Chapitre 11

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Un texte. C'était un texte, assez long pour remplir une page recto d'un cahier de cours. Ecrit à l'encre noire, les lettres étaient fines, presque comme calligraphiées. Il ne l'avait pas encore lu qu'il lui plaisait déjà. 

Nasser aimait lire. Tout les jours, il forçait à lire quelque chose. Une page choisie au hasard dans un livre de sa bibliothèque ; un journal ; un menu au restaurant ; un graffiti dans la rue, laissé par des artistes d'un genre différent du sien. Il appréciait ses tas de petites choses qui lui passaient sous la main. C'était ces petites choses, que seulement lui pouvait voir, qui l'inspirait. 

Des mots comme des choses. Un jeune homme qui jette un déchet à la poubelle ; les poissonnières qui hurlaient dès les premiers rayons de soleil ; le bruit des roues et des moteurs de voiture, en marche déjà si tôt ; une odeur, une sensation, un ressenti, une pensée. 

Ne parlant pas beaucoup, peu de monde acceptait de s'offrir à lui. Comme lui refusait d'aller vers les autres. Il vivait seul, indépendant de tout forme de sociabilité, tranquille comme il l'avait toujours souhaité. Ses pensées, sa manière de voir le monde, ses jugements. 

Il pensait que cela allait le rester. Mais il fallu que son chemin croise celui de ce garçon à l'abri-bus. Et ses yeux s'attardèrent sur les mots devant lui. 

MiloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant