Paradis noir.

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    LA BRUNE se penche à son oreille. Le coeur de Domitille bat à s'en exploser. 

    "Je vais fumer, tu m'accompagnes ?" 

     Et même cette foutue clope, même cette foutue odeur de tabac froid lui a manqué. Pourtant elle détestait quand Johanna en avait le parfum sur la langue. Mais elle regarde la brune s'allumer sa clope, et son coeur bat sans qu'elle comprenne trop pourquoi. 

     Elle respire presque la clope à pleins poumons. Les souvenirs lui remontent. Elle se revoit, avec Johanna. A parler de tout et de rien jusqu'au lever de la nuit, et l'odeur sucrée qui se mêlait à l'âcre. 

     Johanna en pleine phase maniaque qui lui expliquait ses rêves de grandeur et qui pointait la lune en la regardant dans les yeux, lui disant "un jour j'irai sur la lune pour toi et j'en prendrais un morceau pour t'en faire un collier" ; et elle pointait l'astre pâle avec sa clope incandescente entre les doigts. 

     Ce n'est pas Johanna qui lui manque ; c'est le sentiment d'être avec elle.