9. Sélenne

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J’observe la neige tomber au-dehors en gros flocons, le feu dans la cheminée de notre suite crépite dans le silence tranquille de cette fin d’après-midi. L’image est idyllique comme dans les livres, des enfants jouent, des adultes chantent sur la place devenue blanche des chants de Noël en italien. Cette langue est si belle et mélodieuse. Les bras d’Anton viennent s’enrouler autour de ma taille et sa tête se poser sur mon épaule.

Je lui ai volé sa chemise rouge et je porte une paire de chaussettes achetées exprès pour leur couleur de Noël. Mon russe a eu à cœur de se faire pardonner quand nous sommes rentrés de la fête de Noël, les vêtements ont été arrachés, retirés avec fébrilité dans une précipitation toute sensuelle.
Je me suis réveillée du petit sommeil post orgasmique avant mon homme et j’en profite pour faire un point sur les derniers événements avant qu’il se lève.

— Tu es sexy en mère Noël, Sélenne, gronde-t-il dans mon cou.

Ses lèvres se promènent avec nonchalance et me donnent le frisson.

— Tu l’étais toi aussi, je lui réponds.

— En mère Noël ?

Son rire dans mes cheveux est communicatif. C’est tellement rare de le voir déposer le masque et d’être aussi détendu.

— Bien sûr que non, idiot de Russe !

Je me retourne dans ses bras et enroule les miens autour de son cou. Je lui permets l’accès à ma bouche et il en profite pour me faire tourner la tête et perdre le souffle par ses baisers intenses.

— Que faisais-tu toute seule devant la fenêtre ? me questionne-t-il après m’avoir libérée.

— Je réfléchissais.

— Aïe ! C’est dangereux, ça !

— Moque-toi ! C’est de ta faute. Je suis venue ici, en toute confiance, mais tu m’as joué un mauvais tour, Anton ! J’ai eu vraiment peur qu’il t’arrive quelque chose de grave.

Il a au moins l’air de regretter son geste et de paraître mal à l’aise. Se reculant, il passe la main dans ses cheveux et semble sur le point de dire quelque chose d’important.

— Cette année a été remplie d’émotions, de situations vraiment très difficiles et j’ai cru naïvement que ce voyage nous apporterait de la sérénité et de merveilleux souvenirs… les premiers d’une longue série.

Je lui avoue mes espoirs déçus, j’ai appris qu’il fallait communiquer et ne pas tout garder en moi si je veux que notre couple fonctionne.

— Oui, tu as raison, admet-il. J’ai fait une connerie alors que mes intentions de départ étaient sincères. Je voulais te faire découvrir un coin de paradis, une petite ville tout droit sortie d’une carte postale et te faire une surprise.

Je jette un œil sur le décor et lui souris. Pour la première partie de son plan, c’est réussi.

— Une surprise ?

Il m’embrasse et part vers sa veste délicatement jetée quelques heures plus tôt sur une lampe rétro à moitié tombée sous le poids. Il fouille la poche intérieure et en sort une boîte que je n’aperçois que partiellement. Il referme la main dessus et revient vers moi. Il est tendu, raide et son regard bleu est devenu incertain. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine puis prend un rythme fébrile. Non, ce n’est pas ce que je pense, c’est impossible et bien trop tôt !

— Notre relation est mal partie, reconnais-le. Il y a eu beaucoup de secrets et de non-dits. Plus mon propre entêtement et mon caractère, je le sais. Tu m’as choisi et le mode de vie qui est le mien. Je ne te propose pas le mariage, non. Pas maintenant, car même si je suis possessif et jaloux, je veux que tu puisses vivre librement encore un peu. Tu as eu si peu d’occasions de faire tes propres choix et de te sentir en sécurité et aimée.

Je ricane nerveusement quand je l’entends prononcer des évidences sur son caractère, mais le rire meurt pour être remplacé par les larmes. Il me fait passer avant ses envies et ses besoins. Personne avant lui ne l’a jamais fait. À part mon frère, mais Elias ne compte pas, car la famille c’est sacré et il est normal d’agir ainsi.

Anton tend la petite boîte rectangulaire noire et l’ouvre sur du velours rouge, la parure brillante de mille feux éblouit mes yeux brouillés par l’émotion. Le collier et les boucles d’oreilles en diamant représentent des colombes en plein vol. Le symbole de notre clan, mais aussi du choix que j’ai fait il y a deux mois.
Je me jette dans ses bras et embrasse sa mâchoire, ses lèvres et tout ce que je peux atteindre. Le soulagement d’Anton est visible, il vient de comprendre que je lui pardonne et que j’adore son cadeau.

— Merci, merci ! Ils sont magnifiques !

— Bien ! Tu vas donc me remercier comme il se doit, si tu les adores, annonce-t-il avec un sourire sensuel et en déboutonnant ma chemise.

— Nous avons le temps ? je demande, même si je sais que je ne lui refuserais pas un nouveau tour sous les couvertures. Et le rendez-vous avec les Alario ? Nous devons encore les rejoindre chez eux pour la veillée de Noël.

— Nous pouvons nous permettre d’être en retard, Adriano comprendra et sera même reconnaissant que je lui donne plus de temps avec sa femme.

— Ce n’est quand même pas poli, j’argumente en ouvrant son pantalon.

— On les invitera chez nous, pour la prochaine fête pour se faire pardonner.

— Laquelle ? Saint Valentin ?

Il relève la tête de ma poitrine qu’il parsemait de baisers, le regard interdit.

— Tu veux vraiment célébrer cette fête ? Mais c’est commercial, moy krasivyy ! (ma belle)

Je fronce les sourcils et le menace d'un doigt vengeur. 

— Anton… tais-toi ou je vais être encore obligée de tirer sur ta voiture et tu vas encore me devoir des excuses si tu continues.

Et pour une fois, mon mafieux russe obéit et reprend ses baisers. Une pensée me traverse avant de tout oublier sous les caresses d’Anton.

J’ai hâte d’accueillir ma nouvelle amie dans quelques mois chez moi.

                                Fin.

Christmas Mafia.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant