Les enfants

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"Je pense que l'on peu conclure sans crainte que vous avez oublié qui étaient les parents de ces... euh... morceaux d'Esprit-Saint, comme vous avez oublié le reste de votre vie avant la Chute."

Les deux anges, installés confortablement dans leurs fauteuils moelleux, hochèrent la tête.

"Certains ont du être bannis, je suppose. Je me souviens de l'ange aux cheveux multicolore... Je l'ai jeté d'en haut, j'en ai rêvé. Je ressentait un tel dégoût..."

Aziraphale le regarda tristement.

"Un dégoût de moi-même, de faire ça.
-Je ne me souviens pas de cet ange. Et pourquoi aurait-Elle fait chuter les parents si c'était pour glorifier leurs petits? Je ne comprends pas.
-Il y a tant de chose que l'on ne peu comprendre. C'est...
-Ineffable, je sais."

"Métatron l'a réclamé. Alors Gabriel l'a apporté, évidemment."

Il y avait quelque chose d'éteint dans la voix de sa sœur. Iel semblait avoir perdu toute joie de vivre.

"Je... vais bientôt devoir faire la même chose, je suppose."

Le ventre de l'Archange des étoiles s'arrondissait de jour en jour, et l'humeur d'Aziraphale s'assombrissait d'autant. Si on leur demandait le petit lorsqu'il serait né? Si ----------- réagissait mal? Il serait triste, probablement, comme sa sœur. Cela, il ne pouvait le supporter. A moins que les Archanges n'aient plus conscience du Plan que les Principautés...

"Je La déteste. Je La déteste, il faut que tu le saches, Aziraphale. Je La déteste. Samaël m'a dit l'autre jour que nous n'étions que des pions, et qu'elle veut privilégier les Humains à notre détriment...
-Chut, --------. Ne blasphème pas, je t'en supplie.
-Tu seras pareil, de toute manière!" hurla-t-iel. "Tu baisseras la tête, et tout comme Gabriel, tu iras lui donner ton enfant!"

Aziraphale ouvrit une fois de plus les yeux dans son lit désespérément vide. "Mon... enfant?"

Nanny Ashtoreth avait mis Warlock au lit après lui avoir offert le câlin qu'il méritait... Sans aucune retenue. Pourquoi s'empêcher d'être près d'un enfant qu'il aimait? Maintenant, l'ado dormait à poing fermé. Il avait toujours souffert d'insomnie, et personne en dehors de sa Nanny ne semblait s'en inquiéter.

Maintenant, il feuilletait un livre qu'il avait trouvé dans la bibliothèque du garçon. Il reconnaissait là une vieille édition offerte par Frère Francis d'une bible adaptée aux tout-petits. Plusieurs belles gravures l'ornaient.

Son regard s'arrêta sur l'une d'elle. On voyait un ange aux long cheveux roux tenir un enfant par la main.

Oh, triste ironie. L'Archange Raphaël était souvent représenté avec des enfants, comme s'il en était leur protecteur. C'était ainsi qu'on le voyait. Mais les artistes avaient omis un détail: les ailes de Raphaël étaient noire comme la cendre, et non blanche comme la lumière.

Il regarda Warlock dormir et songea à tout les petits humains qu'il avait élevé depuis près de 6000 ans. Les orphelins du déluge, le jeune Tobie, des esclaves affranchis, des bébés abandonnés, des rebuts que les adultes ne voulaient plus, ceux qui ne vivaient pas longtemps... Azraël arrivait toujours un jour ou l'autre, muni de sa faux et de son implacable patience. Un jour, il viendrait pour ce jeune homme en train de dormir, mais Crowley espérait que ce serait le plus tard possible.

C'était son lot. Il avait posé trop de question, quand on lui avait pris Durzhunel. "Est-ce qu'elle va bien? Quel est Votre plan avec ma petite? Est-ce que je peux la voir? Est-ce qu'elle a les yeux bleu? Ou est-elle?"

Les questions sans réponses ont rongé Raphaël, comme la haine a rongé Bleuzen, comme la peur de se voir arraché leurs enfants à leur tour a rongé Abbael et Eliguels, deux des anges de l'Arc-en-Ciel. D'autres anges avaient d'autres griefs, et Samaël en a profité pour les rallier à sa cause.

Bleuzen regardait Samaël chuter. Iel savait qu'iel chuterait ensuite, car Sandalphon tenait son cou juste au dessus de l'abîme, n'attendant qu'un ordre pour lâcher prise. Iel espéra que l'ordre serait rapide.

Ce serait un exemple, évidemment. Des dizaines d'ange avaient enfantés, mais seuls quelques-uns s'étaient rebellés. Ils étaient même minoritaires parmi les rebelles. Mais Bleuzen criait plus fort, se fâchait plus fort, et disait ce qu'iel pensait plus fort. En regardant la foule, iel croisa le regard humide de son frère. "Imbécile", pensait-iel, "j'avais raison de croire que tu ne serais pas plus courageux que Gabriel."

Oh, non, iel ne voulait plus penser à Gabriel, plus jamais.

Iel avait presque réussi jusqu'à maintenant. Des rêves comme celui-là, iel en faisait quotidiennement depuis la non-pocalypse et la base aérienne.

Belzébuth n'arrivait pas à croire, au début, que l'Archange la niait aussi effrontément. Mais Crowley avait fini par lui expliquer que leurs souvenirs avaient été effacés, et iel... non, iel ne pardonna pas, mais iel compris.

En se réveillant cet après-midi-là, iel convoqua Dagon. Aussitôt, le Seigneur des Fichiers apparu près de son bureau, une tasse de café à la main. Iel saisi le breuvage à moitié bu, et elle n'osa pas protester lorsqu'iel le vida d'un coup sec.

"Bon. Il est temps d'aller foutre le b**** un peu là-haut. Je crois que j'ai des trucs à discuter avec Michaël."

🐝🕊

Ça va commencer à chauffer! bon weekend à tous!

Souviens-toi de l'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant