourcils. Syra, je t'en prie, tu maigris à vue d'œil, tu devrais...elle s'interrompt en pleine phrase, réalisant certainement que son discours est inutile. Enfin, bref, elle soupire, dis-moi où est-ce que tu vas, au moins.
- Bah à ton avis, Maman? ricane Erdric. Comme d'habitude, Syra est de sortie pour traîner avec cette toxico de Rohil.
- Rohil? J'aime pas cette fille, Syra. Promets-moi de...
- Nan, je m'en vais, c'est tout, je réponds sèchement en tournant les talons pour sortir de la pièce.
- Syra? Syra? Syra! Mais...Chérie, attends! Écoute- moi! Reviens... »
Je rentre dans ma chambre et claque violemment la porte. Je déteste un grand nombre de choses dans la vie. Et écouter ce que ma mère me dit en fait partie. Parce qu'elle ne sait rien de moi. Rien. Et c'est dingue, avant, j'étais persuadée que les mères avaient une espèce d'instinct maternel qui leur permettait de savoir quand leurs filles vont mal sans même qu'elles aient besoin de le dire. Mais c'est que des putain de conneries tout ça. Quand t'es dans la merde, t'as plus qu'à y rester. De toute façon, tu peux plus remonter. C'est pas quand tu t'es chié dessus qu'il faut aller aux toilettes. Nan, c'est trop tard. Il ne te reste plus qu'à vivre dans la merde.
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La ViE DOiT ÊtRe VéCUE
RomanceSyralla Morestis n'est pas très sociable. Elle ne s'est jamais sentie en osmose avec la vie et évite toujours la foule. Elle se sent profondément seule. Et les si peu de relations qu'elle a se détériorent peu à peu. Alors, quand elle s'est faite un...