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   DOMITILLE RECUPERE son manteau au vestiaire en urgence. Elle rentre à pieds, la capuche sur la tête, le pas pressé, même si rentre seule à Nantes à cette heure-ci est loin d'être la meilleure idée du monde. 

     Elle a le ventre tordu par la culpabilité. 

    Comme elle l'avait prévu, Hortense n'est pas couchée. Il est trois heures du matin.

    Hortense a les yeux rougis ; Domitille ne sait pas si c'est de larmes ou de fatigue. Ses cheveux blonds sont en bataille, sa frange est de travers. 

     "Pourquoi tu réponds pas à mes appels ?" 

     C'est la première chose qu'elle dit, d'une voix tranchante comme une lame. Le coeur de Domitille se serre. 

    "Je sortais, ce soir. 

     - Ouais, t'aurais pu me prévenir." 

     Domitille sait qu'elle ne doit rien à Hortense. Domitille sait que c'est comme ça que la blonde se comporte. Mais la culpabilité la ronge comme un poison dans le coeur. 

     "J'étais avec Lucile. 

    - Oui, elle m'a dit. Et elle m'a aussi dit qu'elle t'avait paumée." 

     Domitille ne doit rien à Hortense. Domitille ne doit rien à Hortense. 

     "Et alors ?  Ca arrive, de perdre les gens.  

     - Continue à me parler comme ça et c'est moi que tu vas perdre."

     La remarque est piquante comme du sel sur une chair à vif. Hortense attend que Domitille lui tombe aux genoux et la supplie de ne la garder dans son coeur. 

     "Toi, tu m'as déjà perdue." 

     

Paradis noir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant