20 Réparties d'un couple en galère (Recueil Fini)

Peur Bleue

Déboulant avec l'énergie du désespoir dans les locaux du Shield, Natasha sentit ses entrailles se contracter à la vue du sang et de l'agitation qui y régnait.

Des cris de douleur s'élevaient de toute part. Des bruits mécaniques retentissaient. Le chaos avait rempli les pièces blanches et aseptisées du centre médical.

C'était une vision d'horreur habituelle qui pour la première fois de sa carrière, la mettait dans tous ses états.

Le cœur battant à tout rompre, elle ouvrit la bouche de stupeur et chercha frénétiquement du regard l'homme pour qui elle venait de griller une dizaine de feu rouge en moins de cinq minutes. Elle le trouva plutôt rapidement, son costume de Captain America étant à l'opposé des tenues noires des espions du Shield.

"Steve Rogers," l'appela-t-elle d'un ton menaçant.

Assis sur un lit médical, elle le vit tourner la tête dans sa direction et son inquiétude grimpa brutalement en flèche quand elle aperçut le sang parcourant son visage. Ses pupilles largement dilatés envoyèrent des éclairs de fureur tandis que sa rage l'enveloppait toute entière.

Les poings serrés de contrariété, elle entreprit alors le périple de le rejoindre. Il l'accueillit les bras ouverts dans l'idée d'un câlin mais elle l'esquiva et se renfrogna.

"Ne me fais plus jamais peur comme ça," déclara-t-elle durement en plantant ses yeux noirs coléreux dans les siens.

Elle avait une furieuse envie de le frapper. De l'assassiner. Puis de faire disparaître son corps sous une montagne de terre. La seule chose qui l'en empêchait, était son ventre arrondi et les paroles de son médecin lui ordonnant de lever le pied.

"Nat'..."

Mais seulement voilà, entendre sa voix la fit défaillir et elle explosa. Tant pis pour le repos.

"Je me suis fait un sang d'encre," lui administra-t-elle un coup de poing dans l'épaule droite. "Bordel Steve, tu imagines mon ressenti quand Fury m'a appelé pour me dire que le père de mon enfant était tombé dans un piège avec toute son équipe ?"

Il souffla à cette pensée atroce. Il l'imaginait très bien.

"Ce n'est pas réellement quelque chose que je peux prévoir ma chérie," grimaça-t-il tendrement. "Tu le sais tout autant que moi, les missions peuvent parfois être imprévisibles."

"Et alors ? Tu aurais pu refuser," s'injura-t-elle. "Notre enfant va naître dans moins de deux mois. Tu as intérêt d'être toujours en vie à ce moment là si tu ne veux pas que je vienne te hanter et te découper dans ton sommeil éternel, tu m'entends ?"

Au vu de son ton, Steve comprit qu'elle ne rigolait pas. Elle était tout à fait sérieuse. Depuis le milieu de sa grossesse, les hormones de Natasha lui faisaient vivre un véritable enfer. Elle prenait les choses trop à cœur et au pied de la lettre. Elle était irritable et impulsive. Il en faisait encore une fois les frais.

"Parfaitement clair à mes oreilles," répondit-il en se levant. "Si ça peut te rassurer, tu choisiras toi-même mes missions à partir d'aujourd'hui. Ça te convient ?"

Le regard toujours extrêmement dur, elle mit plusieurs secondes à analyser ses paroles avant d'abdiquer, visiblement satisfaite.

"Tu ne feras que de la paperasse," affirma-t-elle, catégorique.

Il soupira intérieurement. Étrangement, il s'en serait douté. Natasha lui en avait déjà parlé il y a un mois. A cette époque, il avait refusé. C'était certain qu'elle n'allait pas renoncer à cette idée de le garder près d'elle s'il lui en laissait l'occasion.

"Et ce sera comme tu voudras," ne la contraria-t-il pas. "J'irai prévenir Fury demain. Tu pourras même m'accompagner pour t'en assurer."

Un léger rictus dessina ses lèvres.

"Tu m'as vraiment fait peur," confia-t-elle de manière boudeuse. "Je n'aime pas te savoir jouer avec ta vie alors que je suis en train d'en créer une."

Cette justification amusa Steve et ses mains vinrent se poser sur le ventre de la jeune femme.

Il la comprenait aisément.

"Je n'irai plus sur le terrain jusqu'à ce que tu m'en donnes l'autorisation," lui promit-il doucement. "Aujourd'hui j'ai eu de la chance. Plus de chance que mes hommes. Je ne supporterais pas de te savoir inquiète une nouvelle fois pour moi."

Le soulagement envahit les traits de l'espionne et ses mains se positionnèrent sur celles de son conjoint.

"Merci Steve," articula-t-elle, touchée par son geste.