Paradis noir.

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    DOMITILLE EST de sortie, ce soir là. Elle et une vieille copine qu'elle côtoie surtout en soirée sont parties en boîte. Il y'a beaucoup de gens, beaucoup de monde, mais Domitille a appris à s'y faire. 

    Hortense ne comprend pas. Hortense n'aime pas la foule ; elle a toujours peur qu'il lui arrive quelque chose. Souvent, Domitille a essayé de l'entraîner avec elle, mais la blonde la force toujours à rentrer, les pieds traînants et la moue grognon.

    Le monde lui tourne un peu trop, sa vessie se manifeste, elle a chaud. Elle prévient son amie qu'elle va aux toilettes. Elle ne la suit pas. Domitille a trop bu pour penser au fait que ça va être un enfer monstre pour la retrouver.

    Elle s'appuie contre le mur. 

    "Il est dégueulasse, la prévient une voix." 

    La voix paraît suave. Ou alors c'est juste la fille qui est séduisante. 

    Le visage ovale, pâle dont la lumière faiblarde des toilettes fait ressortir les paillettes à ses paupières et les tâches parsemées sur ses pommettes. Les lèvres écarlates, le regard vert allongé par un trait de liner, le regard presque félin ; une rose encrée qui s'enroule à sa clavicule, flirte avec son décolleté, poursuit son périple sous le tissu noir. 

    Les ongles immenses, comme son regard : elle donne une impression d'être une reine du monde. Elle a du charme, de l'aura, un truc que Johanna dégageait. Une étincelle. 

    Un truc qu'Hortense n'a jamais eu. 

    "Désolée." 

    Domitille est confuse. 

    La fille sourit. Un sourire en coin. Un sourire qui fait tout chavirer sur son passage. Elle prend le poignet de Domitille. Ses ongles longs frôlent la peau de la jeune fille. 

    Elle sourit encore plus. Consciente de l'effet qu'elle lui fait ; électricité dans l'estomac. 

    "J'aime bien tes ongles, observe la fille." 

    Domitille sourit, flattée du compliment. 

     Et puis elle réalise subitement qu'elle a deux ongles raccourcis. 

    "Je les ronge !" 

    La fille sourit de plus belle. Elle a très bien compris.