- C h a p i t r e II -
Smitnight est dans la pénombre, aujourd'hui. Et un peu comme tous les jours, en réalité. Faut dire que c'est quotidien, ici, le sale temps. Le ciel n'est jamais azur. Il est plutôt constamment couvert d'une épaisseur de sombres nuages. Pour améliorer le tout, il pleut souvent, aussi. En d'autres termes, Smitnight est la ville la plus merdique si tu veux vivre heureux sous le soleil.
Cependant, moi, j'ai pas eu le choix. J'ai pas choisi d'y vivre. Ma mère est née dans cette ville et ne l'a jamais quittée dans le but d'y élever ses enfants. Et puis mon père... Bon, celui-là, ça fait longtemps que j'entends plus parler de lui...J'avoue que je sais même pas s'il est natif de Smitnight. Et je m'en fous carrément. Pourquoi une fille élevée seulement par sa mère devrait s'intéresser à son lâche de père? J'aimerais bien aller sonner chez lui, un jour, et lui rappeler qu'il a des enfants. Ou même lui donner un coup de poing pour nous avoir abandonnés. Alors qu'il mériterait plus qu'un petit coup de poing...Mais j'ai pas les couilles. Parce que ce connard n'est pas n'importe qui, c'est un homme important socialement et donc je gagnerai rien en faisant ça à part attirer des problèmes à ma mère. Et c'est pas mon but.La sonnerie retentit, annonçant la fin des cours. Putain, enfin. C'est tellement chiant une journée d'école. Qui plus est à Smitnight, sous le plus magnifique des mauvais temps.
A l'instar de chaque jour, Rohil et moi nous rejoignons pour fumer des joints à la sortie. Et nous sommes accompagnés d'un groupe. Un groupe de gens dont je me passerais volontiers.
La pétasse porte aujourd'hui des talons aussi hauts que peut être le niveau de sa débilité. Elle déambule près du banc, son téléphone à l'oreille, en pleine discussion.
Je me mets à tousser. La fumée emplit mes poumons, je tremble de tous mes membres en toussant et recrachant la fumée. Il est putain de fort, ce joint! L'effet de la drogue me donne envie de rire. Je sens ma tête tourner et j'ai l'impression d'entendre la voix de Rohil comme si elle hurlait à l'intérieur de mon crâne. Putain, faut que je bouge. Sa voix est beaucoup trop énervante. C'est insupportable. Elle a toujours eu une voix énervante mais lorsqu'elle parle au téléphone, c'est encore pire. J'imagine même pas comment comment son interlocuteur doit en avoir marre. Je pose mes mains sur le banc pour m'aider à me relever et jette le joint par terre. Merde ! Pourquoi je l'ai jeté? Je l'avais pas fini! Intérieurement, je m'énerve contre moi-même, les idées confuses, et réalise que je peux encore le récupérer sans aucun soucis. Mais c'est à ce moment-là qu'un pied se pose sur le joint pour bien l'écraser et le rendre complètement inutilisable. Je lève des yeux outrés.« - Putain, Iraz! je le pousse. Qu'est-ce que tu fous? T'es con ou quoi? Il était pas...
- Fini? Non mais c'est bientôt toi qui sera finie si tu continues comme ça, il lâche d'une voix douce.
- Quoi? »je balbutie.
Ma colère retombe peu à peu. Au fond, je suis choquée de ce qu'il a dit. Iraz n'est un méchant garçon. C'est vrai. Mais je l'ai toujours considéré comme un abruti sans cœur. Il se comporte toujours comme si son unique but dans la vie était de se taper toutes les jolies meufs... Je comprends pas pourquoi du coup il me tourne toujours autour. C'est qu'il doit avoir des sacrés gros putains de problèmes de vue.
Tandis que là, c'est la première fois qu'il me dit quelque chose de si attentionné. Comme s'il s'inquiétait vraiment pour moi. Pendant un moment, je me sens à nue et j'ai envie de lui laisser une chance. Mais tout à coup, je me refuse cela. Même s'il se montre gentil, j'ai sincèrement pas besoin de son aide. Je suis pas une pauvre fille en détresse. Alors je décide de me montrer chiante et revêche:« - T'as vraiment cru que j'avais besoin de toi pour l'apprendre ? Bah merci, putain! Heureusement que tu me l'as dit! Je savais pas que c'était dangereux pour la santé... Et tu te soucies alors de ma santé ? Comme c'est adorable! je lance, sarcastique.
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La ViE DOiT ÊtRe VéCUE
RomantizmSyralla Morestis n'est pas très sociable. Elle ne s'est jamais sentie en osmose avec la vie et évite toujours la foule. Elle se sent profondément seule. Et les si peu de relations qu'elle a se détériorent peu à peu. Alors, quand elle s'est faite un...