8. Angela

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La fête bat son plein dans Le Cabaret aménagé pour l’événement. Tous les enfants des membres du clan sont réunis pour partager le goûter de Noël offert par l’association d’aide aux familles des membres, créée par Adriano et dont j’ai l’honneur d’avoir la responsabilité. Je suis touchée de remarquer que les enfants sont sur leur trente-et-un. Les petites filles ont revêtu leur plus jolie robe et les garçons portent tous fièrement des chemises. Leurs rires résonnent au rythme des blagues du clown engagé pour animer la fête qui leur est consacré. J’ai hâte d’arriver au moment de la remise des cadeaux par nos pères Noël très spéciaux.
Heureusement pour moi, j’avais confectionné les cupcakes père Noël avant toute cette histoire de faux kidnapping, sinon je n’aurais jamais pu être prête pour cet après-midi.

Flavia a supervisé l’installation et la décoration du sapin durant mon périple. Je n’ai pas encore eu le temps de lui expliquer que tout ça n’était qu’un canular, mais elle sait l’essentiel, Adriano va bien. L’odeur de l’alcool qui coule à flot d’ordinaire est remplacée par celle du chocolat chaud que ramène justement mon amie dans de nombreux pichets à l’aide d’une desserte à roulettes sur laquelle elle a également disposé des tasses. Je viens à sa rencontre pour lui donner un coup de main afin de servir tout le monde plus vite.

— Je peux t’aider pour quelque chose ? me questionne Sélenne.

— Oui, on ne sera pas trop de trois, réponds-je en lui tendant une carafe de la boisson chaude.

— Je suis admirative du lien qui vous unit les uns aux autres au sein même du clan, me glisse Sélenne entre deux tasses servies.

— En rejoignant les Alario, tu ne fais pas juste partie d’un clan, mais tu intègres une famille qui veille les uns sur les autres.

Elle me répond par un sourire lumineux tandis que les applaudissements des enfants retentissent, signe que le spectacle est terminé. Au même moment, nos hommes respectifs font leur entrée dans la salle, beaux comme des Dieux dans des costumes blancs sur une chemise rouge. Ils foncent droit sur nous.

— Waouh, vous avez eu le temps de prendre une douche et de vous changer alors que vous deviez marcher depuis la casse ? s’étonne Sélenne.

Son homme attrape sa main et l’attire contre lui.

— La prochaine fois que tu crèves les pneus d’un type, n’oublie pas de lui prendre son téléphone aussi.

C’est vrai que ce n’est pas très malin de notre part de ne pas y avoir pensé. En même temps, je suis certaine qu’ils ne nous les auraient jamais donnés. Adriano me lance un regard du tueur et je percute qu’il pense encore que j’ai ruiné cinq kilos de cocaïne. Je m’approche de lui de façon sensuelle et accroche mes doigts au col de sa veste.

— C’était de la farine, lui murmuré-je à l’oreille.

Il m’observe de profil et je vois un sourire naître aux coins de ses lèvres.

— Ne me refais plus jamais ça ! grogne-t-il à son tour à mon oreille.

— Toi non plus ! rétorqué-je en sentant la colère revenir au galop.

Ses lèvres se posent avec légèreté sur les miennes pour juger de mon humeur. Ça doit être l’esprit de Noël qui me pousse à accepter son baiser et à le lui rendre avec plus d’intensité.

— Vous n'espérez tout de même pas vous en sortir avec autant de facilité ? revient Sélenne à la charge.

— On est là comme vous l’avez demandé pour remettre les cadeaux aux enfants, lui signale son homme en haussant un sourcil.

— Et nous avons revêtu la tenue moderne du père Noël, fait remarquer Adriano à son tour en désignant leur costard aux couleurs du traditionnel costume du vieux monsieur barbu.

— Il vous manque un élément indispensable, déclaré-je tout sourire.

Je m’éloigne deux secondes le temps d’aller récupérer mon sac fourre-tout et d’en sortir deux bonnets de père Noël. Adriano rit déjà alors qu’Anton se rembrunit.

— Tu sais très bien que si c’est pour faire plaisir aux enfants, ça ne me dérange pas.

Je ne suis pas étonnée que mon homme n’ait aucun problème avec le port de ce couvre-chef. Il aime rigoler avec les gamins de l’association et le voir avec ce chapeau rouge et blanc avec un pompon au bout sera une source de fou-rire à coup sûr. Par contre, Sélenne va avoir plus de mal à convaincre son homme qui vient de l’emmener à l’écart de la foule.

— Ton nouvel ami n’a pas ton sens de l’humour ? taquiné-je mon mari.

— Ils font la paire avec sa femme, plaisante-t-il du tempérament de feu de Sélenne.

— Je n’ai pas bien compris votre idée de kidnapping et à quoi cela devait servir ?

— On voulait juste voir comment vous vous en sortiriez si jamais il nous arrivait quelque chose, dit-il en haussant les épaules de façon nonchalante.

— Je me suis fait un sang d’encre !

— On était un peu éméchés au moment où nous avons pris cette décision et le temps qu’on dessaoule et qu’on se rende compte des conséquences, il était trop tard. Vous nous aviez déjà contactés par message avec le téléphone trouvé dans mon bureau, alors autant aller jusqu’au bout.

— Je te jure que si tu me refais un coup comme ça, tu ne t’en sortiras pas avec un simple déguisement ! Va faire plaisir aux enfants maintenant !

— Je me ferai pardonner, promis.

Il m’embrasse de manière possessive avant d’endosser son rôle sous les acclamations des enfants.

Cette journée a été un enfer, mais elle se termine bien. À choisir, je préfère le canular que d’affronter des rivaux qui retiennent l’homme que j’aime. Quelques instants plus tard, Anton se met aux côtés d’Adriano, avec son bonnet sur la tête, et s’emploie à remettre des cadeaux à son tour. Plus loin, Sélenne me fait un signe de la victoire avec ses mains. Je lui rends son sourire et me sens comblée parce que la vie m’offre en voyant tout ce monde réuni et heureux.

Christmas Mafia.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant