La semaine s'écoula avec une lenteur exaspérante au yeux de Bianca, qui ne voyait plus qu'une chose : bientôt le week-end.
Elle avait certes choisi des études qui lui plaisaient, mais il n'y avait rien à faire : la jeune femme préférait largement passer des heures à profiter de son petit confort plutôt que de se lever tôt et d'affronter la circulation aux heures de pointe.
Alors lorsque le dernier cours du vendredi se termina, elle ne put s'empêcher de soupirer d'aise,comme bon nombre de ses camarades. Enfin cette semaine de malheurs'achevait et Bianca espérait que les suivantes seraient plus calmes.La gameuse jeta son sac sur son épaule et se précipita sur le parking sans traîner dans les couloirs. Il n'était pas tard, à peine seize heures, mais elle ne voulait pas prendre le risque de faire une mauvaise rencontre.
À cette pensée, elle fronça les sourcils et hâta le pas. Elle avait reçu deux autres lettres au contenu toujours de plus en plus lourd et qui pesaient sur sa conscience. Mila lui avait à nouveau conseillé d'appeler son père, mais Bianca avait à nouveau refusé.Sur la route, la voiture fila à toute vitesse vers son domicile dans l'optique de s'enfermer chez elle et de ne plus bouger jusqu'au lundi suivant. Bianca songea aux longues parties de jeu qui l'attendaient, au chocolat chaud qui la réchaufferait et aux longues discussions avec ses camarades de jeu.
Mais lorsqu'elle arriva chez elle,elle eut un mauvais pressentiment. Après avoir gardé sa voiture dans l'allée, elle se dirigea vers l'entrée et vit, posé sur le perron, un petit colis.
Bianca connaissait bien son facteur, puisqu'elle était une fervente utilisatrice de la commande sur internet. Il n'aurait jamais laissé un colis à la vue de tous comme ça, d'autant plus qu'elle ne se souvenait pas avoir commandé quelque chose les dernières semaines.
La jeune femme hésita, immobile devant sa porte. Elle fixa le paquet pendant quelques minutes sans savoir quoi en faire.Finalement, la curiosité l'emporta et Bianca ramassa le petit colis et entra chez elle. Après avoir refermé la porte à clé, elle posa le paquet sur la table et chercha une paire de ciseaux pour pouvoir le déballer.
Elle regretta aussitôt son geste.Dans le paquet, une longue robe de soirée était pliée avec soin.Elle respirait le luxe et la coupe du vêtement le rendait particulièrement attrayant, voire sexy.
Un petit mot accompagnait le tout.Une simple phrase qui lui glaça le sang.« Tu serais superbe danscette robe, mon amour. »
Bianca se saisit aussitôt de son téléphone et composa le numéro de Mila, mais elle ne parvint pas à la joindre. La gameuse se souvint alors que son amie finissait très tard le vendredi.Dans cette grande maison vide,elle se sentit brusquement seule, observée, en danger. Elle avait peur.
Bianca monta à l'étage et s'enferma dans sa chambre avant de balancer son sac dans un coin de la pièce. Elle ferma les rideaux, alluma son ordinateur et mit directement son pyjama.Pendant quatre longues heures,elle attendit, recroquevillée sur sa chaise de gaming. Elle faisait quelques quêtes sur un jeu en ligne lorsque son téléphone sonna en affichant le nom de Mila. Une fois n'est pas coutume, Bianca laissa tomber son jeu pour répondre.
— Tu as essayé de m'appeler-
— Il a recommencé ! s'exclama Bianca, ses nerfs sur le point de lâcher. Il a recommencé,mais cette fois il m'a laissé un cadeau...
— Quoi ? murmura la sportive, soufflée par une telle nouvelle.
— Il- Il m'a laissé une robe,avec un mot, il m'appelle mon amour. Je ne sais pas quoi faire Mila, j'ai peur... reprit Bianca de plus belle, au bord de la crise d'hystérie.
— N'ouvre à personne,j'arrive, trancha la susnommée.
— OK je t'attends...Et Mila arriva moins de dix minutes plus tard. Elle avait un air terrible, ses yeux bleus lançaient des éclairs et la jeune femme semblait prête à bondir au moindre bruit suspect.
Bianca fut soulagée de la voir débarquer si vite, et lorsque son amie la prit dans ses bras, elle éclata en sanglot. Toute la pression qu'elle avait accumulée se relâchait d'un coup, maintenant qu'elle se sentait, enfin, en sécurité.— Bianca, tu devrais appeler ton père... chuchota Mila
— Il va s'inquiéter pour rien-
— Tu es sa fille. Il a le droit de savoir. Il reviendra et tu ne seras plus seule ici, tu seras plus difficile à atteindre, tu auras moins peur de rester.
— Je.. je vais y penser...abandonna Bianca, trop secouée pour argumenter davantage.
Les deux femmes restèrent enlacées un long moment, puis Mila emmena son amie dans sa chambre et resta auprès d'elle toute la soirée. Mais cette fois, le fantôme de l'auteur inconnu occupait toutes leurs pensées et aucune ne put s'en défaire.
Mila décida de rester dormir, et elle s'installa à côté de son amie. Elles discutèrent doucement de sujets sans importance jusqu'à trois heures du matin. La fatigue commença à se faire sentir, et peu à peu, elles finirent par se taire.— Bianca ?
— Mmh ?
— Tu devrais peut-être aller voir la police..
— Je n'oserais pas y aller...
— Alors, je viendrai avec toi.
— Tu ferais ça ?
— Bien sûr. Je ne te laisserai pas tomber.
— ... Merci.. Mila..Bianca finit par s'endormir dans les bras de son amie, sans aucune ambiguïté. Mila veilla sur elle toute la nuit, trop inquiète pour fermer l'œil. Elle réfléchit alors jusqu'au lever du soleil pour trouver une solution à cette situation.
La sportive sursauta lorsque Bianca commença à se réveiller. Les deux femmes échangèrent un regard fatigué.— Tu n'as pas dormi, hein...
— Je veillais sur toi, sourit gentiment Mila.
— Idiote... murmura Bianca qui baissa les yeux.Mila la regarda se lever et se diriger vers la salle de bain, sans un regard. Elle fronça les sourcils, troublée par ce comportement si inhabituel de la femme discrète mais pétillante qu'elle avait l'habitude de côtoyer au quotidien.
Les événements actuels devaient vraiment la chambouler.
Elle était loin de s'imaginer le trouble qui avait pris possession du coeur de Bianca. La gameuse avait cauchemardé sur l'inconnu, et s'était réveillée dans les bras de la personne qu'elle aimait en secret. Elle était complètement déstabilisée.Ce fut aux alentours de dix heures du matin que les deux femmes prirent la direction du commissariat de police, comme prévu. Avant de partir, Mila avait rassemblé les lettres et le paquet reçu par son amie pour appuyer ses propos.
Bianca n'en menait pas large et paniquait doucement à l'idée de parler à un inconnu et elle souffla quelques fois pour se calmer avant de sortir de la voiture,une fois arrivées à bon port.Mais les deux étudiantes déchantèrent très vite. La policière qui les reçu fut froide et blessante. Elle se moqua de la crainte de Bianca et asséna froidement qu'il ne s'agissait pas de harcèlement mais d'un admirateur secret et qu'elle n'avait pas le temps de s'occuper des déboires d'une gamine mal dans sa peau.
Mila s'énerva contre la représentante et le ton monta très vite, mais Bianca arrêta son amie avant qu'elle ne s'attire vraiment des problèmes. Elle s'excusa et l'emmena hors de l'établissement.— J'y crois pas, mais quel culot elle a cette vieille peau ! pesta Mila, à l'abri des oreilles indiscrètes. Elle n'a pas le droit de refuser ta plainte.
— Mais elle a raison, défendit Bianca. Je m'inquiète pour rien si ça se trouve...La sportive dévisagea longuement son amie, peu convaincue, mais elle n'argumenta pas. Bianca se renfermait peu à peu dans un silence douloureux et Mila savait qu'il faudrait au moins une bonne semaine pour qu'elle sorte de ses pensées maussades.
Elle soupira et demanda à Bianca de la ramener chez elle.
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Correspondance Mortifère
Teen FictionUne lettre n'est pas toujours aussi innocente qu'elle ne semble l'être. Ça, Bianca l'a bien compris. Trop tard, peut-être. Elle se sait épiée, suivie, stalkée. Terrifiée, elle se referme sur elle-même et ne sait plus à qui se fier. Cette fille au re...