Brighton Rock I

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Je descends des escaliers, encore complètement crevé, je suis rentré à la maison à cinq heures du matin, totalement arraché, en traînant la voisine qui n'était pas dans un meilleur état que moi. J'ai eu de la chance que papa et maman ne remarquent pas que j'étais rentré si tard et si ivre. J'ai peut-être un peu exagéré, mais l'année est finie, et je viens d'obtenir mon diplôme, avec un des meilleurs résultats de tout l'établissement, je méritais bien d'aller fêter ça comme il se doit. Je me regarde rapidement dans le miroir du couloir, on dirait presque que j'ai passé une nuit paisible, alors que j'ai clairement passé toute une heure à tenir les cheveux de Jude aux toilettes parce qu'elle avait un peu trop abusé. Jude est cette fameuse voisine, celle avec qui je suis rentré en catastrophe. Lorsque j'arrive devant la cuisine, mon père m'attend le pied ferme, les bras croisés, ses lunettes sur le nez.
"Tu ne devais pas rentrer à trois heures maximum ?"
Me demande-t-il, sur un ton inquiet et légèrement en colère. Je gratte l'arrière de ma tête, je n'aime pas me disputer avec ma famille ou me faire gronder par mes parents, ce qui n'est jamais beaucoup arrivé depuis que je suis petit.
"Pardon papa, mais Judith était complètement bourrée et je ne voulais pas la laisser comme ça. »
Il lève les yeux au ciel et me fait signe de filer dans le salon, je m'exécute et sors enfin de chez moi. Il doit être dix heures, et il fait super chaud. Mes yeux mettent un peu de temps à s'habituer. La lumière se reflète sur les beaux bâtiments du quartier de Kensington. Je marche jusqu'au square, prenant l'air. Je suis complètement perdu, je ne sais même plus quel jour nous sommes. Ça fait au moins deux mois que je n'ai pas vu ma sœur, elle est partie en tournée, ma mère passe ses journées au bureau, au téléphone, cette période de l'année est très chargée pour elle. En ce qui concerne mon père, j'ai eu de la chance qu'il soit là ce matin, car généralement, il passe la journée avec son meilleur ami, à s'entraîner pour des concerts, où des choses comme ça. En résumé, la musique est toute la vie de ma famille, mais moi, j'ai la tête complètement explosée à force. Je m'asseois sur l'herbe et laisse le soleil chauffer ma peau pendant quelques minutes, le temps d'essayer de me situer à nouveau dans ma vie.

La journée est passée et je vais un peu mieux, il est minuit et il fait nuit noire, j'ai pris ma douche, me suis remis dans un état convenable. Je défais le premier bouton de ma chemise et prends une grande inspiration. Penché au dessus de la fenêtre, je décide de descendre le mur, j'arrive dans le jardin et le traverse discrètement. J'enjambe la clôture qui sépare ma maison de celle des voisins, et cours jusqu'à la fenêtre en face. Elle est entrouverte et on y voit un peu de lumière. Je m'introduis dans la pièce et m'avance doucement jusqu'au lit dans lequel une jeune fille brune avec de grands yeux gris et de jolies tâches de rousseur fait mine d'être profondément endormie. Je secoue son épaule et un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres. Je chuchote :
« T'es prête, on y va ? »
Elle se lève, toute habillée et met ses chaussures. Nous sortons et traversons les jardins en courant de manière assez furtive, une fois assez loin de nos maisons, nous nous mettons à marcher plus calmement.
« On va où ce soir ? »
Demande-t-elle en passant sa main dans ses longs cheveux. Je réfléchis un instant. Je connais Judith depuis que nous sommes enfants, en fait, elle habite à côté de chez moi depuis toujours, nous avons été à l'école ensemble, nous nous sommes suivis au collège, au lycée, et allons même nous rendre à la même université, pendant dix-huit ans d'amitié, nous avons fait les quatre cents coups, toutes sortes de bêtises, mais ce n'est jamais difficile d'en inventer de nouvelles.
" Viens, on va à Brighton !"
S'exclame la jeune fille. En principe, ses parents ne sont pas là ce soir, et ne risquent de rentrer que demain dans la journée.
« C'est quand même à deux heures de route. »
Elle commence à me bouder, désarmé, je sors alors mes clés de voitures, et nous voilà en route pour Brighton. Elle est capable de m'embarquer dans n'importe quelle connerie, ce n'est pas possible. Je démarre enfin le véhicule et nous prenons la direction de la côte. Le trajet est très agité, comme toujours, la jeune fille insiste pour choisir un cd. Elle cherche dans ma collection et tombe alors sur une vieille copie de Queen II. Je lève les yeux alors qu'elle monte le volume à fond. Je me plonge alors dans mes pensées, me demandant bien ce que je vais faire de ma vie.

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