Les regrets

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La première fois que Raphaël suivit son frère au Jardin, il rencontra son âme soeur. C'était impossible à oublier, et ce qui suivit était encore plus inoubliable. Aucune chute n'aurait pu arracher ces souvenirs à celui qui était devenu Crowley.

Ni les plus beau, ni les pires. Il ne voulait jamais oublier. Aucune miette.

Il avait réussis à sortir de ce mauvais pas. Reformuler sa phrase, "Je sais, mon ange, que cela ne brise pas l'amour que tu as maintenant pour moi... Mais je n'en sais rien, tu vois..."

Avec comme l'impression que ni Aziraphale, ni Gabriel, ne croyait à ce qu'il avait dit.

Pour la première fois depuis la non-pocalypse, il contacta les basses instances des enfers.

Sa voix était la plus belle de toute, iel s'en souvenait avec hargne. L'amour que lui portait Gabriel n'avait aucun égal, à part peut-être celui de Raphaël pour son frère Aziraphale, et iel y repensait avec amertume.

Dormir ne lui procurait aucun plaisir. Au mieux, iel sombrait dans un sommeil plus lourd que la pierre des tombeaux, dont on se réveille avec des maux de tête terrible. Ses pires nuit étaient remplies du souvenir de... ses pleurs. Le seigneur Belzébuth accueilli le coup de téléphone presqu'avec soulagement, bien que ça l'ai réveillé d'un sommeil agité.

"QUOI?" aboya-t-iel.

"C'est Crowley. Avant de me hurler dessus, sache que j'ai une information qui pourrait t'intéresser.
-...Vas-y toujours.
-Maintenant que les anges ont découvert le sommeil, ils se sont mis à rêver... de souvenirs qui leur avait été effacés."

Belzébuth était sur le point de foncer dans le circuit de téléphone pour étriper le traître de ses propres mains. Mais iel réfléchit quelques instants aux implications de ce qu'il lui racontait.

"Quels souvenirs?
-Ceux d'avant la chute."
Le juron que sortit le Prince de enfers était trop atroce pour être recopié ici.
"Ton ange?
-C'est un peu le tiens aussi, non? Oui. Et mon frère, aussi."
Un autre juron, pire encore que le précédent.

"Je ne veux pas que cela s'ébruite. Mais j'avais besoin de parler à quelqu'un qui... comprenait."

Les visites au jardin des deux Archanges étaient devenues très régulières, et une amitié était née entre les futurs déchus. Ils s'étaient éloignés après la chute, mais ce passé commun était une trace indélébile dans leur esprit.

"Au fait... il ne fait pas nuit à Londres?
-Si... il est..." Crowley regarda l'horloge de la cuisine. "Trois heures du matin. Mon ange viens de se réveiller, et je l'ai aidé à se rendormir.
-Tu sais que vos histoires de petit couple modèle me donne la nausée?
-Il s'est réveillé d'un cauchemar..."

Belzebuth fronça les sourcils. Cela faisait des siècles qu'iel n'avait pas entendu la voix de Crowley se serrer comme ça.
"De quoi a-t-il rêvé?
-Il ne se souviens plus. Mais dans son sommeil, il a appelé son nom.
-Son nom à qui?"

Un long silence, un sanglot étouffé.

"Durzhunel."

Le Prince des enfers ferma les yeux. Voila l'un des noms que l'on ne prononçait pas ici-bas. Parmis tant d'autres.

"Je suis désolé, Raphaël. C'est... dur.
-Très." Iel avait compris qu'il n'appelait pas pour obtenir de l'aide, juste pour... parler.
"J'ai envie d'aller exploser des Supernovas.
-Tu en as déjà assez créé." Iel éclata d'un rire sans joie. "Le patron adorait ça.
-Tu sais, j'ai toujours pensé que Satan avait profité de notre peine pour nous attirer à lui.
-Oh, bien entendus. Je l'ai compris aussitôt. Mais j'avais besoin de vengeance, et lui seul pouvait me l'offrir."

Crowley tapota des doigts sur le plan de travail. "Moi, je regrette. Je n'avais pas besoin de vengeance, juste... de réponses.
-Comme nous tous. Tu peux rappeler quand tu veux, cela restera entre nous.
-Merci, Bleuzen.
-Ne m'appelle pas comme ça!"

Iel raccrocha vivement. Il y a des noms que l'on n'aimait pas entendre.

😇🐍
Les noms bretons sont une inspirations constante et un réservoir intéressant pour nommer les célestes... même quand il s'agit de noms d'oiseaux!
Je vous encourage à aller écouter la chanson traditionnelle An Durzhunel (la Tourterelle), plus particulièrement la version qu'Alan Stivell a enregistré à l'Olympia.

Souviens-toi de l'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant