Wimp

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- C'est dégueulasse. Personne vous a permis de faire ça en public.

Lauren se retourna et laissa échapper un grognement en découvrant l'air suffisant de Devon, qui l'observait, les bras croisés sur son torse.

- Quoi ?

- Je t'ai dit que t'es dégueulasse. Dégage, espèce de gouine, et emmène ta débile avec toi !


Évidemment, Lauren avait explosé. Evidemment, elle s'était jetée sur Devon et l'avait frappé, et cette fois le rire de Camila ne l'avait pas arrêté. C'était des médecins qui les avaient séparés après de longues minutes de lutte et les avaient traînés jusqu'à l'infirmerie à cause de leur piteux état. Et évidemment, Lauren avait terminé en isolement.

Heureusement, le motif de sa mise à l'écart n'était pas "tentative de meurtre sur un vulgaire abruti" mais "bagarre au sein du WPH". Le Dr. Prague n'avait donc pas pu mettre sa menace de transfert dans un autre établissement à exécution. Il l'avait cependant de nouveau affublé du titre de "personnage dangereux" au sein du WPH.

* * * * *

- Je ne comprends pas cette idée de les laisser sortir pour les "fêtes de fin d'année". Les malades sont pas moins malades quand c'est Noël.

- Parle moins fort. Tu veux leur faire péter un plomb alors qu'on est que deux ?

Lauren les yeux au ciel quand les deux gardiens qui étaient venus les libérer, elle et tous les autres, des cellules d'isolement se tournèrent vers eux avec un air inquiet, les mains crispées sur les matraques télescopiques qui leur servaient d'armes de service.

Après quasiment un mois (27 jours, exactement, si Lauren se faisait confiance), au matin du 22 décembre, l'un des médecins était arrivé dans l'aile de l'hôpital réservée à l'Isolement et avait fourni une liste de noms de patients autorisés à sortir exceptionnellement jusqu'à la fin du mois. Il s'agissait apparemment d'une tradition mise en place par le premier personnel à avoir travaillé au sein du WPH : "pas de mise à l'écart pour Noël".

Voilà pourquoi Lauren se retrouvait à marcher avec une dizaine d'inconnus (certains similaires à elle, certains moins agressifs, certains bien, bien plus dangereux) entourés de gardiens nerveux, en direction des salles communes de l'hôpital.

Pendant les centaines d'heures d'isolement qu'avait subie Lauren, elle n'avait jamais vraiment connu de repos. Du début à la fin, son esprit s'était trouvé en ébullition, plein de questions sans réponses, d'émotions sans dessus dessous.

Elle avait pensé à Zayn. À sa peur de le voir. À sa peur de le rater. À sa peur de se rendre compte que le Nomade n'était en fait pas lui. Ou encore à sa peur d'apprendre que Zayn n'avait pas voulu la revoir après ces longues années. Après tout, il s'était fait des amis, pourquoi perdre son temps avec une fille enfermée dans un hôpital de fous ? C'était d'ailleurs sûrement pour ça qu'il n'était jamais venu la voir en deux ans.

C'est surtout Camila qui l'avait tenue éveillée. Elle avait commencé par se languir de ses deux grands yeux bruns, son sourire idiot ainsi que son rire angélique (même si étrangement.. aléatoire). Et puis bien trop vite à son goût, étaient arrivées les questions qui avaient douloureusement entaillé et creusé dans son cerveau et son estomac sans relâche. Est ce qu'elle allait bien ? Est ce qu'elle avait pu revoir Dinah ou d'autres de ses amis ? Est ce que ses parents l'avaient fait sortir pour les fêtes de fin d'année ?

Et bien sûr, le baiser. Qu'est-ce que Camila avait pensé de tout ça ? Qu'est-ce qu'il se passerait quand elle sortirait d'isolement. Est ce qu'elle lui en voudrait ? Est ce qu'elle la reverrait, tout simplement ?

C'est cette question en particulier qui l'avait privée de sommeil plusieurs fois. Et c'est cette question en particulier qui occupait son esprit alors qu'elle marchait en suivant le mouvement général, le regard vide, les mains moites et le cœur battant la chamade.

- Je suis là pour m'occuper de celle-là. Et un autre gars ne va pas tarder pour récupérer le roux, juste là.

Lauren se redressa en entendant cette voix familière si près d'elle. Affamée et épuisée (aussi bien physiquement que mentalement) elle n'eut pas la force de ne serait-ce que froncer les sourcils en découvrant que Harty se tenait devant elle, son stupide brassard coloré attaché au bras.

- Je t'ai manqué Jauregui ? Je m'éloigne quelques jours et tu reproduis l'exacte connerie pour laquelle t'as été punie en premier lieu.

L'homme prit la jeune femme par l'épaule et l'attira sans douceur dans la direction opposée à celle que prenait le reste du groupe de patients, dans des couloirs que Lauren ne reconnut pas.

-Les tarés comme toi et tes autres copains là-bas, on devrait tous s'en débarrasser une bonne fois pour toute. Ça ferait plus de place sur terre pour ceux qui sont venus au monde sans défauts dans leur petite tête, t'es pas d'accord Jauregui ?

MAGIC FLEE (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant